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Révélé cette année, Joan Mir s’affirme désormais comme l’un des principaux prétendants au titre. Bien qu’il n’ait pas encore remporté sa première victoire en catégorie reine, l’espagnol ne pointe qu’à huit petits points de Fabio Quartararo au général.

Statistiquement parlant, la réponse est évidente. Oui, Joan Mir peut inscrire son nom sur le trophée. Son niveau est effrayant ces derniers temps : 89 points marqués depuis le Grand Prix d’Autriche, contre 53 pour Andrea Dovizioso, 48 pour Maverick Viñales et 45 pour Fabio.

La dynamique, ou le « momentum », est une donnée essentielle en sports. Plus que le talent intrinsèque ou la performance de la machine, hors de la casse moteur, c’est la forme psychologique du moment qui importe le plus. Joan Mir à le vent en poupe et ne cesse de se montrer plus pressant.

Autre dimension à ne pas négliger : La résistance à la pression. Les anglo-saxons ont un mot dans leur vocabulaire pour décrire la capacité à marquer des gros points quand ça compte : le terme « clutch ». Si l’on regarde en arrière, Mir est très « clutch ». En 2017, il fut parfaitement apte à écraser la saison et tua le championnat avec une victoire sur le tracé d’Aragon.

Son aptitude à pousser sous pression est une énorme qualité. Ses concurrents ne peuvent pas en dire autant. Triple vainqueur de Grands Prix (à l’heure où ces lignes sont écrites), Fabio Quartararo a montré une légère tendance à s’énerver facilement et perdre son sang-froid dans des situations qui comptent. Ceci est notamment remarquable en qualifications.

Photo : Michelin Motorsport.

Viñales est lui très inconstant, capable du meilleur comme du pire. Son titre de 2013 fut remporté de la manière la plus décisive possible mais il semble parfois manquer de motivation et de niaque dans les moments chauds. Comme Fabio, on l’imagine remporter des courses en solo plutôt qu’en bataille.

Reste Andrea Dovizioso. Son cas est particulier car il a déjà été amené à jouer un titre à Valence. En 2017, il ne put tenir le rythme de Márquez. Le vent ne tourne pas avec lui mais contrairement à tous les autres, il a prouvé sa résistance à la pression et peut faire des dépassements osés dans les derniers virages.

Un dernier détail n’est pas à omettre. Mir n’a jamais remporté de course. Au vu de tout ce qui a été expliqué plus tôt, sa première fois ne semble pas si loin. Cependant, cette dernière peut provoquer des effets indésirables.

Une victoire en Grand Prix est un accomplissement en soi mais ne garantit pas une carrière brillante et des succès en chaîne. Fabio peina quelque peu après ses deux premières victoires (glanées sur le même tracé) car la pression augmenta d’un coup : Vous passez d’outsider à favori. Chaque weekend, tous les regards se portent sur vous.

Joan Mir gère les fins de courses à la perfection. Sa remontée du Grand Prix d’Emilie-Romagne était tout simplement bluffante. Photo : Michelin Motorsport.

Ce fut aussi le cas d’Andrea Iannone, qui, après sa victoire à Spielberg, eut énormément de mal à se remettre dans une position confortable. Danilo Petrucci, plus récemment encore, n’est monté qu’une seule fois sur le podium depuis sa victoire au Mugello l’année dernière… Lors de la course suivante.

Oui, Joan Mir peut remporter le titre. Pour cela, il devra se remémorer son exercice de 2017 en Moto3 et ne pas se laisser submerger par la pression. À ce point là, remporter une course semble être une question de temps mais attention au contrecoup si cela se produit. Si la MotoGP n’est pas une science exacte et que les écarts sont minces, le Majorquin semble avoir les cartes de son destin en main à ce stade de la saison. De tous les prétendants, il semble même être le mieux taillé pour remporter la couronne, combinant toutes les qualités d’un champion.

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport.