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18 ans

Les dernières décisions des grands officiels de la compétition moto sur circuit vont définitivement ralentir le temps qui s’écoule dans une carrière. Ceci dans le but louable de prolonger la vie du plus grand nombre au vu des derniers drames vécus sur la piste qui ont emporté trois champions en herbe. Voici certaines réactions et on décèle des avis très partagés, mais un sentiment commun à tous : il fallait bien faire quelque-chose.

Alors quelque-chose a été fait, une réponse a été donnée à la fatalité aggravée par l’environnement et, apparemment, l’âge des acteurs. A partir de 2023, les championnats du monde moto sur circuit seront interdits au moins de 18 ans… L’octuple Champion du Monde Marc Marquez qui s’est révélé bien plus précocement commente : « je pense que c’est une bonne mesure. Il était temps de faire un changement en raison des événements qui se sont produits cette année. Il est normal de ne pas commencer l’année prochaine, mais un an plus tard car toutes les étapes doivent être modifiées pour commencer plus tard et vous ne pouvez pas avoir un garçon pendant quatre ans dans la même catégorie de promotion. Il faut changer petit à petit. Je pense que la première étape est bonne, mais il y a du travail à faire. Ce sera bon pour la sécurité des pilotes car je pense qu’on ne fait pas les mêmes erreurs à 15 ans qu’à 18 ans, donc je suis content du changement. »

Valentino Rossi est plus mesuré sur les bienfaits de la mesure : « surtout pour le Moto3, passer de 16 ans à 18 ans est un grand changement, car tout le monde veut commencer le plus tôt possible. C’est une grande différence, car deux ans, c’est long et jusqu’à 18, de nombreux pilotes devront attendre. Ce sera certainement mieux pour la sécurité, mais je ne sais pas si cela résoudra tous les problèmes. Je pense qu’il est plus important que les pilotes aient un bon comportement lorsqu’ils sont en piste, plus que leur âge. Porter l’âge minimum à 18 ans est assez élevé. J’ai commencé avec 17 en championnat du monde et il y a 25 ans ».

Bagnaia est e revanche contre : « je ne suis pas d’accord avec l’augmentation de l’âge pour courir en Championnat du Monde. Il suffirait de faire comme avec Deniz Öncü, d’infliger de lourdes pénalités. Donner de vraies pénalités est la seule façon d’apprendre. Il doit y avoir des punitions non seulement en cas d’accident, mais aussi en cas de mauvais comportement, non seulement en course mais aussi aux essais. Alcoba à Austin a fait la même action qu’Öncü contre Masia ».

Joan Mir est plus indulgent : « a priori, ça me paraît bien. C’est vrai qu’en ce moment des gens viennent dans les petites classes on se forme avec des Moto3, donc ça ne prend pas si longtemps en Championnat du Monde pour acquérir de l’expérience, car en CEV, en CIV et dans pas mal de championnats tu as déjà couru avec cette moto. Cela me semble bien, car c’est un moyen pour les pilotes d’être un peu plus matures à 18 ans, mais cela vous donne également moins de temps pour faire vos preuves. Je pense que c’est positif et il faut voir comment ça marche. J’espère que c’est positif ».

Joan Mir

Les frères Espargaró et les 18 ans : « on ne peut pas s’asseoir et regarder des enfants de 16 ou 17 ans mourir dans des courses » 

Pol Espargaró développe : « c’est controversé, il est difficile de savoir si c’est la solution, seul le temps nous dira si c’est correct ou non. Il y a deux choses qui sont évidentes, c’est qu’à 18 ans vous êtes plus mature et vos décisions ne sont pas prises de la même manière et vous ne les abordez pas non plus de la même manière. Je me souviens quand j’avais 15 ans, quand je suis arrivé en championnat du monde, j’étais très jeune et je ne pensais pas trop à la sécurité. Mais à 18 ans, je roulais déjà pour un titre et je me sentais beaucoup plus mature, je savais ce que je faisais et pourquoi je le faisais, et je n’ai aucun doute que cela va aider les enfants de Moto3. Et puis l’autre question est, que faites-vous ? Vous ne pouvez pas simplement vous asseoir sur le canapé en regardant des enfants de 16 ou 17 ans mourir dans des courses Moto3 ou SSP300, il faut faire quelque chose. Et chez Dorna, ils y ont beaucoup réfléchi et ils vont essayer de faire quelque chose. On verra si c’est la solution ou pas, mais il faut agir, et je suis sûr que la mentalité des pilotes changera avec l’âge de deux ans.

Concernant le nombre de pilotes en piste, je ne suis pas d’accord avec le fait qu’il y a beaucoup trop de pilotes en piste. Par exemple, quand on a vu la chute de Dupasquier, ça n’est pas arrivé car il y avait beaucoup de monde sur la piste, en fait, quand il a perdu la vie il y avait trois pilotes impliqués dans cette situation, ils étaient seuls sur la piste, trois pilotes. Mais c’est vrai que si ces motos ne sont pas faciles, cependant, il parait qu’elles le sont un peu et qu’elles permettent à tout le monde d’aller plus ou moins au même rythme et que beaucoup de pilotes peuvent être au même rythme. Donc, pour obtenir un supplément, pour faire la différence, ils doivent beaucoup s’en tenir à ceux qui se trouvent devant eux, et cela pose peut-être un gros problème.

Je pense que ce serait pas mal peut-être de rendre ces motos un peu plus compliquées à piloter, peut-être pas comme les 125, car elles étaient trop agressives quand on mettait les gaz, mais on ne voyait pas ce type de groupe à la fin d’une course 125, avec 15 ou 20 pilotes se battre pour une victoire. Je sais que la situation n’est pas facile, je sais que Dorna a beaucoup réfléchi et que la décision n’est pas facile. Et si vous êtes un garçon de 15 ans pilotant une moto et que vous souhaitez vous rendre en MotoGP, je peux comprendre que cela puisse être frustrant, mais il fallait faire quelque chose ».

Son frère Aleix est tout aussi engagé : « je suis très heureux de ces décisions et je tiens à en féliciter Dorna. Ils ont étudié la situation très rapidement puis réagi rapidement. La semaine dernière, j’ai parlé avec Carmelo Ezpeleta pendant une heure au téléphone, nous avons échangé des idées et des réflexions. Je voulais lui expliquer mon point de vue et les aider. Ce n’était pas facile de prendre ces décisions. En fait, c’est dommage que nous ne voyions pas les gars talentueux si tôt dans les championnats juniors et dans les classes GP. C’est bien quand le talent arrive en MotoGP à l’âge de 19 ans, comme je l’ai fait en Amérique il y a de nombreuses années. Mais nous devons faire preuve de bon sens et nous adapter aux temps nouveaux. Je pense que la nouvelle réglementation est géniale ».

« Mais je pense que cela a du sens si les jeunes enfants viennent un peu plus tard sur les grands tracés comme Misano, Barcelone et Mugello. Il s’agit d’un effet important de la nouvelle réglementation. Nous avons de superbes pistes de karting dans toute l’Europe où les garçons peuvent apprendre et améliorer leurs compétences. S’ils tombent ensuite et qu’ils se retrouvent au milieu de la piste avec les minimotos, et s’ils heurtent une autre minimoto, ces véhicules pèsent deux fois moins que les  Moto3. La vitesse est également deux fois moins élevée. On n’est pas obligé de laisser les garçons à 10, 11 ou 12 ans filer à 200 km/h sur une piste de GP. Ils doivent patienter et se perfectionner sur les pistes de karting avec des minibikes. C’était le moment de changer ».

« C’était très important pour moi d’apporter ma contribution ici, car je suis l’un des plus anciens pilotes de GP du paddock », a déclaré Aleix Espargaró. « Je voulais partager mon point de vue avec Dorna. J’étais très triste des pertes cette année-là. Il m’a été très difficile de l’accepter. J’ai réfléchi à deux fois avant de continuer à courir. Je sais que des accidents graves peuvent arriver. Si mes idées ne contribuent que pour 0,1% à améliorer la situation, alors je suis disponible. J’ai beaucoup d’expérience, j’ai donc proposé mon soutien à Carmelo Ezpeleta. Les officiels de Dorna sont assez intelligents et ils ont une équipe puissante. Mais ce ne sont pas des pilotes MotoGP. C’était donc bien de mélanger les idées et les contributions des officiels et des pilotes. »

Aleix Espargaró

 

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