L’analyse des runs de la deuxième journée offre des résultats surprenants : Andrea Iannone le plus rapide, mais Jonathan Rea et Alvaro Bautista sont là. Mystère Toprak Razgatlioglu-BMW…
Par Paolo Gozzi / Corsedimoto.com
Le record officieux établi par Nicolò Bulega lors des essais Superbike à Jerez a fait couler beaucoup d’encre, car personne n’avait jamais été aussi rapide à Jerez : 1’37″809. Une performance d’autant plus impressionnante que le nouveau champion Supersport, âgé de 25 ans, n’a encore jamais disputé une seule course dans la catégorie reine. Le fils de l’art s’est envolé en utilisant à la perfection le pneu SCQ, la solution de qualification « étendue » : sur certains circuits et dans des conditions de température particulières en ’23, c’était également le choix idéal pour la course Superpole de dix tours.
Nicolò Bulega a été le plus rapide les deux jours (tous les temps ici), toujours avec le même pneu, et on peut donc supposer qu’en 24, il partira souvent en tête. Le tour chrono excite les esprits des fans, mais les courses se gagnent sur la distance. La question est donc de savoir qui s’est montré le plus rapide sur les deux jours à Jerez. L’analyse des feuilles de temps donne des résultats surprenants. Andrea Iannone a été le plus incisif : qui aurait pu le prédire ?
Avant-propos
Comme chaque fois, il faut expliquer que le « Championnat du
monde d’hiver » n’est pas une science exacte. Les équipes et
les pilotes planifient des activités différentes, en fonction du
type de véhicule, de leur expérience, des besoins de développement
des départements de course et de bien d’autres variables. Comme à
chaque fois, à Jerez, il y a eu ceux qui ont poussé à fond à la
recherche de la performance à tout prix, et ceux qui ont travaillé
davantage en vue de la course, avec le premier défi déjà à
l’esprit. Le championnat débute dans moins d’un mois à Phillip
Island et il reste quatre jours d’essais : lundi et mardi à
Portimao, les deux derniers sur le même circuit australien proche
des trois courses d’ouverture. Il y a aussi une autre variable, les
pneus. En Andalousie, les pilotes ont roulé avec des pneus de
course SCX (tendres) et SC0 (moyens). En Australie, ils n’auront
qu’un seul choix pour les courses longues, un choix complètement
différent, à savoir le SC1 marqué A1126 développé dans le
championnat national.
Andrea Iannone (P5, 1’38″744)
Passons en revue les temps de la deuxième et dernière journée
réalisés par les pilotes les plus rapides, en commençant par celui
qui a le plus impressionné. Andrea Iannone a effectué 61 tours,
répartis en 11 relais. Dans le plus long (11 tours, un peu plus de
la moitié de la course), il a réalisé le tour le plus rapide en
1’38″922 (tour 2), battant huit fois le rythme de 1’39 ». Le
plus mauvais tour, le dernier, en 1’41″329 n’a pas fait grand-chose
: le trafic sur la piste. L’ancien pilote de MotoGP ne connaît pas
la catégorie en profondeur, notamment la gestion compliquée de
pneus très performants mais toujours identiques à ceux utilisés par
les amateurs pour la piste. Les inconnues sont nombreuses pour tout
le monde, pour lui qui vient d’un autre monde encore plus. Phillip
Island est l’un de ses circuits magiques, mais les quatre années
passées loin de la mêlée pourraient lui peser. Ce qui est sûr pour
l’instant, c’est que Iannone est toujours très rapide et que le
Superbike a attiré un véritable joker.
Jonathan Rea (P2, 1’38″345)
Le nouveau venu chez Yamaha a couvert 78 tours répartis en 14
relais. Il est le seul à avoir simulé la course sur la totalité de
la distance, soit 21 tours. Comme Iannone, il a signé le meilleur
temps au 2e tour (1’39″768), réalisant six fois 1’39 ». Pire
performance 1’40″554 dans le dernier tour : même avec des pneus
usés, Jonathan Rea était encore très rapide. Le feeling avec la R1
semble donc déjà excellent, même sur de longues distances. Ce
n’était pas gagné d’avance.
Alvaro Bautista (P16, 1’39″583)
Le double champion du monde a été l’un des rares à ne pas utiliser
le SCQ, ce qui explique qu’il n’ait terminé qu’en seizième
position. Mais le rythme était soutenu. Il a accumulé 81 tours,
répartis en neuf relais, presque tous sur la même distance de dix
tours. Dans le plus rapide, il a obtenu 1’39″583 comme meilleur
temps, au huitième tour, donc avec des pneus qui n’étaient plus
neufs. Son tour le plus » lent » a été le dernier
1’40″023 : la performance de Bautista dans le dernier tour a été
bien supérieure à celle de ses rivaux. La recette de Bautista est
toujours la même : gérer au mieux l’adhérence, avec des écarts de
tours minimes entre le début et la fin de la course. Le tout malgré
des douleurs à la nuque, souvenir de la terrible chute survenue
lors du précédent test Superbike, également à Jerez en octobre
dernier. S’il n’est toujours pas au mieux de sa forme après trois
mois, imaginez les conditions dans lesquelles il a couru à Sepang
en MotoGP…
Nicolò Bulega (P1, 1’37″809)
En
configuration course, le rookie n’est toujours pas très incisif. Le
deuxième jour, il a effectué 69 tours, répartis en 13 relais, tous
très courts. La distance maximale parcourue a été de 8 tours :
meilleur temps en 1’37″799, pire en 1’40″511. Note : ce relais a eu
lieu en fin de matinée, avec la piste la plus rapide. Avec le pneu
de course, Bulega n’est donc pas encore au niveau de son coéquipier
Bautista. Le classement final, « pollué » par
l’utilisation des pneus de qualification, induirait des envolées
dithyrambiques, mais ce n’est pas encore l’heure.
Toprak Razgatlioglu (P4, 1’38″638)
Le nouvel as de BMW a couvert un total de 78 tours, répartis en 16
relais, tous très courts. La distance maximale parcourue n’a été
que de six tours. Ce type de stratégie empêche d’évaluer le
potentiel en vue de la course, car il est impossible de savoir si
l’unique relais a été effectué avec le pneu de course (SCX ou SC0)
ou le SCQ, bien plus performant. En fait, la solution de
qualification tient facilement la durée à Jerez sur six tours, à un
rythme très élevé. Voir la BMW rapide sur le tour chrono n’est pas
surprenant : Tom Sykes a signé une Superpole en 2019, première
année du retour officiel du géant allemand. Scott Redding s’est
hissé à la troisième place en fin de course, signant la performance
au 77e et dernier tour, avec une piste beaucoup moins rapide que la
fin de matinée exploitée par Bulega et Rea.
Danilo Petrucci (P9, 1’38″907)
Le pilote ombrien a quitté Jerez sans grande satisfaction. Il a
couvert 73 tours en 11 relais. Dans le plus rapide, long de 12
tours, son tour le plus rapide a été de 1’39″574, le plus mauvais
de 1’41″379. Danilo a battu les 1’39″ à six reprises, mais la
simulation finale n’a pas été très efficace. Beaucoup de travail
sera nécessaire pour ne pas perdre le train des pilotes du podium.
Même la concurrence ‘interne Ducati’, avec l’arrivée d’Andrea
Iannone, est devenue plus redoutable.
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Paolo Gozzi