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Jorge Martin

Le torchon brûle entre Jorge Martin et Aprilia. Derrière ce divorce prématuré annoncé se cache un malaise plus profond, que Jorge Lorenzo, quintuple champion du monde et désormais observateur acéré du paddock, a parfaitement résumé dans son podcast Dura la Vida. Son diagnostic ? L’échec était inscrit dans l’ADN même du contrat.

Retour sur les faits : Martin, titré en 2024, ne digère toujours pas le choix de Ducati d’offrir la moto officielle à Marc Marquez. Refusant de rester dans l’équipe satellite Pramac, il se tourne alors vers Aprilia. Mais selon Lorenzo, il ne s’agissait pas d’un choix stratégique, mais d’une décision par défaut, empreinte de frustration.

« Martin voulait un contrat d’un an, » affirme Lorenzo. « Il espérait pouvoir rebondir ailleurs rapidement. Mais Aprilia a insisté pour deux ans. Finalement, ils ont accepté de signer à condition d’inclure une clause de sortie. »

Cette clause – au cœur de l’affaire actuelle – permet à Martin de rompre son engagement s’il n’est pas compétitif après six courses. Problème : il n’en a couru qu’une seule, entre blessures et malchance. Aprilia considère donc la clause comme inapplicable. Martin, lui, estime que l’esprit de l’accord suffit à justifier son départ.

L’analyse de Lorenzo ne s’arrête pas là. Il distingue Martin de Pedro Acosta, également en difficulté chez KTM, mais avec un contrat bien plus rigide : pas de clause de sortie, pas de discussions. « Pedro est coincé, mais Martin avait négocié une porte de sortie. C’est un contrat bancal dès le départ. »

Jorge Lorenzo au Grand Prix d'Aragon 2024

Jorge Lorenzo : « un pilote qui n’a pas vraiment envie d’être là ne sera jamais à 100 % »

Mais pourquoi un tel déséquilibre ? Selon plusieurs sources dans le paddock, Aprilia a sous-estimé l’instabilité émotionnelle du transfert, croyant pouvoir verrouiller un top pilote avec une simple signature. Or, comme le souligne Lorenzo, « un pilote qui n’a pas vraiment envie d’être là ne sera jamais à 100 % ».

Et aujourd’hui, Aprilia se retrouve dans une impasse. Martin, malgré son absence prolongée, conteste la validité du contrat. L’équipe, de son côté, fait valoir qu’il n’a pas rempli les conditions requises pour activer la clause. Un imbroglio juridique qui pourrait bien finir devant les tribunaux… ou dans les bureaux feutrés de Dorna, où Carlos Ezpeleta lui-même envisagerait une médiation, craignant un précédent fâcheux pour l’image du championnat.

Mais Lorenzo va plus loin. Selon lui, cette affaire révèle un problème plus vaste : l’incapacité de certaines équipes à gérer des talents sensibles et stratégiques comme Martin. Un avertissement clair : si Aprilia ne parvient pas à gérer les profils complexes, elle risque de les perdre. Et si Martin part, les noms de Bastianini ou Manu Gonzalez circulent déjà pour lui succéder – preuve que le constructeur cherche une sortie de crise.

En somme, Jorge Lorenzo ne se contente pas de commenter : il décrypte. Et son analyse éclaire d’un jour nouveau ce qui s’apparente de plus en plus à une erreur de casting en MotoGP.

Jorge Martin s'adressant à la presse lors du Grand Prix des Amériques 2025

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