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Généralement silencieux car concentré sur son travail, Gigi Dall’Igna a décidé de s’exprimer longuement et en détails en exclusivité au micro du site GPone sur la polémique qui entoure sa dernière création aérodynamique, à savoir l’aileron de bras oscillant.

Il s’agit de propos très intéressants et importants dont il faut absolument prendre connaissance pour bien comprendre ce qui sépare la position de Ducati de celles des autres constructeurs…

Nous reportons ici quelques extraits concernant principalement l’aspect technique de cette innovation utilisée au Qatar.

Gigi Dall’Igna commence en mettant en cause la qualification de la plupart des personnes ayant jusqu’à présent donné leur avis sur la question : « j’ai vu beaucoup de personnes non qualifiées parler de la question. Même lors de la réunion où ils ont dû discuter de la protestation, il n’y avait qu’un technicien, le nôtre, Fabiano Sterlacchini. Les autres n’étaient pas vraiment techniques et faiblement préparées à devoir gérer ce problème ».

Il illustre son propos en pointant sur le domaine sensé être concerné par sa dernière innovation, argumentant que l’appendice aérodynamique apparu sous le bras oscillant des Ducati officielles est uniquement destiné à refroidir le pneu arrière : « Par exemple, une des choses que j’ai entendues, et cela m’a laissé perplexe, était qu’il n’était pas nécessaire de refroidir le pneu arrière au Qatar puisque le froid y régnait. La télévision, tout le monde a vu la fumée que la Suzuki laissait lors de l’accélération après le virage 11. Le Qatar est l’un des circuits les plus exigeants pour les pneus arrière et beaucoup ont eu des problèmes. Donc le fait que beaucoup ont dit que les nôtres étaient juste une excuse signifient probablement qu’ils ne comprenaient pas grand-chose ».

Le ton étant ainsi donné, il peut passer plus spécifiquement au sujet technique qu’il trouve pleinement conforme à la réglementation…

« Je suis absolument convaincu d’avoir une solution légitime à utiliser sur la moto.Je suis convaincu que cette solution est conforme à la réglementation car elle la respecte pleinement, puisqu’elle avait été approuvée par le directeur technique de la FIM qui est le seul à pouvoir juger si une pièce est régulière ou non » déclare avec conviction ingénieur italien avant de répéter que le propos de l’aileron fixé sous le bras oscillant de la Ducati GP19 sert uniquement à refroidir le pneu. « La chose importante est que la fonction de ce système n’est pas de générer une charge aérodynamique. Je le répète, le propos de notre système est de refroidir le pneu arrière. Les ailerons que nous avons sont utilisés pour augmenter la vitesse de l’air dans cette zone, mais, précisément parce que le coefficient de transfert de chaleur dépend de la vitesse de l’air, nous avons créé un système qui tente autant que possible de refroidir le pneu arrière. C’est l’objectif de ce système ».

Et comme preuve, il affirme inlassablement « Il n’y a pas d’écrasement de la suspension arrière, et il est relativement facile de prouver que notre système fait ce que nous voulions, à savoir refroidir le pneu arrière ».

Gigi Dall’Igna écarte par ailleurs toute possibilité d’engendrer de l’appui à cet endroit : « Allez, ne me faites pas rire. Penser à améliorer la stabilité au freinage avec la charge générée par cette chose est tout simplement ridicule ».

Convaincu de son fait, le trublion du MotoGP annonce déjà que, au cas où l’appel ne serait pas jugé par la FIM avant, les GP 19 seront équipées du même système en Argentine. Un communiqué de la FIM diffusé hier soir (donc après cette interview par GPone) informe que la décision interviendra avant le prochain Grand Prix.

« Je suis serein et j’attends calmement la décision. Je suis convaincu que la solution est absolument légitime car autrement, comme je ne me considère pas comme complètement stupide, je n’aurais pas continué et monté ce système sur la moto ».

Voilà pour l’argumentation technique. Le responsable de Ducati Corse aborde ensuite la façon qu’il juge peu fair-play avec laquelle les autres constructeurs ont, selon lui, géré la situation : « Nous avons essayé ce système lors du test au Qatar, et nous avons constaté qu’il nous apportait certains résultats, comme cela était le cas sur le papier. Nous avons obtenu cette confirmation. Et donc, nous avons demandé un éclaircissement de la réglementation au Directeur technique qui, une fois qu’il a vu et évalué nos plans, a publié une directive qui comprenait notre système. À l’exception de Yamaha, personne n’a rien demandé à Aldridge. Dans la directive, il y avait aussi quelque chose concernant l’avant qui n’était pas bon pour Yamaha, concernant leurs écopes d’étriers, et ils ont demandé leur agrandissement, et ce sont les seuls qui ont demandé à faire quelque chose. Tous les autres n’ont rien dit jusqu’au samedi de la course quand ils sont venus me voir pour me dire qu’ils allaient protester. Tous les quatre. Cela semble-t-il une façon correcte et fair-play de faire les choses ? Je ne le pense pas. Une fois que Aldridge a publié une directive, si je ne suis pas d’accord ou si j’ai besoin d’un éclaircissement, j’envoie un e-mail et je réclame aussi une réunion d’urgence à la MSMA pour discuter de l’objet et trouver des solutions. Personne n’a fait cela ».

L’Italien conclut avec un avertissement : « Je ne me laisserai pas intimider par des mes adversaires. Au contraire ».

L’interview exclusive publiée sur GPone est bien plus longue et bien plus riche que ces quelques extraits. Nous ne saurions que trop vous recommander de la lire ici, car elle illustre parfaitement l’état d’esprit de Ducati qui, bien que flirtant souvent avec les limites de la réglementation, n’entend pas que les autres constructeurs, souvent à la traîne, le fasse rentrer dans le rang…

 

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