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En ce dimanche 2 mai 2021, Johann Zarco a répondu aux questions des journalistes depuis le circuit de Jerez – Ángel Nieto au terme du Grand Prix d’Espagne.

Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote français.

Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Johann Zarco sans la moindre mise en forme, même si la première partie (vouvoiement) est traduite de l’anglais.


Johann Zarco : « Bonjour à tous ! Je dirais heureux ! Heureux des huit points que j’ai marqués car après la chute à Portimão il était très important pour moi de continuer à progresser au championnat. C’était l’objectif principal. Je savais que les Ducati étaient capables d’être rapides et qu’elles avaient un bon potentiel sur cette piste et j’ai été en mesure de l’utiliser, mais pas absolument à chaque tour. La course a été plutôt bonne en ce qui concerne le rythme. J’ai établi un bon rythme, mais, clairement j’ai connu quelques problèmes pour être très à l’aise, donc la course est devenue plus difficile pour moi à la fin. Les positions que j’ai perdues en début de course m’ont sans doute coûté. Mais globalement c’est une sorte de satisfaction et je suis heureux de voir les deux Ducati faire premier et deuxième. Cela confirme vraiment le sentiment que j’ai sur la Ducati, que le potentiel est très élevé, et quand je pourrai tout faire avec le bon style, je serai encore plus compétitif. Mais avec une course dans laquelle j’ai eu quelques problèmes, j’ai quand même pu être rapide, et nous tournons autour de quelque chose de très bien pour être vraiment relax. Ces 8 points sont très importants pour moi et c’est bien pour travailler demain durant le test, puis préparer le Mans aussi bien que possible. La piste est différente et je pense que cela m’aidera, et tout ce que j’ai appris durant ce week-end sera utile. »

Savez-vous ce que vous allez essayer durant le test ?

« Oui. Nous avons avant tout à faire des essais de suspensions car je suis très sensible aux réglages des suspensions. C’est pourquoi, avec plus de temps et beaucoup de tours, nous essaierons des choses pour, peut-être, ouvrir de nouvelles portes pour moi. Ce sera donc principalement un travail sur les suspensions. Cela ne paraît pas grand-chose mais pour moi, si vous séparez bien l’avant et l’arrière, il y a beaucoup de choses à faire. Donc principalement les suspensions car nous sommes déjà compétitifs et nous n’avons pas besoin d’une révolution. Nous avons juste besoin de trouver quelque chose qui procure un meilleur feeling au pilote. »

Après la chute à Portimão, l’objectif principal était de te rassurer ?

« Exactement ! Ça m’a fait du bien de terminer la course. Sur le coup, une petite déception parce que huitième ce n’est pas extra, et avoir un peu de difficultés sur la fin me contrariait, mais lorsque je vois que je suis seulement à 7 secondes du premier, ce n’est finalement pas énorme, parce que justement j’avais quelques soucis et je n’étais pas complètement à l’aise. Miller qui gagne, même pour le championnat c’est très bien. Bagnaia a bien confirmé et on va dire que ma chance au championnat, c’est que Fabio n’ait pas pu prendre beaucoup de points, parce que s’il avait pu gagner ce weekend, je pense que la différence au championnat aurait été plus importante pour ma pomme. Donc de ce côté-là, disons qu’il y a du positif au championnat, comme pour la course. »

Qu’est-ce qui s’est passé au départ et quels étaient tes soucis en fin de course ?

« Alors au départ, je pense déjà que je n’ai pas eu une super sortie de grille, et les autres ont été vraiment confiants sur les cinq premiers virages. Moi, je n’arrivais pas à emmener la moto où je voulais vraiment comme il faut. Donc tout ça, moi qui n’étais pas vraiment en mesure de bien gérer la moto, plus les autres qui semblaient quand même bien confiants sur le début de course, ça a fait un combo qui a fait que j’ai perdu pas mal de places.
Par exemple la confiance de Rins était peut-être presque un poil trop, parce que le fait qu’il se soit écarté, il est tombé. Binder, je pense qu’il aurait pu être très fort, mais malheureusement il a aussi chuté dans le virage 2. Donc voilà : Tout ça, on voit qu’on est à la limite, et parfois, quand on essaie de faire la différence, parce qu’on s’en sent capable, on peut être surpris et je n’ai pas voulu faire cette erreur. Et ensuite, rythme de course plutôt bon. J’ai un peu perdu de temps derrière Viñales. J’ai pu le passer à un moment, mais pareil, j’ai fait une erreur et il m’a repassé et a ensuite tenu un bon rythme. Mais tous ces chronos en petit 38 étaient vraiment intéressants, donc ça c’était bon. Le truc, c’est que j’étais en capacité de les faire, mais avec un peu trop de demande d’énergie, c’est-à-dire un petit peu trop de compensation physique. Et ça fait qu’à la fin, au lieu de pouvoir remettre un coup de collier pour aller gagner une ou deux places, c’est plus subir les derniers tours pour terminer. Donc c’est ça, en fait, la difficulté de fin de course, parce que je manque d’aisance. »

Francesco Bagnaia a fait remarquer que les pilotes de la VR46 Academy n’avaient jamais eu à se faire opérer du syndrome des loges, sans doute à cause des entraînements fréquents qu’ils faisaient. Es-tu d’accord avec cela ?

« Je peux être d’accord. Je peux être d’accord parce que c’est vrai qu’ils s’entraînent assez, et avec beaucoup d’intensité, sur leur ranch. Moi, à la fin, j’ai eu mal à l’avant-bras droit parce que c’est celui qui contrôle un peu tout. Mais je sais que quand j’ai mal, pour moi, c’est plus un repère de manque d’aisance que vraiment un syndrome des loges. C’est pour ça : On va tellement vite ! La moto a quasiment tout le temps la capacité, que ce soit la Yamaha, la Ducati ou même d’autres, mais parfois, pour un peu qu’on ne soit pas tout à fait à l’aise, comme on sait qu’on peut aller vite, on le tente, mais ensuite le corps devient un peu à la limite. Donc je pense qu’il y a de ça. Après, Bagnaia gère très bien toute la longueur de course parce que aussi il semble très calme, donc à mon avis il arrive à ne pas sur-forcer quand ça ne va pas bien. Quand ça ne va pas bien, peut-être qu’il est un peu plus en retrait et ne va pas sur compenser et s’épuiser. »

Comment se situe Jerez par rapport à Portimão sur le plan physique ?

« Jerez, c’est moins physique par rapport à Portimão. Là, j’ai eu la douleur à l’avant-bras, je le répète, par ce manque d’aisance. J’ai eu mal à l’avant-bras, c’était dur à la fin, parce qu’il me manquait de l’aisance, surtout dans les virages à droite. Mais physiquement, Portimão est beaucoup plus dur : J’avais de la fatigue dans les jambes, un peu de fatigue dans les bras, et pas seulement les avant-bras mais aussi des triceps, les épaules, parce qu’il y a plein de compressions, alors que là, on va dire que c’est un circuit plat. Là, en fin de course, j’ai analysé avec Jérôme : Je ne me sens pas fatigué, les jambes sont fraîches et il n’y a eu que ce petit coup d’avant-bras. Donc quand on a goûté à Portimão, on voit que Jerez c’est agréable. »

Les performances des motos augmentent dans tous les domaines : Est-ce que les contraintes physiques sont de plus en plus élevées ?

« Je pense que… Oui ! Oui ! Parce que ça accélère plus fort, mais l’aérodynamique est aussi là pour freiner plus fort. Pour se ralentir du mieux possible. Et donc physiquement, je le vois, le corps a évolué avec le temps et si je n’avais pas gagné en force pure, je serais limité à un moment. On voit quand même qu’on a tous des bons gabarits devant. Fabio est plutôt grand, mais il n’est pas maigre. Il est grand, il n’a pas des gros bras mais déjà le fait qu’il soit grand, ça lui donne quand même cette force. Il n’est pas plus grand et mince que Valentino : il est grand et on voit qu’il a de la force. Il n’est pas formé comme un Márquez mais on voit que les gabarits, maintenant, sont plus prêts à encaisser. Bagnaia aussi a des bons bras et ça aide. D’après moi. »

Changes-tu souvent de cartographies durant la course ?

« Ça marche selon le feeling. Il y a des courses où on a pu tout faire sur une map, tellement on se sentait bien et on pouvait gérer la dégradation du pneu seulement avec la poignée de gaz. Mais en général c’est vrai que ça vaut le coup de réduire la puissance au fil des tours. Déjà, la moto devient plus légère, donc il y a moins besoin de puissance à certains endroits. La gomme se réduit aussi, donc si elle se met à patiner on gérera toujours mieux ce patinage avec moins de puissance. Après, ça dépend du feeling du pilote, parce que si on enlève de la puissance on a l’impression qu’on n’avance plus, et donc on panique et on remet beaucoup de puissance. Mais dès qu’on remet beaucoup de puissance, on se remet à patiner et c’est le traction control qui bloque tout. Moi, je vois que l’expérience m’aide pour ça, et je répète : Quand on est à l’aise sur la moto, on est beaucoup plus lucide pour juger de ce qu’on a besoin et à quel moment. Le team fait des suggestions, on n’est pas en oreillette mais on a quand même des suggestions. C’est plutôt des suggestions « tu vois avec ton feeling mais nous, avec nos calculs, on pense que ça vaut plus le coup de faire comme ça ». »

Avec l’évolution des performances, as-tu l’impression d’avoir changé de sport depuis ton arrivée en MotoGP ?

« Non, pas au point de dire qu’on a changé de sport, parce que la forme physique a quand même toujours été importante. Mais il faut toujours un cœur très fort et être capable d’avoir le cardio très, très haut. C’est sans doute pour ça qu’on peut parfois être surpris par les jeunes de 20 ans car ils ont des cardio entre 180 et 200, qui tiennent. À 30 ans, le 200 est parfois plus dur à tenir (rires). Donc le cardio a toujours été là, même de la 125 jusqu’à la MotoGP, mais c’est parfois une force pure qui aide peut-être à compenser des situations délicates. Donc pas de changement de sport, car à la fin, celui qui gagne est celui qui est le plus à l’aise. Moi je vois : Mes deux podiums, c’est là où j’ai été le plus en forme à la fin de la course. Alors que là, huitième, je n’aurais pas pu faire une roue avant ou même un cabrage comme a fait Miller. Donc quand on est à l’aise, on balance tellement la moto où il faut, quand il faut, qu’on utilise le vrai potentiel d’une moto de course, et ça, ça s’apprend dès les petites catégories. En tant que pilote, ce sont des sensations peu descriptibles et c’est ça qui est génial. Je dirais que la forme physique aide à tenir une saison pour compenser les situations délicates, mais si on est sur le nuage tout le temps, il n’y aurait presque pas besoin de s’entraîner physiquement. »

Classement du Grand Prix d’Espagne MotoGP à Jerez :  

Crédit classement: MotoGP.com

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