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Comme nous en avons très régulièrement le plaisir, Hervé Poncharal nous a partagé ses différents points de vue sur cette saison outre-mers.

Mais, pour une fois, actualité oblige, inversons l’ordre classique des sujets pour commencer par la MotoE et terminer par la MotoGP.


Hervé Poncharal, abordons maintenant la Moto2. De prime abord, la KTM à moteur Triumph semble moins performante par rapport aux Kalex que celle à moteur Honda, mais d’un autre côté, Marco Bezzecchi semble en prendre progressivement la mesure. On se trompe ?

Hervé Poncharal : « c’est vrai qu’aujourd’hui, quand on regarde notamment le dernier Grand Prix en Moto2 aux États-Unis, la première KTM est 15e à l’arrivée et marque un point avec Jorge Martin. On ne peut pas dire qu’on soit content ! Aujourd’hui, Kalex domine alors que tout le monde s’attendait à une grosse bagarre Kalex/KTM. On en est clairement pas là. Brad Binder a fini 3e du mondial 2018. Le numéro un, Bagnaia, et le numéro 2, Oliveira, ayant pris l’option de monter en MotoGP, Binder se retrouvait de facto peut-être pas dans la position DU favori mais un des deux ou trois favoris pour le titre. Donc aujourd’hui, dire que tout va bien dans le meilleur des mondes, ce ne serait pas dire la vérité. Oui, il y a une déception pour tout le monde, que ce soit l’usine où les gens impliqués dans le projet Moto2 chez KTM, parce qu’on n’est pas dans le coup. On n’est pas au niveau et je peux vous dire, pour le vivre au jour le jour et en interne, qu’il y a de grosses interrogations, une grosse motivation et un énorme travail qui est fait pour rectifier le tir le plus vite possible. Parce que maintenant, les courses vont s’enchaîner, et si jamais on veut pouvoir faire des podiums et à gagner des courses, il faut faire vite, vite, vite, parce que personne ne nous attendra. C’est évident.
L’année dernière, nous faisions rouler notre propre moto et c’est nous qui la développions et la faisions progresser. Aujourd’hui, on est devenu comme en MotoGP, une équipe d’exploitation. Donc on n’a pas notre mot à dire dans le développement. On utilise le matériel qui est mis à notre disposition, et on fait nos commentaires à l’équipe de développement pour que celui-ci progresse et évolue. C’est le schéma classique de ce qui se passe en compétition. Avec toutes les infos que leurs passent le team Ajo, le team America, le team Kiefer et Tech3, j’espère que les choses vont rapidement tourner de manière plus favorable.

Par contre, comme vous l’avez signalé, cet hiver la priorité n’était pas trop de comprendre le potentiel de la moto, mais plutôt de savoir pourquoi Marco Bezzecchi, qui est quand même un pilote extrêmement talentueux même s’il a fait quelques boulettes l’année dernière qui l’ont privé du titre Moto3, avait autant de mal à s’habituer à la Moto2. Quand on discute avec Valentino Rossi et tous les gens qui sont autour de lui, puisqu’il fait partie de la VR46 Riders Academy, c’est quelqu’un qui a un potentiel énorme. Et depuis l’Argentine, et surtout au Texas, sa blessure à la jambe droite qui l’embêtait un peu était quasiment finie et on a vu un nouveau Marco. Il est passé en Q2 et il s’est battu en course pour la 10, 11 et 12e place. À ce moment-là, il était la meilleure KTM avec Iker Lecuona. Malheureusement, il est tombé dans un petit coin, pas réellement de sa faute. Je pense qu’on a tous vu qu’il y avait quand même pas mal de dribble au niveau de la roue avant…

Mais pour nous, sa performance jusque-là a été un énorme soulagement et une énorme satisfaction. Parce que Marco, c’est quelqu’un sur lequel on compte beaucoup, nous Tech 3, mais aussi évidemment l’usine KTM, pour travailler. L’année dernière, il s’est battu avec Jorge Martin pour être champion du monde Moto3, et il faisait quasiment jeu égal. La course a fait que c’est Martin qui a été Champion et pas Marco, mais en tout cas les niveaux de performance étaient très très similaires. Martin a « pigé » plus rapidement la Moto2, mais aujourd’hui, quand Marco a abandonné la course, il était devant Martin. En tout cas, sans forfanterie, je pense qu’ils font jeu égal aujourd’hui, ce qui est super pour nous. Maintenant, on espère pouvoir lui donner un outil qui va lui permettre de se bagarrer devant pour continuer sa progression, et quand je dis « se bagarrer devant », c’est, j’espère, faire des tops 5 dans quelques courses et pourquoi pas d’ici la fin de saison faire des podiums. Ça, ça serait le rêve ! On l’a signé pour 2 ans, et s’il est clair que 2019 est la saison d’apprentissage pour se caler, ce serait bien de pouvoir faire partie des 5 ou 6 candidats à la couronne en 2020 !

C’est vraiment un jeune super, qui a un super état d’esprit et qui me fait énormément penser à Valentino Rossi à ses tout débuts ! Que ce soit au niveau de la taille, de la manière de se comporter, du charisme ou du côté espiègle, c’est une personne très attachante, charmante, hyper motivée, et on est très très heureux de l’avoir dans nos rangs.

Bien sûr, je n’oublie pas Phillip Öttl. Il n’y a évidemment pas les mêmes attentes autour de lui que celles qu’il y a autour de Marco Bezzecchi, mais il fait son boulot. Il travaille correctement et progresse bien de course en course, mais on espère que les informations qui reviennent KTM vont leur permettre de nous donner une machine pour nous battre devant très rapidement. Et on leur fait confiance ! ».

A-t-on une date pour cela ?

« Non. Tout le monde travaille d’arrache-pied au service course. Il y a des départements bien distincts et, déjà, félicitations au département Moto3 ! Ils ont fait un full podium, 1, 2, 3, à Austin. Mais les départements Moto2 et MotoGP sont également la tête dans le guidon ».

Donc pour retrouver le goût de la victoire, ne devriez-vous pas ouvrir un team Moto3 l’année prochaine ?

« (Rires)… Il est évident que le Moto3 est une catégorie incroyable, une classe magique ! C’est là où on travaille avec les jeunes, et c’est vraiment très plaisant, intéressant et motivant de récupérer des jeunes qui sont bruts, puis de commencer à leur apprendre le championnat MotoGP. Mais n’oublions pas qu’en 2019, j’ai aussi la catégorie MotoE, donc j’ai déjà 6 pilotes. Je pense que j’ai déjà donc suffisamment de travail comme ça, pour gérer la catégorie MotoGP, la catégorie Moto2 et la catégorie MotoE, sans me lancer dans la Moto3.
Je dirais aussi qu’on ne regarde jamais une course de la même manière, si on y a des pilotes impliqués ou pas. Et le Moto3, c’est une course fabuleuse que j’adore regarder. C’est la seule course que je peux regarder en mettant les pieds sur le bureau et jouir du spectacle et des bagarres, sans avoir en permanence les boules et la pression que j’ai en Moto2 et en MotoGP. Et je veux continuer à pouvoir profiter du magnifique spectacle des Moto3 sans y être impliqué. Et enfin, mon cœur a 62 ans, or le Moto3, c’est une course de dingos. On peut avoir son pilote en tête à 3 virages de la fin du dernier tour et que celui-ci termine hors des points. Donc je laisse ça aux team managers plus jeunes ou moins impliqués (rires) ».

A suivre ici…

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