De Massimiliano Garavini / Corsedimoto.com

Qui gagnera le Championnat du Monde ? Qui sera la surprise ? Tout le monde tente actuellement de faire des prévisions.


Howard Cosell, doyen des journalistes sportifs aux Etats-Unis, avait l’habitude d’affirmer « qu’il existe deux métiers qui peuvent s’exercer avec peu d’expérience : la prostitution et le journalisme sportif. Trop souvent les deux sont la même chose. » Est-ce exagéré ? Certainement, mais lorsque l’on voit surgir le florilège médiatique des sondages de fin d’année à propos des futurs championnats, le doute est permis. Tenter de deviner n’est pas un crime, mais cela risque de devenir un exercice de style lassant, en plus d’être inutile.

Le réseau anglais qui diffuse le MotoGP en sait quelque chose. Il a dernièrement lancé un sondage qui a tout de la recherche d’un messie : qui remportera le titre 2019 ? Combien et quelles courses Valentino Rossi gagnera-t-il ? Jorge Lorenzo parviendra-t-il à marquer 200 points avec la Honda ? Qui créera la surprise ? Ces diverses questions fleurissent tout le long de la longue absence d’actualité qu’est la pause hivernale. Mais seul le temps y apportera des réponses. Pour démolir les sondages et les sondés, il y a les déclarations des pilotes et des personnes travaillant dans le milieu. Pas d’informations retentissantes sur les coulisses mais seulement les précautions que prennent les professionnels pour stopper ces sondages et ces tentatives de toucher le public pour provoquer facilement des polémiques.

S’il n’y a rien à dire et rien à deviner, il ne reste plus qu’à se tourner vers les fans en espérant qu’il en sortira quelque chose. Mais tandis qu’un déluge de prévisions s’abat sur eux durant cette période, ils ne peuvent que constater que les rares interviews des protagonistes du Mondial sont contraires aux sondages effectués. Valentino Rossi déclare par exemple à speedweek.com, à propos de son avenir et des prévisions sur des titres et victoires, que « ce ne sont que des chiffres qui ne comptent pas beaucoup en cette période », ce qui permet de calmer les fantaisies. Même chose pour Jorge Lorenzo qui affirme : « je crois que beaucoup d’attentes se créent car, avec Márquez, nous totalisons à deux 12 titres mondiaux et de nombreuses victoires. Et puis il y a beaucoup de talent et beaucoup de vitesse dans l’équipe la plus récompensée de l’histoire. »

Nous sommes très forts pour faire des conjonctures dans tous les sens, mais il faut noter que les sondages se concentrent plus sur les pilotes que sur les aspects techniques de leur matériel, élément important à prendre en compte. Personne, par exemple, ne fait de prévisions sur le fonctionnement des « spoilers arrières » ou du becquet vue sur la Desmosedici à Jerez, ou (toujours pour rester chez Ducati) sur le curieux parallélogramme en aluminium qui reliait l’amortisseur arrière à l’étrier de frein. Le débat qui pourrait se créer entre les lecteurs connaisseurs et les passionnés novices serait techniquement intéressant pour combler l’absence d’actualité. Mais prédire l’avenir des pilotes plaît plus. Pourtant, pour citer Vujadin Boskov : « il n’y a de victoire que lorsque le chrono l’a dit, et non pas les sondages. »

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Auteur : Massimiliano Garavini