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En 2012, Casey Stoner dut déclarer forfait pour les trois Grands Prix de Brno, Misano et Aragón. On ne remplace pas très facilement un pilote d’un tel niveau, et on décida alors chez Honda de donner sa chance au jeune Britannique Jonathan Rea, qui défendait alors par ailleurs les couleurs du constructeur en Championnat du Monde Superbike au sein de l’équipe Ten Kate.

Johnny disputa d’abord le GP de Misano où il se qualifiait 9e, avant de terminer 8e à 43 secondes du vainqueur. Lors du Grand Prix suivant en Aragón il se qualifiait 7e, avant en course de se classer 7e à 32 secondes du vainqueur, son coéquipier du week-end Dani Pedrosa. Même les plus ardents défenseurs de Johnny au sein de la HRC furent très déçus par l’importance de l’écart (43 et 32 secondes !) et n’insistèrent pas par la suite pour qu’il poursuive sa carrière en Grand Prix.

Sans vouloir à tout prix chercher d’excuses à Johnny, il faut reconnaître que ces deux GP tombaient très mal en plein milieu du Championnat du Monde Superbike :

9 septembre 2012 : WSBK au Nürburgring

16 septembre : Grand Prix de San Marin

23 septembre : WSBK à Portimao

30 septembre : Grand Prix d’Aragón

7 octobre : WSBK à Magny-Cours

Cela lui faisait donc cinq courses en cinq week-ends, avec les deux Grands Prix intercalés au milieu. Rea jouant alors une carte importante au Championnat du Monde Superbike, il ne pouvait pas se permettre de prendre des risques inconsidérés en GP. Et d’ailleurs ce n’était pas ce que Honda lui demandait. Mais n’ayant pas démontré ses qualités en MotoGP sur la meilleure machine du monde (la Honda de Stoner, avec l’équipe de l’Australien), Rea disparut par la suite de la liste des pilotes potentiels pour les Grands Prix.

Dans son autobiographie « Dream. Believe. Achieve », Rea revient sur ses débuts en MotoGP. Avec le recul, il avoue avoir eu beaucoup de respect pour la Honda RC213V, mais l’emploi inhabituel des pneus Bridgestone lui a causé les plus grandes difficultés.

« Le problème était que, avec le Championnat du monde Superbike, il s’agissait de courses consécutives. Pendant cinq week-ends consécutifs, je suis passé de la Honda CBR1000 en WSBK avec des pneus Pirelli à la Honda RC213V en MotoGP avec des pneus Bridgestone. C’était vraiment difficile de s’y habituer, mais je me suis dit : « Je n’ai rien à perdre, alors pourquoi pas ? » Ils m’ont payé un supplément et les bonus du MotoGP étaient très intéressants, même pour les résultats dans le top 10, » se souvient Rea.

« La première personne que j’ai vue dans le paddock était Shuhei Nakamoto, le vice-Président de la HRC, que j’avais rencontré lors des 8 Heures de Suzuka un mois plus tôt » explique Rea. « La première déclaration qu’il a faite dans son langage drôle et plein de sourires a été : « Amusez-vous, mais ne tombez pas. »

« J’ai toujours plaisanté en disant que si je faisais une erreur et que je faisais tomber la moto de Ten Kate, je compenserais les dégâts. Mais j’ai senti que cette RC213V valait plus d’argent que je n’en avais jamais possédé. »

« J’ai donc eu une étrange sensation sur la moto, une peur de tomber. J’aurais aimé que Nakamoto n’ait pas planté la graine pour cela, car cette peur ne m’a jamais quitté lorsque je roulais sur la RCV. J’étais raide et je ne pouvais pas montrer tout mon potentiel », avoue Rea.

« Avec la Honda RC213V, honnêtement, j’ai ouvert les gaz et ça m’a fait un petit câlin. C’était comme si je pouvais aller à plein régime penché à 60 degrés et que rien ne se passerait jusqu’à ce que la moto décide que j’avais la puissance nécessaire. »

« L’animal que j’attendais était assez facile à conduire, mais c’était très difficile de le piloter rapidement. J’ai réalisé la limite de la moto, mais pas la limite des pneus Bridgestone, surtout le pneu avant. »

« J’étais conscient que je n’étais même pas proche du maximum de la moto. Franchement, je ne pense pas avoir atteint la limite avec cette expérience MotoGP complète. »

Par contre la vie était plus confortable en MotoGP : « Toute l’équipe était alignée autour du pilote. J’avais mon propre bureau privé dans un des camions. J’ai eu tout ce que j’ai demandé, comme une chambre d’hôtel supplémentaire ou plus de passes. Ils se sont occupés de tout sans rien demander. La qualité de l’hospitalité dans le paddock MotoGP est incroyablement agréable. La cuisine était impressionnante. J’ai été étonné de voir combien il y avait de choix différents pour le dîner. Même Alpinestar avait sa propre hospitalité dans le paddock. »

« C’était l’époque où la BBC diffusait le MotoGP. Il y avait une forte influence britannique. Je me suis senti très à l’aise », se souvient Rea, qui résume : « J’ai pu prouver mon talent. Quand je compare, je me rends compte que peu de rookies sautent sur une machine de MotoGP et font deux résultats dans le top 10. »

(Gold & Goose/Red Bull Content Pool)

Photos © Honda Racing Corporation, motogp.com / Dorna / Gold & Goose pour Red Bull

Source partielle : « Dream. Believe. Achieve ». Autobiographie de Jonathan Rea

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