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Au fil des ans, ils ont fait leur apparition dans le monde actuel du MotoGP. « Ils », ce sont les Helpers, ou « assistant personnel » en français.

Le plus célèbre est sans doute Uccio, l’ami d’enfance de Valentino Rossi, mais aujourd’hui, il n’y a plus guère de pilotes MotoGP qui ne soient pas accompagnés en permanence par ces bras droits.

C’est également le cas pour Fabio Quartararo et, afin d’en savoir plus sur cette fonction apparemment indispensable, nous avons posé quelques questions à Tom Maubant, celui qui accompagne dorénavant le pilote français lors de tous ses déplacements.


Tom, le grand public aperçoit le Helper seulement quand il apporte ses gants et son casque au pilote. C’est forcément très réducteur, alors peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton métier, et donc pourquoi le pilote a besoin de toi ?

Tom : « évidemment, on n’est pas seulement là pour amener le casque et les gants, comme on peut le voir à la télé. Ça, c’est seulement une minute dans notre journée. Notre travail, c’est surtout pendant les entraînements et tout ce qu’il y a à gérer durant un week-end de course. Par exemple, après chaque séance on apporte les casques, les visières, les cuirs, les airbags pour les services concernés, et d’une façon plus générale, on est là pour que le pilote se concentre uniquement sur la moto. On est là pour qu’il ne se disperse pas avec tous les à-côtés. Je suis en relation constante avec l’attaché de presse du team pour gérer l’emploi du temps de Fabio. Lui ne sait même pas quels rendez-vous il a, ni quand, ni où : c’est moi qui l’en informe. Je suis une sorte d’intermédiaire entre Fabio et tous les autres, que ce soit le team ou tous les gens qui ont besoin de lui ».

Tu as une petite anecdote concernant son matériel ?

« Je le connais par cœur, donc je fais au mieux en fonction de ses goûts. Par exemple je sais que Fabio n’aime pas trop changer de gants. Il aime avoir des gants usés. Donc j’essaie d’alterner gants neufs et gants usés pour qu’il se sente bien et n’ait pas de cloques ».

Tu es tout le temps avec lui, donc ton rôle ne se limite pas au matériel. Le côté ami et confident est-il également important ?

« Oui, d’autant que pour moi, c’est venu naturellement. Ce n’était pas mon métier mais j’étais simplement un des meilleurs amis de Fabio. Le côté psychologique n’est pas toujours facile car il y a eu des périodes difficiles, en particulier en Moto3 au début où il s’est blessé. Beaucoup de gens l’ont alors dénigré et c’était difficile à vivre. Dans ces moments, on avait besoin de déconnecter en fin de journée et de ne plus parler de motos. Aujourd’hui, cela va beaucoup mieux, mais quand je vois qu’il s’énerve un peu trop pendant une séance, j’essaie de le calmer. Je le connais, donc je sais quand il est énervé ou qu’il y a quelque chose qui ne va pas. J’essaie alors de positiver. J’essaie aussi de répondre à toutes ses questions. Par exemple, il peut me demander d’aller vérifier s’il reste un peu d’humidité dans tel ou tel virage. Mais souvent, le soir, on essaie de parler d’autre chose, des choses de la vie. Je pense ça lui fait du bien et je pense que c’est pour ça qu’aujourd’hui tout le monde est accompagné d’une personne proche. C’est une sorte d’épaule sur laquelle s’appuyer quand il y a des bas mais aussi partager sa joie quand il y a des hauts. Les pilotes savent sur qui compter, et c’est de plus en plus important. Nous, on le fait depuis 2016, quand il était en Moto3, et ça l’a probablement aidé, sinon il aurait arrêté depuis longtemps (rires) ».

Est-ce que ton rôle va jusqu’au niveau du pilotage ?

« Non. C’est très spécifique et ce n’est pas mon travail. Par contre, il peut me demander d’aller dans tel ou tel virage pour filmer afin qu’il puissent analyser le soir son pilotage et celui des autres. Pour le pilotage proprement dit, il y a quelqu’un dans le team, un ancien pilote, dont c’est la fonction ».

Actuellement, c’est un travail à temps complet ?

« Oui, que ce soit sur les circuits, ou à la maison quand il va s’entraîner ».

On imagine que c’est le pilote qui rémunère son Helper, et non le team…

« Exactement. Mon patron, c’est Fabio ! »

Ce métier te plaît ?

« Oui, vraiment ! D’autant qu’on a toujours été très proche avec Fabio, alors maintenant, on voyage ensemble et on vit une belle aventure. C’est comme un rêve éveillé ! On a eu des périodes compliquées et il était alors important de relativiser, pour ne pas voir tout en noir. Mais aujourd’hui, ça va mieux, donc j’ai forcément moins de travail sur le plan mental ».

Quand il a obtenu sa première victoire l’année dernière, on l’a vu extérioriser toutes les tensions accumulées. Comme tu es évidemment extrêmement proche de lui, tu as pleuré ?

« C’est vrai que ça m’a ému parce que c’est quelque chose qu’on attendait depuis longtemps. Enfin, je savais qu’il était capable de faire ça depuis longtemps. Mais c’est quelque chose qu’on avait perdu. Pas le pilotage, ça il ne l’a jamais perdu, mais il y a eu plein de petites choses qui ont fait que les résultats n’arrivaient pas. Je lui ai toujours dit « continue, continue, un jour ça va payer ! Ne lâche rien ! ». Et quand il a gagné, oui, c’était un énorme soulagement. On pensait à ce que tous ses proches avaient fait pour lui, sa famille, Eric Mahé, pour que ça fonctionne. Et ça a marché. C’était la joie et le sentiment d’avoir bien fait les choses, d’avoir bien travaillé. Je n’ai pas pleuré, mais j’étais fier de ce qu’il avait fait ».

 

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