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Après avoir analysé pour nous la fin de la saison 2018, ainsi que les tests de Valence et de Jerez dans la première partie de son interview, Jacky nous parle maintenant de Lorenzo chez Honda, des rookies en MotoGP, de Can Öncü et de Luigi Dall’Igna, ainsi que des qualifications en Moto2 et Moto3.

Jorge Lorenzo pourra-t-il menacer Marc Marquez chez Honda ?

« Ça va être la guerre !  Alberto Puig est très fort et il va en avoir besoin parce que de toute façon ça va être un prêté pour un rendu. Je n’ai rien contre Honda, mais j’espère qu’ils ne vont pas monopoliser les podiums, 1 et 2, puis 2 et 1, sans arrêt, ce serait dommage. On a connu cette période-là par le passé. Ils seront évidemment très proches l’un de l’autre, même si je crois quand même que Marquez reste le plus fort. »

La qualité du plateau pour la première place de meilleur rookie en 2019 est excellente avec (par ordre alphabétique, pour ne pas t‘influencer), Francesco Bagnaia sur Ducati Pramac, Joan Mir sur Suzuki, Miguel Oliveira sur KTM Tech 3 et Fabio Quartararo sur Yamaha Petronas. Qui vois-tu le mieux placé des quatre en fin de saison ?

« Bagnaia. »

Dans quel ordre placerais-tu ces jeunes espoirs ?

« Bagnaia, Mir, Quartararo et Oliveira. J’espère qu’Oliveira, qui porte nos couleurs d’Elf – ce dont je suis ravi – va progresser. Mais bon, Bagnaia indéniablement. Mir sur la Suzuki a montré dès le début qu’il était à l’aise sur la moto, dont on sait qu’elle est maintenant une excellente machine. Quartararo s’est vite habitué à la Yamaha. On sait que ce n’est pas la plus difficile à piloter pour quelqu’un qui arrive dans la catégorie, même s’il faut tout relativiser. Oliveira est dans l’attente de la progression de cette moto et de son adaptation à la machine. »

Can Öncü a gagné à Valence le premier GP auquel il ait participé, devenant le plus jeune vainqueur à 15 ans et 119 jours ? Pour toi, fut-ce un incroyable jour de chance, ou semble-t-il un talent prometteur ?

« C’est un talent à coup sûr car il a démontré son potentiel en remportant la Rookies Cup cette année devant son frère jumeau Deniz. Maintenant, il ne faut pas oublier que la semaine d’après le GP de Valence, sur le même Circuit Ricardo Tormo, il terminait sixième de la première course en CEV Moto3, puis troisième de la seconde. Il n’a pas couru avec le même brio qu’il avait montré lors du Grand Prix.

« Les circonstances lui avaient alors été totalement favorables, mais il a été extraordinairement fort de pouvoir rester sur ses roues, et particulièrement rapide également pour avoir toujours été devant. Et même lors des essais, il n’a raté la pole position que de 0.5, ce qui lui a valu la quatrième place sur la grille. Il a réalisé un week-end exceptionnel, et il sera là l’année prochaine.

« Mais il ne va pas gagner tous les Grands Prix. Je me rappelle comment on s’est enflammé quand Fenati est arrivé. Mais un championnat demande quand même beaucoup de détermination et de travail. Il faut être capable de tenir toute la distance. Mais il est certain que Can Öncü a du talent, ça c’est indéniable. »

En quoi Luigi Dall’Igna (Ducati) est-il supérieur aux autres Directeurs de la compétition ?

« Luigi Dall’Igna est un Italien du Nord, qui a fait la même chose que Jean Todt quand celui-ci est arrivé chez Ferrari en F1, avec énormément de rigueur. Il est venu chez Derbi en 125. Il travaille beaucoup. C’est un ingénieur au caractère « froid » comme un Italien du Nord. Ils sont proches de l’Autriche, et je le sais parce que ma grand-mère et ma mère étaient nées là-bas. Et Luigi est originaire d’un petit village voisin de celui de mes origines.

« Dall’Igna est un patron, un vrai boss très consciencieux, sérieux et ordonné, capable de mener ses troupes. C’est ce qu’il a fait d’ailleurs en arrivant chez Ducati en mettant chacun à sa place, avec gentillesse je l’ignore mais en tout cas avec détermination.

« Le patron c’est lui, et la Ducati a progressé de façon phénoménale. J’ai donc beaucoup de respect et d’admiration pour Dall’Igna, qui à la différence de certains autres sait vraiment diriger son équipe. C’est à coup sûr sa qualité première. »

En parlant d’Autriche, on a l’impression que KTM en MotoGP amène sans arrêt de nouvelles pièces, sans avoir encore eu le temps d’exploiter à fond celles dont l’équipe dispose. N’y a-t-il pas un phénomène de dispersion ?

« Non, le problème est qu’ils ont perdu Mika Kallio trop tôt en cours de saison et ainsi la possibilité de faire de nombreux essais. Mika et l’équipe de tests en faisaient énormément, et là ça les a déstabilisés. Les pièces qu’ils n’ont pas pu tester l’ont donc été par l’équipe Grand Prix lors des week-ends de course. Ça les a mis très en retard. Ils vont essayer de récupérer un peu du temps perdu en faisant rouler Dani Pedrosa ce mois-ci à Jerez. Sa grande expérience sera très utile. »

Que penses-tu du nouveau format des qualifications Moto3 et Moto2, avec les 14 premiers directement en Q2, rejoints ensuite par les 4 premiers de la Q1 ?

« Le phénomène des attentes en piste agace depuis des années le Directeur de course et il a fallu trouver une solution. Je pense que ça va obliger tout le monde à se bouger un petit peu plus et donc ça va être intéressant. J’estime que c’est une bonne solution. On va voir comment ça fonctionne, mais je suis totalement pour. »

Vidéo : Marc Marquez sur la Honda RCV213V 2019 à Valence :

Les pilotes 2019 :

Ci-dessus : Can Öncü victorieux à Valence

Photos et vidéos © Marc Sériau, Ducati, Yamaha, Ajo Motorsport et motogp.com / Dorna