MotoGP, Kenan Sofuoglu : “Ben Spies m’a dit de m’assurer que Toprak Razgatlioglu reste en Superbike”

Selon ce qui se dit dans le paddock du WSBK qui a pris ses quartiers ce week-end sur le tracé de Catalogne, le sort de Toprak Razgatlioglu pour la prochaine saison devrait être rapidement connu. Et comme pour Alvaro Bautista, il devrait être un bis repetita, mais cette fois chez Yamaha. Certes mais sur la R1 ou la M1 ? Jorge Lorenzo qui a joué par son commentaire le rôle du conseilleur mais pas payeur, encourage le Turc à aller en MotoGP. Mais le manager Kenan Sofuoglu adjure son pilote de rester là où il est selon le principe qu’il vaut mieux être grand chez les petits que petit chez les grands, si l’on veut bien admettre que le MotoGP représente le Panthéon du sport moto. Et en plus, Kenan le terrible a un allié de poids dans son argumentation : Ben Spies.

Speedweek a fait son enquête et a débusqué à Barcelone un certain Tetsu Ono, General Manager Motorsport Strategy Division de Yamaha Motor. Un invité rare en WSBK et manager de haut niveau qui a annoncé il y a quelques jours à peine le contrat d’ambassadeur avec Valentino Rossi. Une présence qui n’est donc pas anodine et relève plus de la visite de courtoisie. Il n’en fallait pas plus pour que la rumeur affirme que le sort du Turc allait être bientôt scellé avec Yamaha, à nouveau.

Oui mais où ? Kenan Sofuoglu prend alors la parole pour se faire l’avocat du WSBK : « ici, c’est un champion du monde et une star. Il est devenu célèbre et il est l’enfant chéri du championnat du monde de Superbike. Avec ce background, je ne pense pas que ce soit très intelligent de se lancer en MotoGP. En MotoGP, il pourrait avoir des jours difficiles. De tels jours peuvent vous détruire, il existe de nombreux exemples du passé. Je lui ai dit que dans deux ou trois ans, il y aura des jeunes pilotes qui le battront. En Superbike, en revanche, il peut encore vivre dix bonnes années, battre des records et entrer dans l’histoire. En MotoGP, il pourrait être détruit après deux ans ».

« Je vous garantis que Toprak Razgatlioglu ne serait pas heureux en MotoGP »

Et puis il y a aussi ça : « Ben Spies m’a dit de m’assurer que Toprak reste en Superbike. Il a commis cette erreur, je l’ai faite ». Et Kenan Sofuoglu rappelle : « j’étais champion du monde Supersport et une personne très heureuse. Ensuite, j’ai écouté les autres et je suis passé au Championnat du monde Moto2. Tout avait l’air bien, mais après deux mauvais essais, je me suis retrouvé 18e, 20e ou 22e et je n’ai pas pu le supporter. Mon ancienne vie me manquait et je voulais y retourner ».

Une expérience qu’il ne veut pas revivre en tant que manager avec son pilote : « Toprak perdrait sa magie, je vous garantis qu’il ne serait pas heureux en MotoGP. Le plus brillant était Johnny Rea, il est resté en Superbike et a eu une excellente carrière. Je suis moi-même resté en Supersport et certains en ont parlé avec mépris. Cela ne m’a jamais intéressé. Je me connais et je sais ce que j’ai fait de ma vie. J’ai fait plus avec Supersport que de nombreux pilotes MotoGP. Il faut prendre des décisions intelligentes et en être satisfait ».

Puis le Turc termine sur le test de deux jours fait par Toprak Razgatlioglu sur la M1 à Jerez, dont on apprend décidément de plus en plus au fur et à mesure que les langues se délient. Et on découvre, une fois de plus, qua ça ne s’est pas si bien passé que ça … « Yamaha n’a pas ajusté la position assise pour lui, ce qui nous a un peu déçu », a noté Sofuoglu. « Si un pilote ne se sent pas à l’aise sur la moto, il ne peut pas non plus être rapide. Toprak a piloté la R1 à Jerez en 1’38.3, sur une moto issue de la série. Sur la machine MotoGP, qui est une moto très spéciale, il a fait 1’38.8. Il a donc été une demi-seconde plus lent sur cette moto très chère et spéciale. Nous n’avons pas non plus demandé à Yamaha de faire plus d’essais car nous n’avons pas mis la pression sur Toprak pour qu’il entre en MotoGP ». Et il termine : « Toprak n’aime pas tellement le M1. Si Yamaha le veut dans l’équipe d’usine MotoGP, ils devront nous en parler d’abord ».