pub

On chante « Come together » alors? Pas du tout…
A Silverstone, sur les onze modifications de ce circuit, la courbe « Abbey » a toujours fait partie du tracé. Comme  on roulait au début sur un ancien aérodrome de la WW2 et sur les routes d’accès, Abbey était donc une authentique « road » !

La preuve que c’est une « road », une route ? Le panneau qui est à l’entrée du village de Silverstone, un endroit où l’on se fait photographier comme devant la  la Tour de Pise ou la borne Michelin du Col du Galibier et qui est un summum de cet art très subtil qu’est  l’« english humour ». La pancarte est la même qu’à l’entrée de tous les villages d’Angleterre, mais ici c’est un symbole… « Silverstone, please drive carefully » soit « Silverstone, merci de conduire prudemment… » English humour…

Pour le reste, désolé pour les accros, je ne suis pas loin de considérer que la photo du dernier album des Beatles « Abbey Road » est finalement ce qu’ils ont fait de mieux (hurlements dans les rangs, normal… Au fait, quizz… Sur cette photo, ne trichez pas, ne vous laissez pas aller à la facilité de recherche sur Internet, qui était pieds nus ?**)

Le premier British GP de moto arrive à Silverstone en 1987.

Le spectacle sur la piste est phénoménal, alors même qu’au fil des ans on en a modifié le tracé pour ralentir les courses, le circuit était vraiment trop rapide. Mais le truc resté totalement déjanté, c’est le public.

Vu : Un couple avec une grosse remorque derrière la moto, remorque qui se dépliait une fois sur le camping et devenait une caravane ! A l’intérieur, il y avait un lustre ! Sur les GP de F1 le même couple vient en Rolls avec la caravane au c… et toujours le lustre…

Dans les paddocks, au lieu de marcher sur le béton, on est sur de la pelouse, sur laquelle on met de la moquette de pelouse quand il pleut. Smart non ?

Et puis la vraie moto anglaise est toujours là, pas celle qui a été rachetée par les Indiens qui font du capitalisme de revanche (les grands pères des riches indiens ont été traités comme des esclaves dans les usines british alors les petits enfants qui réussissent se vengent en les rachetant…).

On voit à Silverstone des clubs entiers arriver en BSA, des vraies, période anglaise, sur de vraies Bonneville, de vraies Norton Commandos, pas les fabrications modernes qui essaient (souvent avec succès d’ailleurs) de se raccrocher aux branches de la légende ! Bref le public ici c’est un voyage à travers l’« English madness », la folie anglaise, au bon sens du terme…

La pierre d’argent (Silverstone) a aussi sa légende. Chaque circuit culte a son ou ses virages connus dans le monde entier. « L’eau rouge » à Spa, « La Chapelle » au Bugatti, les deux « Arrabiata » au Mugello, « Ballough bridge » au TT de l’île de Man etc… Ici à Silverstone, nom qui claque comme une bataille historique, l’enchaînement magique s’appelle  « Woodcote-Copse-Maggots-Becketts-Chapel ».

Quand les commentateurs anglais du MotoGP ou de la F1 évoquent ces courbes, ils ont plus de révérence que pour leur reine… Un truc : pour prononcer correctement ces mots il faut être en train de tourner le lait et le sucre dans la tasse de thé (et sa soucoupe)  tenues d’une main, lever le petit doigt de la main qui tourne et ajouter après chaque mot « Missis Arbutnot »…

Quitte à s’en mettre une indigestion, de légendes, encore une anecdote inoubliable (Oui je sais, Shakespeare disait « De la tragédie, pas d’anecdotes ! » Mais justement lui, la tragédie, c’était son truc, moi non…).

Silverstone est un endroit sans hôtels, un tout petit village charmant mais paumé. Quand on allait y bosser (ça a changé, forcément) ou bien on s’y prenait un an à l’avance pour les trois « Bed and breakfast » du coin, ou bien on se tapait des miles et des miles de petites routes sinueuses et superbes bordées de talus pour trouver un endroit décent. (Un mile =1,609 km***). Une année on s’est retrouvés à Newton Pagnell qui ne dit sans doute pas grand-chose aux jeunes fans de MotoGP. C’est l’usine historique Aston Martin où les voitures étaient construites entièrement à la main… P… de souvenir ! Visite incroyable, on est évidemment arrivés en retard aux essais…

L’Angleterre ? Je ne sais pas pourquoi, les vieux chnoques, ça a des souvenirs qui s’enchaînent sans savoir pourquoi, j’ai eu la chance dans ma vie de connaître les cinq plus grandes stars de la moto de vitesse mondiale. Agostini, Nieto, Rossi, Marquez… et Hailwood, quelques mois avant sa disparition, immense figure british des GP. C’était juste après une soirée de Supercross de Bercy, j’étais jeune à l’époque, j’avais encore la force d’aller dîner après des heures de folie au micro avec Philippe Debarle, le monde est petit, Philippe est aujourd’hui journaliste à Paddock GP…

Ce soir là, un ami commun a invité Mike à se joindre à nous, il était assis en face de moi, et m’a surnommé  appelé « Noisy Looloo », soit Loulou bruyant, parce que je lui avais cassé les oreilles toute la soirée dans la sono. Croyez-le ou non, c’est une des grandes fiertés de mes 1001 vies, avoir été remarqué sans le savoir par « Mike the Bike »…

L’Angleterre… Pourquoi tant de fantasmes et de souvenirs incroyables ?

« Silverstone I presume » … Mon English Humour à moi…

*Mauvaise trado mais qui me fait marrer. Un billet littéraire en anglais est un « post », je déteste ce mot…

** C’est Paul Mc Cartney qui est pieds nus, clope à la main.

*** Comment se souvenir de la valeur d’un mile terrestre ? Mon prof d’anglais en première nous a raconté le moyen mnémotechnique suivant … Le mec qui sculpte le zouave du pont de l’Alma laisse tomber son ciseau à l’eau. Il est donc allé chercher un ciseau neuf… 1. 6. Ô. 9… Voilà, vous saurez toujours ce qu’est un mile… Donc si vous regardez comme moi le GP sur MotoGP TV, vous comprendrez ce que disent les commentateurs en évoquant « 150 miles an hour »… 241, 402 km/h. Facile non? Enfin c’est anglais…

PS : Puisque l’on est en Angleterre, clin d’œil amical aux Stones qui m’ont fait aimer le diable (Sympathy…) à Dire Strait dont je suis un inconditionnel,  à Who pour leur intro phénoménale de « Baba », à la maison du soleil levant des Animals, à l’île de Wight où j’avais plein de potes que j’ai connus trente ans plus tard, au Pink avec qui c’est un délice d’aller dans le mur, Led Zep pour tout (avantage à l’escalier qui va au paradis), à Deep Purple perché sur le Mont Rushmore, au Mac grâce à qui je vais ou je veux, à ACDC pour leur autoroute… Mention spéciale à Joe et ses amis qui l’aident un peu. Et j’élargis, je passe l’océan, tant qu’à faire, salutations pleines d’émotion à Woodstock qui a pile 50 ans, comme Easy Rider qui a fait se lever et voyager toute une génération, Peter Fonda vient de passer l’arme à gauche et je suis un peu mort avec lui.