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Présent aux côtés de Johann Zarco depuis ses débuts, Laurent Fellon est le seul qui le connaisse parfaitement et n’hésite pas à partager ses joies, mais aussi, parfois, à lui indiquer la bonne direction…

Son avis est donc précieux, et c’est pourquoi, à travers ces quelques questions, nous avons essayé de recueillir son point de vue en ce milieu de saison.


Tes compétences et ton expérience t’ont permis d’aider Johann Zarco à parvenir au top en 125 et en Moto2, et c’est également maintenant le cas en MotoGP comme le prouvent les résultats de cette saison. Comment as-tu pu y parvenir sans avoir la moindre expérience en MotoGP qui a la réputation d’être un milieu assez fermé ?

« Je pense qu’il faut rester passionné, ne pas s’écarter de la logique, travailler et comprendre certaines choses en regardant les autres. Quand on voit ce que font les autres et quand ça fait dix années que tu es en Grand Prix et que tu fais sixième, puis cinquième et que tu arrives à quatrième, tu as appris certaines choses que tu retransmets en MotoGP. C’est une catégorie qui est une grande catégorie, mais il ne faut pas sous-estimer, comme Johann a souvent dit, la Moto3 et la Moto2, en arrivant en MotoGP. Si tu es bon en Moto3, tu travailles pour la Moto2, et quand tu vas très très vite en Moto2, tu commences à avoir une façon de piloter qui s’approche de la MotoGP. Avec tous ces paramètres, tu as en MotoGP une bonne équipe qui s’appelle Tech3, et après, Johann fait son boulot de pilote, comme ça s’est passé ce week-end nous somme allés sur la piste de karting d’Aragon où Johann a fait le record en 2’00. Il est en forme pour arriver à Brno. Là-bas, je ferai mon travail de bord de piste. Cela fait des années que l’on va à Brno, mais chaque circuit a son secret de pilotage. Tu te places à certains endroits et tu vois comment le pilote conduit. Tu vois certaines choses. Il faut travailler méthodiquement. Johann arrive en forme, l’équipe est bonne, la Yamaha est très très bonne, donc ce n’est que du bonheur. »

Quel effet cela t’a-t-il fait à Assen de voir Johann effectuer les 11 premiers tours en tête devant deux des meilleurs pilotes du monde, Marc Márquez et Valentino Rossi ?

« En faisant 2e au Mans, sur le podium, je savais que Johann avait le potentiel de le faire. Maintenant il faut que tout le monde accepte d’attendre et de patienter pour le laisser grandir dans cette catégorie qui est très très dure. En pilotage, car il a encore à grandir et à apprendre certaines choses car il y a beaucoup de grands pilotes, comme Valentino ou Márquez, qui ont déjà des années d’expérience. Mais en physique aussi car ton cerveau doit apprendre la vitesse, il doit apprendre certaines choses, et automatiquement, il doit se programmer. Donc il faut patienter, et à un moment Johann fera toute la course devant. »

Y a-t-il des moments où les courses ne te semblent pas trop compliquées à comprendre au niveau des pneus, en particulier pour les spectateurs ?

« Je ne veux pas critiquer les médias parce qu’on en a besoin mais il faut arrêter de penser que c’est la Formule 1. On se retranche toujours sur le pneu et on oublie tout ce qui est à côté. C’est vrai que Michelin font de très bons pneus, ils font leur job, et après le pilote analyse les pneus, mais sur une moto, il n’y a pas que les pneus : il y a des suspensions, il y a le moteur et il y a l’équipe. Mais on entend tout le temps parler des pneus. Les pneus ne font pas tout, les pauvres, alors que l’on remet toujours la faute sur les pneus. Si le pilote n’a pas 37°8 mais 39°, il ne roule plus bien mais il dit que c’est la faute des pneus  ! Les pneus ne font pas tout. Quand tout va bien, on dit qu’on avait des super pneus, et dans le cas contraire, ce sont les pneus. »

Vous aviez, en début de saison, la moto la plus équilibrée avec la Yamaha 2016. Depuis, les constructeurs ont travaillé comme Ducati mais aussi Yamaha. Johann Zarco et toi-même n’êtes-vous pas inquiet de voir se réduire votre avantage initial, tout comme Jonas Folger ?

« Non, je ne pense pas car il ne faut pas entrer dans ces détails là. Du moment qu’on rentre dans ces détails là, automatiquement on se pourrit la santé. Donc à mon avis, il faut écarter tout ça et ne pas penser technique. Il faut continuer à vouloir grandir et former le pilote. Parce que les motos sont bonnes, quand même ! Les motos de Johann et de Folger ont gagné des courses ! Il ne faut pas penser aux autres, il faut penser à nous et à travailler. Si tu commences à regarder à côté, tu perds du temps. Tu mets ton esprit là où il ne faut pas, là où ce n’est pas bon. »

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