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De Alessio Piana / Corsedimoto.com

Roberto Rolfo a conquis une fantastique 2e place au classement général du Bol d’Or 2021 : Une belle émotion, mais il ne sera pas au départ des 6h de Most avec Moto Ain Yamaha. Dans cette interview, il en révèle les raisons.

Présent permanent depuis 2018 en Endurance, Roberto Rolfo est devenu en quelques années l’un des meilleurs interprètes des courses de motos d’endurance, avec à son palmarès de deux Coupes du Monde Superstock au cours des deux saisons précédentes, et décrochant avec Moto Ain Yamaha une étonnante deuxième place au classement général du Bol d’Or 2021 récemment organisé sur le Circuit Paul Ricard du Castellet. Des 24 heures convaincantes, où le Vice-Champion du Monde 250cc 2003 a fait ses preuves en s’illustrant dans la phase nocturne très compliquée de la course, car mouillée par la pluie. Un beau résultat, toutefois suivi ces jours-ci par la décision de ne pas affronter les prochaines 6 heures de Most programmées par le calendrier. Un choix strictement lié à certaines situations vécues au sein de l’équipe, expliquées dans cet entretien.

Deuxième place au classement général du Bol d’Or, votre premier podium en EWC. Compte tenu de l’évolution des 24 heures, vous attendiez-vous à un tel résultat lors de la première saison dans la catégorie reine ?

« Honnêtement, un résultat inattendu ! Après la onzième place en qualifications,  je pensais avant la course qu’un classement de la cinquième à la septième place pouvait être obtenu. Sans aucun doute, les abandons des équipes officielles nous ont aidés, mais en revanche cela fait partie du jeu en Endurance. L’équipe m’a assuré que, par rapport au Mans où le moteur a subi une casse, rien n’a changé. Nous avons couru avec un moteur « standard », même si à vrai dire il me semblait plus performant au Mans. En tout cas, notre moto était plus que bien réglée et, avec de la constance, nous avons pu remonter. Je suis heureux d’avoir obtenu un ‘vrai’ podium au Bol d’Or. En 2019, nous avions gagné en Superstock, mais la course avait été raccourcie à 13 heures à cause du déluge, tandis qu’en 2018, nous avions abandonné directement.
C’était mon premier vrai Bol d’Or et le podium est une énorme satisfaction. D’ailleurs, le Castellet est le premier circuit sur lequel j’ai roulé. J’avais 12 ans et j’ai pris la piste, sur le petit circuit, avec la Honda RC30. Je dois admettre que le Paul Ricard est toujours un circuit très rapide et excitant à piloter. »

La comparaison est peut-être déplacée, mais avez-vous été plus enthousiasmé par les cinq victoires en Superstock ou un podium au général en Endurance ?

« Le podium général est très différent. Il n’y a jamais eu de véritable face-à-face comme en Superstock où, il faut le dire, nous étions beaucoup plus compétitifs grâce à l’expérience de l’équipe et à la rapidité des mécaniciens lorsqu’on s’arrêtait dans les stands. D’une certaine manière, les victoires en Superstock ont été plus gagnées « sur le terrain » grâce à notre vitesse. Cependant, un podium EWC est une grande émotion. On a fait plus attention à nous et j’en ai été très heureux. Je regrette aussi que la catégorie Superstock soit moins suivie, alors qu’il s’agit en fait d’une catégorie très compétitive. En témoignent les temps au tour cette saison, où l’équipe No Limits a également très bien fait. Pour en revenir à la question, oui, ce podium m’a procuré plus d’émotions dans l’absolu»

S’il faut voir un point délicat dans cette deuxième place au Bol d’Or, ce sont les 19 tours concédés aux vainqueurs, l’équipe Yoshimura SERT Suzuki…

« Oui, les tours que nous avons concédés sont objectivement beaucoup. C’est pourquoi nous nous attendions à terminer entre la cinquième et la septième place, pas sur le podium. Pour parvenir à un tel résultat, vous avez besoin de la malchance des autres. Avec notre moteur « standard », Yoshimura SERT Suzuki nous carbonise dans la ligne droite, mais aussi le YART, Honda, Kawasaki, sans oublier BMW… Cette année, le projet EWC a été défini au dernier moment uniquement à cause du budget IPONE, sponsor personnel de Randy de Puniet, qui a permis à l’équipe de définir une transition alors incertaine jusqu’à l’hiver dernier. Pour se battre et rester régulièrement dans le top 5, l’équipe doit se développer et emprunter une partie du travail du YART en termes de soutien de la société mère. Actuellement, le réservoir d’essence et d’autres pièces viennent de Yamaha Italie, mais ce ne sont pas encore des choses tellement suivies par la maison mère parce que, clairement, toute l’attention est placée sur le YART. Pour faire le saut en qualité, il est nécessaire d’avoir plus de suivi de Yamaha, afin de ne pas rester une bonne équipe, mais loin des positions qui comptent. »

Quel a été le meilleur souvenir et le moment le plus difficile au Bol d’Or ?

« Le podium, bien sûr. La conduite de nuit également : J’aime conduire le plus possible et, pour diverses raisons, j’en ai eu l’occasion à cette occasion. L’aspect négatif est un peu l’attitude du team manager, Pierre Chapuis, qui a changé cette année en raison de la présence de Randy de Puniet. Comme vous le savez, l’Endurance est un championnat typiquement français, et ses pilotes ont donc une certaine notoriété et une certaine audience. Par rapport à l’époque où nous courions en Stock, vous pouvez sentir une attitude différente. Par exemple, lors des qualifications, Mulhauser et moi n’avons pu disposer de pneus neufs qu’à une seule occasion, et non de pneus de qualification, qui n’étaient disponibles que pour De Puniet. La même chose s’est produite lors des essais de nuit où il voulait toujours rouler avec un nouveau jeu de pneus… Pour être honnête, cela nous a un peu fatigués, je parle au pluriel car Mulhauser n’est pas content et il partage la même position que moi.
Nous en avons déjà parlé et cela a été le moment négatif vécu au Bol d’Or, mais auparavant aussi aux 24 heures du Mans. Pour prendre un autre exemple, cette année, nous avons d’excellents freins fournis par Brembo et, comme ils sont neufs, nous avons dû les roder pendant les essais. C’était un travail que seuls Mulhauser et moi faisions. En stock, nous étions tous traités comme des égaux, avec la même attention, mais ce n’est plus le cas. Dans la phase de nuit des 24 heures, nous avons seulement partagé les relais avec Robin parce que De Puniet ne voulait pas rouler… Je suis un pilote qui aime rouler le plus possible, mais ce sont des attitudes qui nous ont rendu un peu tristes. En ce qui me concerne, je ne suis pas démotivé, car je trouve toujours la motivation, mais la répétition de certaines situations m’a poussé à prendre la décision de ne pas courir à Most. »

Vraiment ?

« Oui, j’ai déjà communiqué cela à l’équipe. Je suis désolé, car j’ai toujours essayé de m’impliquer pour le bien du projet. Cette année, nous avons reçu le soutien de SC Project, qui nous a fourni des échappements de développement ainsi que des pièces détachées, résultat de mon intermédiation puisque ce sont mes connaissances. Ariete a également soutenu notre cause pour les poignées, tout comme Race Seats, qui nous a fourni de nouvelles selles avec un logo dédié. J’ai fait tout ce que j’ai pu et, vu ce changement d’attitude, je ne veux pas me retrouver à nouveau au milieu de situations désagréables. En tant que pilote, je me suis bien défendu dans ces courses, au Bol d’Or j’ai fait les relais les plus compliqués quand il a commencé à pleuvoir pendant la nuit. C’est dommage, maintenant je vais essayer de trouver une autre situation pour l’année prochaine. »

Décision finale ?

« A Most, je ne serai assurément pas là, je l’ai fait savoir à Pierre Chapuis. Pour 2022, je ne vois pas les conditions requises si la situation ne change pas, et si, en même temps, une proposition concrète arrive. Je suis désolé parce que tout cela arrive à un moment où nous revenons d’un excellent résultat, mais par rapport aux trois années précédentes en Superstock, où les pilotes et les mécaniciens prenaient plaisir à courir et à obtenir des résultats prestigieux, quelque chose a changé. Je tiens à souligner que j’ai toujours été très heureux du travail technique de l’équipe, qui a été d’un haut niveau depuis le Superstock et maintenant, avec le matériel disponible, nous sommes également en EWC. Il est clair que je ne suis pas heureux de quitter Moto Ain, mais d’un autre côté, il s’agit d’un problème lié au directeur de l’équipe et à des questions d’organisation, les plans ayant été modifiés en cours de saison pour suivre d’autres priorités non discutées auparavant. Nous en reparlerons à la fin de la saison lorsque je me rendrai à Bourg-en-Bresse (siège de l’équipe, ndlr). En ce qui me concerne, je veux continuer à courir : A 41 ans, je me sens en forme, je suis rapide et je suis encore compétitif dans un championnat comme l’Endurance. Dans les prochains jours, je vais commencer à bouger, peut-être qu’une proposition concrète et intéressante verra le jour. »

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Alessio Piana