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C’est comme une tradition qui s’installe dans un paddock Superbike qui est aussi placé sous le régime du manufacturier unique. Celui-là est Pirelli. Qui, en Australie, connaît les pures difficultés à faire survivre ses gommes sur l’exigeant tracé de Phillip Island. Avant que la saison ne soit lancée ce week-end, des tests, tant en WSBK qu’en WSS, ont préalablement eu lieu, tests qui n’ont pas rassuré. Ils ont même à ce point inquiété que des mesures drastiques viennent d’être prises afin d’assurer la sécurité des pilotes…

Lorsque le Superbike part à l’assaut du circuit de Phillip Island, les dégâts collatéraux sont les pneus. Enfin, lorsque tout se passe le moins mal possible. Car les gommes partant en lambeaux sont aussi source d’accidents, potentiellement de blessures, et, toujours, de courses raccourcies. Le directeur de la course chez Pirelli, Giorgio Barbier, est alors obligé de monter au créneau. Pour cette édition 2019 qui lancera les hostilités de l’année dans la spécialité, il a été une fois encore contraint de donner des instructions claires et strictes.

Après des essais lundi et mardi, Yamaha, Ducati et Kawasaki se sont plaints du fait que les pneus se dégradaient dangereusement. BMW et Honda n’ont cependant signale aucun problème. Phillip Island est une zone difficile, certes. Le mélange de la configuration particulière de la piste avec ses virages rapides, son l’asphalte et ses températures, exige le maximum des pneus.

Bridgestone a vécu cette expérience en MotoGP en 2013. Comme les pneus ne duraient pas sur une distance de course, un arrêt obligatoire aux stands avec changement de pneu avait été imposé pour la course. Après la surprise de la première année, il n’y a eu ensuite aucun problème en 2014 et en 2015.

De son côté, Dunlop n’a jamais eu aucun problème dans son monopole des Championnats du Monde Moto3 et Moto2, et le fournisseur actuel de pneus MotoGP, Michelin, passe le cap. Ceci, bien qu’une machine MotoGP dispose d’une puissance moteur nettement supérieure à celle d’une Superbike.

Mais il y a une grande différence entre les trois catégories de MotoGP et les championnats du monde Superbike et Supersport : le MotoGP jouit de pneus prototypes, alors que les pneus Pirelli sont basés sur des modèles de série. Les Italiens ne peuvent pas construire des pneus adaptés aux besoins spécifiques de Phillip Island.

Par ailleurs, Pirelli n’est pas coupable de tout. De nombreuses équipes n’ont pas maintenu la pression minimale requise par le passé. Et, contrairement à la Formule 1 ou le MotoGP, certains pilotes et équipes ne se soucient pas de la durée de vie de leurs gommes et vont à la limite avec la moto, comme si le facteur limitant n’était pas le pneu.

« Si la pression dans le pneu n’est pas correcte, cela ne fonctionnera pas de manière optimale« , a déclaré le directeur de la course chez Pirelli, Giorgio Barbier, dans un entretien exclusif avec Speedweek. « Surtout sur un circuit aussi critique que Phillip Island. »

La course Supersport en Australie a été réduite à 16 tours en 2018 après plusieurs crevaisons pendant l’entraînement et un arrêt obligatoire aux stands avec changement de pneu a été commandé. Un scénario qui se reproduira cette année. Gregorio Lavilla, directeur exécutif WorldSBK de Sporting & Organization, explique cette décision : « en raison des conditions de piste particulières observées à Phillip Island depuis lundi et des préoccupations liées à la durée de vie des pneus en conditions de course, nous avons pris des décisions afin de garantir pleinement la sécurité des pilotes. Les pilotes WorldSSP devront faire un arrêt au stand, ce qui est en conformité avec les règles du WorldSSP. C’est regrettable, mais nous pensons que c’est le meilleur plan d’action qui garantira une course excitante ce week-end ». Les pilotes seront libres de choisir le moment où ils feront leur arrêt au stand, à condition qu’aucun pneu ne soit utilisé pendant plus de 10 tours. La distance de course a également été réduite à 16 tours.

« Nous avons passé la dernière saison à comprendre la consommation de pneus« , a déclaré Barbier. « Nous avons mis en œuvre nos idées et apporté les pneus appropriés pour les tests lundi et mardi. Nous avons besoin d’un pneu qui fonctionne à Phillip Island, mais aussi partout ailleurs. Nous devons garder à l’esprit que l’on ne peut pas construire un prototype de pneu pour Phillip Island. De plus, les motos du Championnat du Monde Superbike sont dérivées de la série et ont des limites appropriées. Sur une telle moto, vous ne pouvez pas simplement enfiler un pneu dur, car il deviendra alors impraticable. »

« Les problèmes à Phillip Island sont toujours les mêmes« , termine le directeur de la course Pirelli. « Le pneu arrière surchauffe durant la course et il cloque. Les équipes et les pilotes peuvent gérer ce problème. Chaque équipe peut régler sa moto de manière que le pneu tienne ou non. La même chose s’applique aux pilotes, ils peuvent organiser leur course. Nous en avons parlé aux équipes et elles nous ont assuré qu’elles pourraient le faire. Chaque pneu peut être ruiné en trois tours. Ou alors vous travaillez pour tenir la distance de la course. »

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