Sacré l’an dernier, le pilote Yamaha va remettre son titre en jeu face à une concurrence toujours plus fournie et affutée cette saison.
En 2021, Fabio Quartararo aura porté haut les couleurs du sport français en devenant le tout premier pilote tricolore à remporter le titre dans la catégorie reine depuis l’apparition des championnats de vitesse moto en 1949. Une tâche qui s’annonçait pourtant ardue pour le Niçois, qui avait déjà fait très fort l’année précédente en remportant ses trois premiers succès pour le compte de l’équipe satellite Petronas Yamaha SRT (devenue depuis Yamaha RNF), avant de connaître un coup de moins bien en cours de saison.
Tout cela sans compter la pression d’être le pilote choisi par la marque aux trois diapasons pour remplacer son pilote phare, Valentino Rossi, véritable égérie de la structure d’Iwata, qui avait entamé sa relation avec l’Italien en 2004 et remporté avec lui quatre titres (en 2004, 2005, 2008 et 2009).
Une saison 2021 maîtrisée à la perfection
Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que Quartararo n’a pas déçu, avec une saison maîtrisée de bout en bout avec un total de cinq pole-positions et cinq succès – deux autres victoires auraient d’ailleurs pu lui échoir, à Jerez et en Catalogne, s’il n’avait pas été victime d’un arm-pump dans le premier cas et d’un problème de combinaison dans le second – et dix podiums.
Avec pour issue un premier sacre en MotoGP à Misano le 24 octobre 2021, alors qu’il restait encore deux courses à disputer. Un couronnement qui semble avoir surpris le jeune français de 22 ans, qui reconnaît avoir eu du mal à réaliser sur le moment : « Pour être honnête, je réalise bien mieux aujourd’hui qu’il y a trois mois à Misano que je suis Champion du monde. Je suis extrêmement concentré et déterminé sur le travail de 2022, mais bien sûr les moments vécus l’an passé m’apportent beaucoup de motivation. »
“Je réalise bien mieux aujourd’hui qu’il y a trois mois que je suis Champion du monde”
S’il a ainsi confirmé être un pilote diablement rapide l’an dernier, Quartararo a également su faire preuve d’une remarquable régularité, notamment lors du réveil de ses adversaires en seconde partie de saison, avec la montée en puissance en particulier de Pecco Bagnaia.
Mais le numéro 20 n’a pas tremblé et a su faire le dos rond pour gérer à merveille son avantage comptable au championnat, comme l’explique le directeur exécutif de Yamaha Motor Racing, Lin Jarvis : « Fabio a débuté la saison dernière en fanfare : il a remporté la deuxième puis la troisième course de la saison, et par la suite il était sur des rails et n’a pas départi de son objectif. Je pense donc qu’on a vraiment vu le meilleur Fabio l’an dernier, car il a remporté cinq courses, mais au-delà même de ces succès, qui étaient bien sûr importants, il a su faire preuve d’une grande régularité, ce qui est primordiale si vous voulez gagner le championnat. »
Moins de pression sur les épaules en 2022
Pilote parfois primesautier dans ses (plus) jeunes années, Quartararo a par ailleurs entrepris un véritable travail sur lui-même ces dernières saisons pour parvenir à garder la tête froide dans la majeure partie des situations – là où il lui arrivait encore d’avoir des sauts d’humeur lors de ses deux premières saisons dans la catégorie reine, par exemple à l’issue du GP d’Emilie-Romagne 2020 où il s’était plaint avec véhémence auprès de la Direction de course d’avoir été sanctionné après-coup pour avoir dépassé les limites de la piste, chutant ainsi d’un podium chèrement acquis.
Son sacre obtenu l’an dernier a par ailleurs permis à Quartararo de briser un plafond de verre et d’avoir un déclic sur le plan mental pour se sentir encore plus légitime et à-même de jouer (et surtout de remporter) le titre. « Je pense que Fabio va débuter cette saison avec un moindre poids sur les épaules, car le fait de remporter ce premier titre est très important, et ce pour tous les pilotes », analyse Jarvis. « Une fois que vous l’avez remporté, vous vous en savez capable, et vous éprouvez le besoin de vous imposer à nouveau. »
“Une fois que vous l’avez remporté [le titre], vous vous en savez capable, et vous éprouvez le besoin de vous imposer à nouveau”
« Mais cela n’est pour autant pas facile, car le niveau de compétitivité en MotoGP est très élevé. Cependant je ne crois pas que Fabio soit un pilote très affecté par la pression. Il prend au contraire du plaisir, il est rapide, il travaille très bien à la fois avec la moto et son équipe. Je m’attends par conséquent à de grandes choses de la part de Fabio cette saison. »
Un hiver des plus studieux pour Quartararo
Preuve que son titre n’a pas inhibé sa volonté mais au contraire décuplé ses ambitions, le pilote français ne s’est pas reposé sur ses lauriers durant l’hiver, ne s’accordant qu’un temps de repos limité pour favoriser sa préparation pour une saison qui s’annonce la plus longue de l’Histoire du MotoGP, avec 21 manches et une concurrence toujours plus relevée. « Cette pause hivernale a été assez différente des autres », assure ainsi Quartararo. « Pour moi cela a bien sûr été appréciable car j’ai pu célébrer mon titre avec ma famille, mes amis et mon équipe. Mais pour autant je n’ai jamais arrêté de m’entraîner. Je n’ai jamais fait de pause supérieure à plus de trois jours. Je me suis au contraire entraîné dur, car je suis vraiment motivé à l’idée de renouveler le même type de résultats qu’en 2022. En ce sens 2021 m’a vraiment aidé à croire davantage en moi, à avoir davantage confiance, donc ce fut une pause hivernale très positive. »
Il faudra bien cela pour défendre un titre qui devrait lui être très contesté cette année. Ducati fait en effet figure d’épouvantail après sa fin de saison tonitruante en 2021 (quatre victoires lors des six dernières manches, toutes par l’intermédiaire de Bagnaia), alors que les Honda de Marc Márquez et Pol Espargaró se sont montrées particulièrement menaçantes lors des essais de Sepang et de Mandalika. Sans compter les Suzuki qui tenteront par tous les moyens de renouer avec le succès après une année 2021 vierge de toute victoire… Dans ces conditions, Quartararo devra bénéficier de tout le soutien de Yamaha pour faire coup double et confirmer que la France fait désormais bien partie des nations majeures en MotoGP.
