MotoGP Aleix Espargaró : “la Catalogne fut l’un des pires jours de ma vie et Assen le meilleur moment de ma carrière”

Aleix Espargaró fait partie de ces pilotes qui rechargent leurs batteries à chaque instant qui s’écoule, tellement leur saison en cours dépasse toutes leurs attentes. Pour l’officiel Aprilia, les planètes semblent s’aligner au fur et à mesure que les courses s’égrènent cette saison et il irradie cette énergie positive avec ce sourire rayonnant qui contraste avec la grise mine de son frère cadet Pol qui se voyait à cette place de prétendant au titre en signant pour Repsol Honda. Aleix a un moral d’un acier d’autant plus trempé qu’il ne lui a fallu que deux Grands Prix pour effacer la déconvenue de l’arrivée du Grand Prix de Catalogne…

Si, à cette occasion, il a perdu neuf points bêtement en passant pour un benêt qui ne voit pas les drapeaux à damier, à Assen, il est apparu comme un héros après une remontée dantesque qui lui a permis de reprendre 13 points sur le leader du championnat Fabio Quartararo… Un vrai ascenseur émotionnel qu’il décrit dans une intervention sur Movistar+ repérée sur Todocircuito. Il commence par la bévue : « ce fut l’un des pires jours de ma vie et de ma carrière sportive. J’ai eu du mal à l’oublier. J’étais tellement concentré que je n’ai remarqué que l’écart avec le pilote qui me suivait et qui était Jorge Martín. J’ai traversé un mauvais moment. Même mes enfants n’ont pas pu me consoler ».

Il ajoute : « je n’ai pas vu le ‘L1 ‘ et j’ai pensé que c’était fini, et tout le monde a commencé à me dépasser, et je me suis dit “Mon Dieu, tu as foiré. J’étais foutu, j’ai passé un mauvais moment, une merde. Je ne pouvais pas m’arrêter de pleurer, je me suis dit “quelle façon de faire aussi ridicule dans le Grand Prix à domicile”. La seule chose à laquelle je pense, c’est que j’arrive à Valence et que je perds ça championnat de 9 points… ».

Aleix Espargaró : “à Assen, j’ai fait un dernier tour presque suicidaire“

Mais il en a aussi récupéré aussi 13 à Assen qui lui a redonné ce rictus carnassier qui est sa marque de fabrique : « C’était brutal. Quand Fabio m’a frappé, j’ai cru que tout était perdu. Mais quand je l’ai vu par terre, j’ai pensé : il ne marque même pas un point et je me suis dit : ‘Aleix, tu n’as que des points à gagner’. J’ai encore la chair de poule quand je vois le dernier dépassement. J’ai fait un dernier tour presque suicidaire ».

L’aîné des frères Espargarò ne s’en cache pas, il vit le meilleur moment de sa carrière : « tout ce que nous vivons cette année est comme un rêve » dit-il. Et il pense à Aprilia : « Aprilia a beaucoup de titres dans de petites catégories, mais en MotoGP, ils sont relativement nouveaux. Ce n’est pas qu’ils n’ont pas gagné, c’est qu’ils n’ont pas eu de podiums ou quoi que ce soit. Cette année, nous avons obtenu des podiums, victoires, pole positions… Chez Aprilia on est super content, imaginez ce qu’on vit c’est du rêve. Après la dernière course, où on a toujours une réunion technique, je leur ai dit ‘les gars, merci pour ce qu’on vit cette année. Ils avaient envie de pleurer. Pour nous, un top 5 du championnat, c’était la bombe, et nous nous battons pour un titre mondial. Ils font un boulot de fou ».

Aleix Espargaró termine son intervention sur un sujet généralement tabou qui est celui des salaires. Et il y va franchement : « je vais vous dire la vérité. Je jure sur mes enfants que ma femme s’occupe de tout et je ne suis pas en mesure de vous dire combien d’argent j’ai en banque. Avec Aprilia plus ou moins, sur les derniers contrats de cette année et de l’année prochaine, les pilotes d’usine gagnent environ 2 à 3 millions d’euros, mais ne multipliez pas les 2-3 millions d’euros par les années que j’ai été avec Aprilia, parce que j’aime bien vivre. Ce n’est pas comme si je les plaçais en banque ».

La reprise se fera en août du côté d’un tracé de Silverstone sur lequel Aleix Espargaró avait donné à la RS-GP son premier podium. Un terrain qui est donc a priori favorable pour l’officiel Aprilia et d’autant plus que son rival Fabio Quartararo devra y faire un long lap en course pour solder une punition donnée suite aux événements d’Assen que l’on sait…