Au moment où le communiqué annonçant Michelin comme fournisseur unique des pneus du championnat Superbike WorldSBK à partir de 2027, nous étions en train de converser avec Piero Taramasso, le manager de la compétition deux-roues chez Michelin Motorsport.
L’occasion était trop belle pour ne pas essayer d’en savoir un peu plus…
🎤 Piero Taramasso, nous n’avons pas encore pris
connaissance du communiqué mais on vient d’apprendre, avec grande
surprise, que Michelin allait fournir les pneus du
Superbike. Comment ça s’est passé et quel est l’intérêt pour
Michelin ?
Piero Taramasso : “Oui, oui,
c’est bien ça. Ce n’est pas une grosse surprise, parce que
suite à l’annonce de l’arrêt du MotoGP, on avait bien annoncé qu’on
voulait rester quand même sur les circuits motos, dans des
compétitions de niveau mondial, et donc qu’on était ouvert à tout
et qu’on regardait tous les championnats, parce que ça pouvait être
le Superbike, ça pouvait être l’Endurance, donc des championnats de
haut niveau, de niveau mondial. Et donc on a parlé avec Dorna, qui
gère aussi le Superbike, et finalement on a trouvé un accord. Ca
sera donc pendant 5 ans, de 2027 à 2031, et là on va être le
fournisseur unique pour toutes les catégories du mondial
Superbike.”
🎤 Toutes les catégories?
“Oui, toutes les catégories, donc c’est
le Superbike, le Supersport, la catégorie World Sportbike
(WorldSPB) qui remplacera le
Supersport 300, ainsi que le
Championnat du monde FIM de circuit féminin
(WorldWCR).
Donc c’est une bonne nouvelle pour nous
et pour toutes nos équipes, mais ce n’est pas seulement une bonne
nouvelle : pour moi, c’est aussi une suite logique. C’est vraiment
une stratégie qui s’inscrit dans le groupe Michelin, parce que le
Superbike est beaucoup plus proche des motos des séries. Et donc ce
qu’on peut faire dans le championnat mondial Superbike, c’est
utiliser toutes les innovations qu’on a développées pendant les 10
ou11 années en MotoGP, toutes ces innovations du MotoGP et de la
MotoE, on peut en transférer une partie dans les pneus du
Superbike, et après faire vraiment un transfert sur les pneus de
route, vers les gammes Hypersport, Supersport, et aussi dans les
pneus slicks des Trackdays, des journées
piste. Ça nous semblait
vraiment logique, ça nous semblait une bonne passerelle pour
s’approcher davantage du consommateur, de l’usager
final.”
🎤 Vous partez d’un domaine qui est quand même très
pointu, le top de la moto avec le MotoGP, mais qui est très
restreint à la fois. Et là, il va falloir quand même élargir votre
champ d’action puisque vous allez devoir fournir 4 catégories, avec
des puissances bien moindres pour certaines. Ça fait beaucoup de
travail, non ?
“Oui, ça fait beaucoup de travail, mais bon, c’est un défi,
et nous on aime bien les défis. C’est à la fois un défi
technologique, un défi au niveau du business parce que ça nous
rapproche plus des constructeurs et des usagers finaux, et aussi au
niveau logistique, puisque comme il y a beaucoup de catégories, il
y a beaucoup de pneumatiques, avec des gammes différentes. Donc ça
va nous occuper, mais bon, on est prêt, on est prêt à faire ça. On
a de très bonnes équipes, je dirais des équipes excellentes, comme
on l’a prouvé en MotoGP. On a beaucoup appris, donc on va
essayer de ramener toute notre expertise, notre savoir-faire acquis
en MotoGP, en Superbike . Le Superbike c’est un bon championnat qui
grandit tous les ans, donc on veut contribuer encore plus à le
faire grandir, soit au niveau du spectacle, soit au niveau de la
technologie.”
🎤 Alors si vous aimez les défis, vous allez être servi
parce que autant en MotoGP on ne pourra pas comparer les chronos
puisque les motos changeront de cylindrée, autant en
Superbike il sera possible de comparer les temps au tour, puisque
les motos ne vont pas beaucoup évoluer, du moins dans les deux
catégories supérieures. Ca vous motive,
ça ?
« Oui, ça nous motive. Après, honnêtement, concernant
les règlements techniques, je pense qu’ils vont faire quand même
quelque chose. Vous savez, à chaque fois qu’il y a un changement en
MotoGP, une réduction de performance en MotoGP, automatiquement ils
le font aussi en Superbike, parce que sinon on pourrait se
retrouver rapidement avec des Superbike qui vont
plus vite que des MotoGP, et ça,
ce ne serait pas génial. Donc je pense qu’ils vont
faire quelque chose.
Après, la comparaison, ça
nous va. Ce n’est pas ça qui nous fait peur. Nous, ce qu’on veut,
c’est fournir des pneus performants, des pneus durables, des pneus
“sustainable”. La seule chose qu’on va changer, c’est sûr qu’il n’y
aura plus de pneus qualifs comme il y a aujourd’hui. Nous,
on est contre ça. Pour
l’environnement, ce n’est pas du tout ce qu’il faut faire. Il ne
faut pas fabriquer des pneus pour faire un tour, et après les
mettre à la poubelle. Nous, on est plus pour les performances qui
durent. On va faire des pneus soft, avec lesquels on peut faire la
Superpole, puis après faire la course avec, comme on fait
aujourd’hui en MotoGP : on a des spécifications soft pour utiliser
en qualif et en sprint. On a battu tous les records avec ça, donc
on ne va pas changer de philosophie pour le
Superbike.”
🎤 Donc vous allez faire des pneus qui peuvent faire la
course à Phillip Island d’un seul
coup ?
“Oui, oui, ça on va le faire (rires). On sait que là-bas,
oui, c’est un circuit compliqué. Mais bon, déjà on arrive à le
faire en MotoGP, où ce sont des motos très très puissantes. Ce
n’est pas évident, mais oui, on va le faire, pour faire les courses
en entier.”
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