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Lors du dernier Grand Prix de France au Mans, nous avons pu recueillir les propos d’Eric de Seynes, l’atypique mais néanmoins efficace patron de Yamaha Europe dont l’incroyable parcours devrait intéresser chaque motard… (Voir ici).

Véritable passionné de motos, et pilote lui-même à ses heures, son discours, plein de bon sens et sans langue de bois, remet certaines pendules à l’heure…


Eric, quelle que soit l’issue de la course de cette après-midi, entre la météo, la pole position de Johann Zarco et la ferveur du public, on assiste ce week-end à la plus belle des fêtes qu’il soit possible…

Éric de Seynes : « oui, nous sommes ici à un Grand Prix de France où on ne peut pas rêver de plus belles conditions. Météo, public, audience, qualité du plateau, qualité du spectacle, avec un Johann en pole qui répond présent malgré une pression qui est évidemment importante. J’ai pu discuter tranquillement avec lui hier soir et Johann Zarco fait du Johann Zarco, c’est-à-dire qu’il est clair dans sa tête et prend beaucoup de plaisir à être là et à pouvoir être devant. Donc oui, c’est un formidable Grand Prix, et prometteur. Alors évidemment, la difficulté pour nous est de donner tous les moyens, et on donne tous les moyens à Johann pour qu’il ait la meilleure moto possible tout au long de la saison, parce que l’on veut qu’il puisse faire les meilleurs résultats.

Trop souvent, les gens croient qu’il pourrait y avoir une rivalité entre le team Factory et le team support, mais sincèrement c’est une bêtise. J’allais dire autre chose mais c’est une bêtise, parce qu’à un moment, ce qui compte, c’est qu’une Yamaha soit devant. Et aujourd’hui, quand je discute avec les ingénieurs du team Factory, quand je discute avec les pilotes ou quand je discute avec les managers, tout le monde considère que voir Johann faire ce qu’il fait est une motivation supplémentaire à progresser, parce que cela nous montre ce qu’est capable de faire la moto. La seule chose, et on l’a dit plusieurs fois, c’est que l’on a évidemment le moteur qui est le même entre la moto de Johann et la moto Factory, sauf qu’il y a une différence dans l’exploitation du régime moteur, et donc du caractère moteur qui est un peu plus souple et un peu plus linéaire pour Johann. Ce qui, finalement, devient un avantage parce que l’on a une certaine carence au niveau de la gestion de notre électronique qui n’est pas assez fine, qui n’est pas assez ajustée, et qui fait qu’avec un moteur qui est plus violent comme on l’a sur les motos Factory, ça nous met en difficulté. Alors on pourrait se dire simplement qu’il suffit de mettre le moteur cool pour gagner à nouveau devant… C’est vrai, sauf que la compétition, à ce niveau-là, c’est toujours rechercher le meilleur d’exigence, et quand vous avez un moteur qui est un peu plus violent mais un peu plus puissant, mais qui a plus de potentiel, c’est sur cette base là que vous travaillez, et vous devez réussir à le faire marcher. Donc ça nous met, nous, en difficulté, mais comme on sait que Johann est bien devant, à la limite il y a toujours une Yamaha qui est là, et ça nous permet d’être dans la difficulté, et d’accepter d’être dans la difficulté pour passer cette marche qui nous tend les bras.

Je comprends qu’il y a une grande incompréhension vu de l’extérieur, mais maintenant, ce sont les Grands Prix. On est dans une période où l’électronique unique et les pneumatiques uniques ont terriblement nivelé les performances, et on vous dit que vous êtes à la cave quand vous êtes à 4 dixièmes. Il y a encore 4 ans, à 4 dixièmes vous étiez deuxième sur la grille. Donc il faut beaucoup relativiser, beaucoup beaucoup relativiser, et on voit même qu’ici, entre les séances qui se passent avec un bitume à 21°, on est devant, dans le top 3 ou top 4, et d’un seul coup la piste prend 10° et on se retrouve 9 ou 10e, parce que ça se joue à quelques dixièmes et on retrouve ce problème de motricité où avec un asphalte plus chaud les pneus patinent plus et ça remet en exergue cette difficulté que l’on a avec l’électronique. Voilà. L’équation n’est pas si compliquée, en tout cas sur le papier, mais elle est plus compliquée à résoudre car il faut malheureusement du temps. Du temps ingénieurs, du temps développement.

Je veux juste insister en disant que tout ce que j’ai entendu en ce qui concerne Valentino est malheureusement beaucoup beaucoup de spéculations. Valentino est quelqu’un qui est concentré, qui bosse énormément, qui bosse sur son travail et sur sa moto, et il ne soucie pas de savoir si c’est Vinales ou Márquez à côté de lui. Il n’a aucune influence là-dessus et ne cherche pas à en avoir. Il faut arrêter de mettre Valentino dans un rôle qui n’est pas le sien, et de la même façon, je trouve dommage que les gens interprètent des choses qui n’existent pas. Valentino a un team en Moto3 et en Moto2, il n’a pas de teams en MotoGP ! Et aujourd’hui, il n’y a aucune échéance pour mettre un team en MotoGP. Donc faire croire que Tech3 serait parti parce qu’il y aurait la menace ou la pression d’un team de Valentino à venir, c’est faux ! C’est faux ! Tech3 est parti de Yamaha, c’était sa décision. Il a la chance d’avoir une sécurité de partenaires et de sponsoring avec Red Bull qu’il n’avait pas avec Monster ou avec nous, et c’est la vraie raison. Il faut donc arrêter d’interpréter les choses parfois d’une manière très confusante et très compliquée, et qui, en tout cas à moi me fait mal parce que ce n’est pas vrai et ne représente pas l’effort que fait Yamaha. Aujourd’hui, Yamaha fait le maximum pour que Johann puisse gagner et puisse continuer à avoir une moto compétitive ».

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