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Aleix Espargaró Parlons MotoGP

C’était l’une des images du week-end, et même, de la saison. Parlons MotoGP se concentre aujourd’hui sur « l’affaire de la claque » ; au Qatar, lors de la deuxième séance d’essais libres, Aleix Espargaró est sorti de ses gonds lorsqu’il vit Franco Morbidelli le gêner dans sa tentative de tour rapide. Dans un excès de colère, il s’arrêta à ses côtés, et le frappa au casque. Pour cela, il écopa de six places de pénalité sur la grille, ainsi que d’une amende de 10 000 euros. Que penser de cet incident ? Éléments de réponse.

 

La claque

 

Premièrement, s’il y a bien un pilote que l’on pouvait suspecter d’agir ainsi, c’était bien lui. Depuis longtemps, Aleix Espargaró est animé par une grinta parfois dangereuse, et cela s’est déjà retourné contre des pilotes en piste, mais aussi, sur sa propre équipe. Toujours en 2023, on le vit fou de rage en Inde, lorsque son équipe le fit partir avant l’ouverture de la pit-lane pendant les qualifications, le contraignant ainsi à faire demi-tour au box.

L’Espagnol est à cran, et son geste était totalement déplacé, c’est une certitude. Son comportement, aussi difficile pour les autres fut-il, lui valut de devenir l’un des meilleurs pilotes du monde, fer de lance d’un projet ambitieux. Loin de moi l’idée d’excuser son geste, mais je veux simplement dire que sur celui-ci, il n’y a pas grand-chose à faire, si ce n’est le pénaliser de cette manière. Tous les athlètes de haut niveau le disent ; l’adrénaline met les nerfs à rude épreuve, et les réactions sont parfois exagérées. Il a bravé l’interdit, et a été pénalisé. Mais assez pour ne pas recommencer ?

 

 

Rien à voir avec Romano Fenati

 

Pour moi, la sanction est juste, bien trouvée de la part des commissaires. Reculer de six places est très pénalisant (il ne termina aucune des deux courses), et même pour un pilote MotoGP, l’amende de 10 000 euros pique un peu. À chaud, beaucoup désiraient un verdict plus lourd, mais en réalité, ça n’aurait point été justifiable.

 

Aleix n’y était pas ce week-end. Pris dans l’accident collectif lors du Sprint, et abandon lors du Grand Prix. Photo : Michelin Motorsport

 

Tout simplement car il faut relativiser. Le geste était excessif, oui, mais ne mettait pas en danger l’intégrité physique de Franco Morbidelli. Certains ont comparé cela au coup de sang de Romano Fenati lors du Grand Prix de Saint-Marin 2018, lorsqu’il avait attrapé le frein avant de son compatriote Stefano Manzi à pleine vitesse. Par le fait, de nombreux observateurs appelaient au bannissement temporaire d’Aleix Espargaró. Soyons clair ; ce n’est pas parce qu’il n’est pas aimé, notamment en France, qu’il faut à ce point déformer la réalité. Les deux incidents ne sont absolument pas comparables. Durant le warm-up du Grand Prix de France 2011, Casey Stoner avait écopé d’une amende de 5 000 euros pour avoir donné un coup de poing Randy De Puniet, lui aussi arrêté sur la trajectoire idéale. Nous mettrons la différence sur le compte de l’inflation, mais globalement, il faut dédramatiser la chose.

N’ayez crainte que cela se reproduise car la sanction était trop laxiste ; Aleix Espargaró est un grand professionnel, comme tous les autres, et lui aussi sait qu’il a commis un grossière erreur. À vrai dire, il n’avait même pas besoin de la pénalité pour s’en rendre compte.

 

Qu’en retenir ?

 

Cela vous paraîtra peut-être étrange, mais j’y vois là un épisode plutôt anecdotique qui met en exergue la personnalité des pilotes. À l’heure où les sports deviennent lisses au possible, un tel geste est rare. Dans 15 ans, on se dira sans doute : « Tu te rappelles quand Aleix Espargaró avait mis une claque à Franco Morbidelli ? Au moins, à l’époque, ils pouvaient encore le faire. » Exactement comme les fans de Formule 1 lorsqu’ils revoient les images de l’altercation entre Nelson Piquet et Eliseo Salazar au Grand Prix d’Allemagne 1982. Piquet avait décoché un Superman Punch dont Georges Saint-Pierre serait fier, avant d’enchaîner avec un combo au corps, juste car le Chilien Salazar l’avait sorti de la piste.

 

 

Oui, on sait que ce ne sont pas des comportements à avoir sur un circuit, et que les pilotes sont suivis par des millions de jeunes. Il n’y a même pas besoin de nous le dire. Mais ce sont aussi ces moments d’histoire qui créent des souvenirs, qui sont sympathiques à raconter. Par exemple, j’avais pris beaucoup de plaisir à vous conter le parcours de John Kocinski au plus haut niveau, malgré les pétages de câble qui jonchèrent sa carrière. Franco Morbidelli ne risquait absolument rien, pas plus qu’en traînant sur la trajectoire, un exercice dont il est un grand spécialiste depuis plusieurs années maintenant.

Quelle pénalité auriez-vous infligé à Aleix Espargaró ? Dites-le moi en commentaires !

 

Aleix Espargaró Parlons MotoGP

On a beau dire, il a quand même l’un des plus beaux casques actuels. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : MotoGP

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