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Gigi Dall’Igna, le Directeur de la compétition du constructeur bolognais, déclarait récemment sur notre site : « Chez Ducati, on traite les pilotes différemment ». Ce n’est pas Régis Laconi qui dira le contraire, vainqueur de 11 courses en mondial Superbike et vice-Champion du Monde en 2004 derrière son coéquipier James Toseland, et désormais ambassadeur pour la marque.

Commençons par la bonne nouvelle : Paolo Ciabatti t’a promis que tu allais pouvoir rouler sur l’actuelle Ducati de MotoGP. Ça, c’est un vrai cadeau de Noël, n’est-ce pas ?

« Oui, j’étais au Salon de Milan pour LS2, la marque de casques, et j’ai eu le plaisir d’apprendre que Paolo serait là. J’avais ça dans la tête depuis un bon moment pour une simple et bonne raison. Je sais très bien qu’aujourd’hui je n’ai plus le niveau pour être compétitif sur ce type de moto, car il faudrait beaucoup de kilomètres de roulage pour y parvenir.

« Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est de connaître les réactions de ces motos car tout le monde n’arrête pas de dire qu’elles sont très physiques. Moi, à mon avis, avec toute l’électronique qui est disponible maintenant, ça demande moins de capacités physiques pour maîtriser ces engins de guerre. Quand tu vois qu’une MotoGP peut aller jusqu’à 280 chevaux, ce n’est quand même pas rien. C’est ultra puissant, nous pouvons le dire, je pense (sourire).

« Je suis lucide aussi, et sans vouloir manifester la moindre méchanceté par rapport aux pilotes d’aujourd’hui, quand le vois les gabarits de la plupart des pilotes de MotoGP, et de ceux qui sont en Moto2 et Moto3 et qui arriveront plus tard, il y a beaucoup de très petits gabarits – en taille et en poids – donc les machines ne peuvent pas être aussi hyper physiques que ce qui se dit, sinon comment auraient-ils la capacité de les emmener au maximum, vue la puissance qu’elles ont aujourd’hui ? »

Que penses-tu des deux saisons effectuées par Jorge Lorenzo chez Ducati ?

« J’ai deux visions : La première est que pendant la première saison il a mis longtemps à s’adapter, ce que je comprends car les Ducati sont des motos toujours différentes. Il avait de la rapidité sur un tour mais ne parvenait pas à tenir toute la distance d’une course. Il avait la performance, il arrivait à être rapide, mais par contre n’avait pas la constance. Ça s’est bien amélioré en 2018.

« Mais ma deuxième vision, c’est qu’au Mugello, à peine venait-il de signer chez Honda que comme par hasard il gagne son premier Grand Prix sur Ducati ! C’est bizarre, non ? La moto n’avait pas changé par rapport au GP d’avant. Donc comme c’est un sport qui est très psychologique, ça a créé la différence dans le résultat.

« On a parlé beaucoup des petites modifications du réservoir, mais c’est n’importe quoi. Les techniciens de Ducati lui ont fabriqué ces petits accessoires pour le réservoir et la selle, sans y croire car ça ne change rien.

« C’est un très grand pilote, mais quand ça ne va pas il a ses moments de faiblesse, comme tout le monde malheureusement. Mais quand tout va bien il est capable de faire une très belle saison, comme il l’a prouvé »

Que penses-tu du remplacement de l’Espagnol par Danilo Petrucci sur une des deux motos officielles, aux côtés d’Andrea Dovizioso ?

« Danilo est performant et il a sa place, il n’y a pas de doute. Il n’a pas l’image d’un Lorenzo, ni son palmarès. Donc j’espère qu’il va se créer son palmarès dès 2019. Il n’y a pas de raison pour qu’il n’y arrive pas. Il a déjà prouvé qu’il était rapide, maintenant il lui faut montrer qu’il est capable d’être performant sur toutes les courses et sur tous les circuits, ce qui est important. Et ce malgré son gabarit qui est celui des anciens pilotes, un peu plus grand et plus lourd, sans pour autant être gros. En 2018, la Ducati était d’après moi la meilleure moto, ce qui ne peut qu’aider Petrucci. »

En mondial Superbike, la Panigale V2 est maintenant remplacée par la 1000 V4. Est-ce que ça te semble une bonne idée ? Penses-tu qu’elle sera compétitive face à la Kawasaki de Johnny Rea dès la saison prochaine ?

« Le bicylindre arrivait à ses limites, il n’y a pas de miracle. Déjà, en avoir obtenu jusque récemment de telles performances, seul Ducati a été capable d’y parvenir. Le V4 pour moi est on bon choix car on réussit facilement à le placer dans un cadre, ce qui est important. Ce choix est donc logique par rapport à l’expérience de la marque en MotoGP, où un V4 est utilisé.

« La 1000 V4 est déjà performante, c’est sûr. Vont-ils réussir à battre Johnny Rea qui est véritablement un extra-terrestre sur sa Kawasaki ? Ce pilote, cette moto et son équipe sont excellents.

« Le pilote est important et on va voir ce que la nouvelle recrue Alvaro Bautista venant du MotoGP va pouvoir donner. (Ndlr : Dall’Igna connait bien Alvaro Bautista avec qui il a commencé à travailler en 2006 en GP 125 cm3 avec une Aprilia de l’équipe Master – MVA Aspar Team, remportant cette année-là le Championnat du Monde). Ducati a toujours su choisir les pilotes qui correspondaient à ses motos, qu’il s’agisse par exemple de Raymond Roche, de Carl Fogarty ou de Troy Bayliss. »

Tu fais depuis des années partie de la maison Ducati à 100%. En quoi consiste ton rôle d’ambassadeur, et as-tu l’intention de représenter encore longtemps les couleurs du constructeur italien ?

« J’ai envie que ça dure longtemps avec Ducati parce que pour moi c’est comme une drogue. J’en ai une personnellement pour la route. Je participe à des opérations promotionnelles chez les concessionnaires. Je suis important pour Ducati et ça me réjouit.

« J’ai encore constaté lors de la World Ducati Week cette année que les Ducatistes se rappelaient encore de moi et ça m’a mis les larmes aux yeux ! Je me suis mis à chialer comme un gamin parce que franchement c’est trop beau de voir ça. J’ai laissé une marque importante alors que je n’ai été pilote officiel que pendant deux ans, et ça me fait très plaisir. Rien n’est plus beau que cette reconnaissance.

« Aujourd’hui je suis ambassadeur pour Ducati, essentiellement en France. Par exemple l’année prochaine il y a quatre journées prévues sur circuits où je ferai essayer les Panigale V4. Je pense que parmi elles il y aura une V4 R, mais ça doit être finalisé. Pour moi Ducati est une marque à part, différente de toutes les autres, en particulier au niveau de la passion, et j’espère que ça va continuer de nombreuses années encore. »

Casey Stoner, Scott Redding et Régis Laconi

GP de Valence 1999 : Kenny Roberts Jr, Régis Laconi et Garry McCoy

Vidéo ci-dessous : La Panigale V4 R à la poursuite de Chaz Davies à Jerez (pilotée par Alessandro Valia, filmée par MCN Sport que l’on remercie)

Photos © Ducati

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