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Après le Bol d’Or en septembre 2019, puis les 8 H de Sepang en Malaisie lors du mois d’octobre, le Championnat du Monde d’endurance a offert aux amateurs un très beau spectacle au Mans. La Honda a pesé de toute son impressionnante force pour l’emporter.

En l’absence de spectateurs sur place, 150 000 fans ont regardé 1,9 million de fois les 30 vidéos publiées, alors que 9,3 millions de personnes étaient touchées par les publications de l’organisateur, avec plus de 400 000 interactions. Avec une pointe d’humour, on dira qu’il a beaucoup plu, mais que les spectateurs étaient au sec.

Comment François Ribeiro (Head of Eurosport Events) voit-il la situation actuelle du Championnat du Monde entre Le Mans et Estoril ?

Selon le responsable de l’EWC, comment se présentent les 12 Heures d’Estoril, dont voici les horaires ?

« On est plutôt confiant. Je pense qu’on aura entre 20 et 25 motos. On perd quelques équipes parmi les teams permanents. On n’arrivera pas à 30 motos parmi les engagés permanents parce qu’on n’a pas pu trouver d’évènement exactement à la date du Bol d’Or. J’avais une discussion avec Magny-Cours, mais ce circuit n’est pas arrivé à se défaire de sa date pour y faire une course de douze heures. Il n’a pas pu se défaire de l’engagement qu’il avait pour les 19 et 20 septembre avec un client. »

« C’est ce qui aurait le plus facilité la vie des teams parce c’est ainsi que personne n’aurait eu à changer les dates de ses vacances, ni les jours posés vis-à-vis des employeurs. C’était la solution qui aurait facilité de loin la vie pour les teams, surtout les privés. »

« La seule solution qu’on ait trouvé a été Estoril la semaine d’après. Avec l’annulation ou le report de tous les évènements entre – en gros – mars et août, et jusqu’en automne, la disponibilité des pistes est invraisemblable ! Cela tient quasiment du miracle qu’on ait réussi à trouver, avec l’aide du Président de la FIM Jorge Viegas, au dernier moment, une date disponible en septembre sur un circuit comme Estoril. »

« Le Tati Team m’a par exemple expliqué le mariage prévu de son fils et pilote Julien Enjolras booké pour le 27 septembre depuis un an ! Je ne peux pas lui en vouloir dans ces circonstances-là de ne pas venir à Estoril. Certains de ces teams sont dans la difficulté, mais nous aurons malgré tout une très belle grille, et surtout je pense qu’on aura quelques très belles surprises au niveau des pilotes. »

Que l’on peut commencer à évoquer ?

« Ce sont les teams qui vont les annoncer. »

Avez-vous été satisfait dans l’ensemble des dernières 24 H Motos au Mans ?

« Ce fut une très bonne décision, très courageuse, qu’on a pris avec l’ACO et Eurosport Events de faire les 24 Heures Motos à huis clos. Ça a été un exercice très difficile, très douloureux financièrement parce qu’on a dû organiser l’évènement avec les trois quarts de ses recettes en moins. Mais malgré tout au niveau sportif, on a dû le faire au niveau sportif sans le moindre compromis sur l’organisation, sur la sécurité, etc. »

« Mais Dieu sait qu’on a bien fait de le faire, parce que je sais que si on ne l’avait pas fait on s’exposait à prendre le risque d’une saison blanche. Or, avec une saison blanche pour l’éco système de l’endurance, on aurait risqué de mettre par terre plus de la moitié de la grille qui risque de perdre des sponsors et de se retrouver avec des problèmes de structure, de salariés, d’amortissement, d’obligations contractuelles diverses et variées, qu’il s’agisse de gros teams, de moyens, ou de privés. »

« Je suis donc très reconnaissant de ce qu’on a réussi à faire. On l’a fait pour le bien du Championnat, pour le bien des teams, et pour la continuité du Championnat. On n’avait pas réussi à le faire avec le Bol d’Or. On aurait pu le faire à Suzuka. Ils étaient prêts à le faire à huis clos, et seront prêts à le faire si c’est nécessaire l’année prochaine. Le problème qui se posait était celui de l’entrée au Japon. Accéder au Japon sans quarantaine est impossible. »

« Les 24 H Motos se sont déroulées au Mans dans de bonnes conditions, ce qui a aussi servi de test en grandeur nature pour cette semaine les 24 H du Mans Autos. »

« Quand on s’est regardés dimanche matin avec Pierre Fillon, le Président de l’ACO, pas une seule seconde nous n’avons regretté la décision que nous avons prise ensemble de le faire. C’est très difficile, car voir la descente du trophée devant les teams sur la grille de départ, sans l’atmosphère ni les fans, je peux vous assurer que ça nous a vraiment fait mal au ventre car ce moment est extraordinaire de par sa communion entre le public et les équipes. Mais quand on s’est regardé le dimanche à l’arrivée, on a constaté que c’était de très loin la meilleure décision qu’on pouvait prendre. »

Le spectacle télévisuel des 24 H Motos a enthousiasmé beaucoup d’amateurs. La qualité a égalé la durée. Peut-on s’attendre à un même niveau de spectacle au Portugal ?

« Oui, je le pense. Mais il ne faut pas tirer de raccourci. Les audiences télé ont été les plus grandes depuis qu’on organise le Championnat en 2015, mais pour moi, ce n’est pas dû au huis clos. C’est dû au fait que pendant six mois, les fans de motos ont été privés de retransmissions en direct. »

« Il y avait donc un appétit très fort à retrouver des courses de motos à la télé, même si les 24 H Motos au Mans  disputées fin août étaient une espèce d’inconnue. L’envie de retrouver du sport en direct à la télé l’a finalement emportée. »

Comment s’est traduite l’arrivée de Michelin (son retour, plus exactement) dans le milieu de l’endurance ?

« C’est un retour de qualité, qui a été différent de Bridgestone qui a choisi deux top teams et de jouer la gagne, de venir avec un produit de développement, comme des pneus de qualif. »

« Quand Michelin m’a signifié il y a plus de 18 mois son envie de revenir en endurance, ils m’ont dit que leur philosophie était de proposer leurs produits disponibles dans le commerce. L’idée n’était pas de venir avec une armée d’ingénieurs et des produits de développement, mais que des teams contribuent au développement et à la fiabilité des produits que les clients peuvent acheter. »

« C’est une philosophie que je trouve très intéressante pour l’endurance. Ils ont signé un bon retour avec un produit qui fonctionne extrêmement bien, et qui est redoutable sous la pluie comme on l’avait vu à Sepang sous la pluie. J’ai demandé à Michelin de ne pas venir marcher sur les plates-bandes du Dunlop Independant Trophy, ce qu’ils ont fait. Ça apporte au spectacle de l’endurance. »

« C’est certainement le seul Championnat du Monde dans lequel Michelin peut réellement mettre en valeur ses produits du commerce dans un environnement compétitif. Donc je ne suis pas étonné de leur retour, ni de leur philosophie qui me convient très bien.

Il y a deux grandes bagarres en marge de la lutte pour le titre mondial. Wójcik Racing Team, VRD Igol Pierret Experiences et 3ART Best of Bike, tous sur Yamaha, luttent pour la place de meilleur indépendant.

En Coupe du Monde FIM Superstock, Moto Ain sur Yamaha se présentera à Estoril avec un avantage de 26 points sur le team allemand GERT56 by GS Yuasa sur BMW, devant les Italiens du No Limits Motor Team avec leur GSX-R.

De ces deux classements particuliers, quel est le plus intéressant ?

« Ni l’un ni l’autre, il n’y en a pas un de plus intéressant que l’autre. Dans une course d’endurance, il y a le temps, le luxe, contrairement à une course de sprint, non seulement d’aller filmer la tête de course, mais aussi là où est l’action, et où sont les bagarres aux différents niveaux dans le classement. Ces teams privés font un super travail et le niveau est terriblement monté en endurance ces dernières années. »

« Il n’est pas monté uniquement parce que les teams de tête ont monté leur niveau. Le niveau de l’EWC a surtout progressé parce que les équipes privées aujourd’hui opèrent à un niveau qui est beaucoup plus proche de celui des usines. »

« Il est certain qu’on traverse une période difficile, mais je pense qu’on n’a pas fini d’attirer de nouvelles équipes, de nouveaux teams d’horizons différents, de diverses nationalités, qui regardent le Championnat en posant des questions, et qui estiment que ce n’est peut-être pas une mauvaise option pour eux. »

Vidéo : Les grands moments des dernières 24H Motos :

Vidéo : Présentation des 12 Heures d’Estoril :

Les grandes dates du « Circuito do Estoril » :

16 juin 1972 : inauguration du circuit

10 mai 1987 : 1000 km d’Estoril remporté par le Suzuki Endurance Racing Team

1993 : rénovation des stands, du paddock et de la tour de contrôle

1997 : grands travaux de mise aux normes de sécurité

1999 : réouverture du circuit

28 mai 2000 : 8 Heures d’Estoril remporté par le Suzuki Endurance Racing Team

3 septembre 2000 : 1ère course MotoGP

Photos © Good-Shoot.com pour EWC