pub

Le test officiel au Qatar débute demain, et cette année, il est plus important que jamais. Avec seulement 5 jours de tests (6 pour les équipes ayant des rookies et celles ayant des concessions) sur un circuit unique, cela devrait être une semaine cruciale pour toutes les équipes et tous les pilotes afin de préparer au mieux la saison.

Toutes les équipes étant soumises au gel technique des moteurs, sauf Aprilia, il faut donc s’attendre à voir de nombreuses évolutions visuelles sur les motos, sans doute plus que par le passé.

Les équipes ont travaillé dur cet hiver dans les domaines qui étaient autorisés par le règlement : les échappements, l’aérodynamique, les petits ajustements de châssis et les avancées électroniques.

Le Qatar étant le seul circuit sur lequel les équipes MotoGP réaliseront des tests de présaison, il est encore plus crucial qu’ils évaluent soigneusement les nouvelles pièces. Cela n’est pas sans rappeler Honda l’année dernière, où leur nouvel aéro fonctionnait à Sepang mais pas au Qatar.

 

 

Commençons par Aprilia, qui est le seul constructeur qui a le plus à gagner et le moins à perdre en cette saison 2021.

La toute nouvelle RS-GP qui est apparue la saison dernière leur a permis de trouver une vitesse qu’ils n’avaient pas auparavant. Mais, en raison d’un manque de temps de tests en piste, ils ont découvert plus tard des problèmes de longévité des moteurs qui les obligeaient à limiter le régime, et revenait à concéder un déficit de puissance par rapport aux autres usines.

Une fois de plus, il semble qu’Aprilia ait un bon châssis qui donne une moto à relativement maniable, mais ils n’ont pas la puissance pour rivaliser avec les autres motos. L’usine de Noale étant la seule équipe autorisée à développer leur moteur pendant l’intersaison, il y a fort à parier qu’ils ont travaillé dur pour combler l’écart.

Ainsi, la RS-GP 2021 semble avoir reçu des évolutions au niveau moteur, un châssis retravaillé, un nouveau bras oscillant en carbone, de nouveaux échappements et que les ingénieurs ont beaucoup travaillé sur le développement de leur ensemble électronique.

Si ce package fonctionne, il y a fort à parier que cette machine sera régulièrement dans le top 10.

 

 

Honda sera également une des équipes à suivre en 2021. Le HRC a subi la saison la plus compliquée de leur histoire, mais malgré cela, les machines japonaises se sont battues pour une victoire en Aragon et sont montées à 2 reprises sur le podium avec un pilote débutant, Alex Marquez.

Tout le monde connaît l’histoire de Marc Marquez et de sa blessure. Le nonuple Champion du Monde ne reprenant l’entraînement que maintenant, il semble que son retour soit encore incertain. Ainsi, Honda a énormément travaillé dès 2020 pour rendre la RC213V plus praticable pour tous.

Le nouveau châssis que l’on aperçoit ici est très différent. La poutre principale est plus haute, avec un profil beaucoup plus large et la section en dessous est également très différente. C’est cette section qui intrigue car le bras oscillant, la tringlerie arrière et l’amortisseur arrière sont tous boulonnés à cette zone. Il y a de nombreux efforts qui traversent cette partie du châssis et un si grand changement dans la conception affectera certainement le comportement de la moto sur la piste.

 

 

Honda a également testé un nouvel échappement à Jerez. Avec le développement du moteur gelé pour tous sauf Aprilia, l’optimisation de la puissance délivrée en changeant l’échappement semble avoir été une préoccupation de nombreuses équipes.

 

 

On se souvient également que Yamaha avait souhaité modifier son échappement l’année dernière. Avec les inquiétudes concernant la longévité de leur moteur, il semblait que l’idée de l’échappement mégaphone était de réduire la pression sur les soupapes et d’essayer de trouver également de la puissance.

Le développement du moteur étant gelé, cela pourrait être une autre année difficile pour Yamaha, mais il faut se rappeler qu’une fois que Yamaha a réglé le problème avec ses soupapes, aucun autre dysfonctionnement moteur n’est venu entacher la saison 2020 de l’équipe au diapason.

 

 

Un des autres points noirs chez Yamaha est l’incohérence de leur machine 2020. Franco Morbidelli a terminé 2e du Championnat du Monde la saison dernière en ayant une machine de 2019, c’est-à-dire qu’il a terminé devant les trois Yamaha d’usine 2020.

A quoi ressemblera la nouvelle machine de Yamaha lors des tests du Qatar ? Verrons-nous quelques ajustements de châssis ? Sans doute, mais la question reste ouverte, car c’est également la seule marque qui n’a pas fait de tests durant l’intersaison.

Bien que les motos d’usine Yamaha aient terminé respectivement 6e, 8e et 15e au classement du Championnat du Monde, elles ont remporté 4 victoires et 3 podiums. Il semble donc que Yamaha ait au moins une partie de leur package qui fonctionne, il leur suffirait sans doute de trouver quelques petits changements pour améliorer leur cohérence. Il faut s’attendre à voir quelques évolutions sur les Yamaha, mais sans doute pas de révolution pour 2021.

 

 

KTM a vécu sa meilleure saison dans la catégorie reine, et de loin : trois victoires, une pour Brad Binder et deux pour Miguel Oliveira, qui seront coéquipiers dans le team usine en 2021.

La moto avait des performances moteur phénoménales en 2020, l’une des plus fortes de l’année, mais elle avait des soucis d’adhérence, que ce soit la traction en sortie de courbe ou lorsque la température de la piste était un peu plus basse.

L’équipe autrichienne a travaillé dur pour peaufiner leur RC16 pour 2021, et malgré la récente blessure de Mika Kallio, on peut penser que les orientations que donnera Dani Pedrosa seront précieuses lors des tests.

 

 

Suzuki a enfin retrouvé le statut de «Champion» après 20 longues années, et cette équipe était également très populaire.

La clé du succès de Suzuki était la nature relativement délicate de la GSX-RR avec les pneus. Les pilotes arrivent en fin de la course avec moins d’usure des pneus que leurs concurrents. Une grande partie de cela est due à leur châssis. On pense qu’il est un peu plus soft que d’autres, ce qui signifie qu’il fléchit à des angles d’inclinaison élevés, permettant au châssis de faire office de suspension et de soulager la pression des pneus sur l’angle.

Mais c’est aussi cette même force qui leur donne leur plus grande faiblesse : les Suzuki sont rarement bien placées en qualification. Et pour cause, pour réaliser un bon un tour de qualification, vous avez besoin d’un châssis plus rigide. L’usure des pneus n’est pas un problème pour les qualifications, il s’agit de tout pousser à sa limite.

Si Suzuki est capable de peaufiner son châssis pour s’améliorer en qualifications et garder leur nature délicate avec les pneus, les autres équipes pourraient être dans une situation délicate cette année encore.

 

 

Ducati est la seule usine qui aligne 6 motos sur la grille, ce qui leur permet d’engranger encore plus de données, avec des styles de pilotage variés. Que ce soit dans l’équipe officielle, totalement renouvelée cette année, mais aussi avec l’expérience de Johann Zarco chez Pramac ou encore les débutants Jorge Martin, Luca Marini et Enea Bastianini, il y a fort à parier que les GP21 de l’usine de Borgo Panigale feront parler la poudre cette année.

Les Ducati sont régulièrement devant en vitesse de pointe, ce qui est notamment dû à leur puissance phénoménale et aux innovations techniques telles que le Holeshot Device, qui est désormais utilisable en roulant et que les autres usines utilisent aussi. Néanmoins, qui dit puissance, dit usure des pneus, et ce sont aussi les pneus qui leur ont posé des problèmes l’an dernier. Cela dit, Ducati est la marque qui innove le plus depuis de nombreuses années. Quelques vidéos du travail acharné des ingénieurs et techniciens Ducati durant l’hiver, ainsi que des photos de la GP21, nous laissent à penser que de nombreuses évolutions techniques vont lui permettre de palier à ces soucis : une nouvelle Salad-Box, un holeshot device repensé ne sont que quelques pièces qui ont déjà été aperçues en piste !

En effet, les secrets de Gigi Dall’Igna et son équipe technique ont permis à l’usine de Bologne d’être sacrée Championne du Monde constructeurs en 2020, et l’objectif 2021 est de remporter la triple couronne.

 

 

Les tests du Qatar de cette année sont encore plus importants que les autres années. Étant donné qu’il s’agit de la seule piste sur laquelle les pilotes d’usine peuvent rouler avant le début de la saison, chaque session de roulage sera cruciale.

Les équipes ont déjà de nombreuses données des années précédentes, elles savent ce qui fonctionne au Qatar, ce qui ne fonctionne pas et ce que cela peut signifier lorsqu’elles se rendent sur d’autres circuits. Les ingénieurs vont être très occupés lors des semaines à venir, en parcourant des pages et des pages de données, en trouvant les incohérences, les bons points, les mauvais points.

Lorsque le drapeau à damier flottera lors de la dernière session de test le 12 mars, il faut espérer que tous les teams soient prêts pour la saison 2021, qui s’annonce passionnante !

Photos : Dorna