Loin des circuits mais jamais loin du paddock, Andrea Dovizioso parle désormais avec la liberté de celui qui n’a plus rien à prouver. Dans sa série documentaire « Dovi, la Série », diffusée depuis septembre sur Sky et Now TV, l’ancien vice-champion du monde revient avec franchise sur ses années de rivalité, notamment face à Marc Marquez, et sur la pression invisible qu’il fait peser sur tout le plateau MotoGP. Un témoignage qui tombe à pic, alors que Pecco Bagnaia traverse sa saison la plus complexe chez Ducati.
Pour Dovizioso, la domination de Marc Marquez ne s’est jamais limitée à ses résultats en piste. Il a instauré un climat d’intimidation psychologique dans le paddock.
« Marc a mis tout le monde dans une situation difficile, car il est fort dans tous les domaines », analyse Dovizioso. « Il faut avoir l’humilité de reconnaître quand quelqu’un est si fort. »
Mais cette force a un revers : l’incapacité à temporiser. Dovi ne l’oublie pas : « sa faiblesse, c’est qu’il ne sait pas se retenir. Ça lui a causé de nombreuses chutes. Globalement, les dégâts ont été limités… jusqu’à l’accident de 2020. » Son aura, cependant, reste intacte. Et elle pèse lourd.
Dovizioso n’esquive pas le sujet qui agite la sphère MotoGP en 2025 : le mal-être de Pecco Bagnaia, qui peine à s’imposer depuis l’arrivée de Marquez dans le box officiel Ducati.
« Au-delà du problème technique, que je ne connais pas, la réalité est que Marc est déstabilisant », lâche-t-il sans détour. « Sa simple présence altère l’équilibre au sein des stands. »
Andrea Dovizioso croit encore à un rebond pour Pecco Bagnaia
Bagnaia, champion du monde à deux reprises, est aujourd’hui sous la pression constante d’un coéquipier légendaire, capable de performances extraordinaires… et de fractures tout aussi spectaculaires. L’ombre portée de Marquez est bien réelle.
Pour autant, tout n’est pas perdu. L’actuel conseiller Yamaha, désormais entrepreneur et mentor technique, se veut optimiste :
« Travailler avec Ducati en hiver peut l’aider à reprendre confiance. Tout peut arriver en moto. »
Un message d’espoir qui rappelle à quel point l’aspect mental est aussi crucial que les dixièmes de seconde sur le chronomètre. Si la GP25 pose question, c’est peut-être dans la gestion des egos et des attentes que se joue la suite du duel interne chez Ducati.
La série « Dovi, la Série » ne se contente pas de faire vibrer la fibre nostalgique. Elle expose avec finesse les dynamiques de pouvoir dans le paddock MotoGP, les rivalités de très haut niveau et l’usure mentale que peut provoquer une légende comme Marc Marquez. Le tout raconté par un rival direct, respecté pour sa régularité, son intelligence de course et… son humilité.
Entre déclarations franches, souvenirs personnels et regard acéré sur le présent, Dovizioso offre une clé de lecture unique sur le chaos silencieux que peut déclencher un pilote comme Marquez. Et si Ducati veut sauver la fin de saison de Bagnaia, il faudra peut-être autant réparer la moto… que reconstruire l’homme.