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Ducati

Hier, nous passions en revue les pilotes qui peuvent, potentiellement, battre Bagnaia – dans une analyse que vous pouvez retrouver en cliquant ici. Mais aussi bon soit-il, il doit beaucoup à sa machine, comme tous les grands champions avant lui. Marc Márquez, Jorge Lorenzo, Casey Stoner ou même Valentino Rossi ont tous été titrés avec des machines dominantes. Cette saison, la Ducati Desmosedici GP23 est quasiment injouable, mais peut-être encore plus que vous ne le pensez.

 

Ducati affole les statistiques

 

C’est le premier élément qui choque à l’étude de cette première partie d’exercice. Le championnat constructeur est très largement dominé par Ducati (285 points contre 153 pour KTM à l’heure où ces lignes sont écrites), mais la force avec laquelle la machine écrase le reste est ahurissante.

Cette saison, Sprints compris, Ducati n’a laissé passer que trois victoires en seize courses (Binder en Sprint en Argentine et à Jerez, ainsi que Rins le dimanche aux USA). C’est impressionnant de voir à quel point les pilotes Ducati ont la capacité de s’imposer, de franchement dominer la concurrence. Ce point est important car ça n’était pas le cas avant 2021. Depuis 2019, la firme de Borgo Panigale semble avoir la meilleure machine mais elle n’arrivait pas à gagner régulièrement pour autant.

 

Ducati

Rins est le seul pilote à s’être imposé le dimanche sans pour autant rouler sur une Ducati. Photo : Michelin Motorsport

 

Cela est dû à la constance des GP22 et GP23, leur capacité d’adaptation phénoménale. Elles ne connaissent que peu de points faibles, ce qui les rend candidates à la victoire à chaque sortie. Doucement, on se rapproche des totaux à peine croyables atteints par Honda à la fin des années 1990 (100 % de victoires en 1997), voire, de MV Agusta dans les années 1960/1970. Il faut se rendre compte que l’on voit évoluer l’une des meilleures motos de l’histoire de notre sport.

 

La force du nombre

 

Il existe une différence notable avec les années 1990. Sur huit Ducati, six jouent aux avant-postes quand Yamaha ne possède que deux machines, Honda quatre. Ne comptez pas sur nous pour critiquer Ducati sur ce point, car nous sommes pleinement pour le nivellement par le haut. Les autres doivent se mettre au diapason, sans mauvais – ou bon – jeu de mot, ce n’est pas à Ducati de ralentir sa progression. Nous encourageons la firme italienne à innover, à toujours, vouloir repousser les limites de la performance dans le cadre du règlement, bien entendu.

Mais les faits sont là : Six Ducati peuvent potentiellement gagner une course, ce qui est du jamais vu à l’échelle de l’histoire. En général, les grandes périodes de domination sont aussi façonnées par des individualités. En 1997, Honda prend 15 victoires en autant de courses, mais Mick Doohan en amasse 12 à lui tout seul, tout comme Marc Márquez en 2019, qui rapporte 100 % des succès de son employeur, sans même parler de Giacomo Agostini à son époque, ou de Valentino Rossi au début des années 2000.

Nous sommes dans une année où le top 3 du classement équipes pourrait être constitué de trois formations Ducati. C’est hallucinant, tout simplement. On assiste à des manches, comme au Sachsenring, où les cinq premières machines sont toutes frappées du même emblème, avec huit Ducati dans le top 9. Un seul triplé est rarissime à l’échelle de l’histoire, alors un quintuplé est un accomplissement phénoménal.

Le recrutement est aussi impressionnant, et cela joue en faveur de la marque. Tous les pilotes qui chevauchent ces étalons sont forts, rapides, jeunes, explosifs, ou, comme Johann Zarco, très solides en toutes circonstances. Fabio Di Giannantonio est le seul maillon faible, celui qu’on imagine difficilement jouer un podium même s’il partait depuis la pole au Mugello en 2022.

 

Des certitudes balayées

 

Maintenant que nous avons étudié l’aspect comptable en détail, afin de bien prendre la mesure du tsunami rouge qui nous tombe dessus, écoutons ce que la piste nous dit.

 

Mais qui peut venir à bout des rouges ? Photo : Michelin Motorsport

 

Premièrement, depuis 2016, mais réellement depuis 2022, on ne peut plus dire que tel circuit avantage tel pilote ou telle machine. Les styles sont plus confondus, et surtout, la Ducati ne connaît pas de points faibles. Elle est capable de s’imposer sur des tracés aux profils très variés, du Mugello (architecture autrefois favorable à Yamaha), au Mans (circuit « stop & go » par excellence), au Sachsenring (un tourniquet comme on en fait plus), et sur des pistes très plates et longues, favorisant la stabilité et l’inscription en courbe comme Termas de Río Hondo et Silverstone. Bref, elle est favorite partout, d’autant que la concurrence a perdu ses points forts.

Le mythe de la vitesse de pointe doit cesser. Réduire les travaux de Gigi Dall’Igna aux seules lignes droites est incorrect. Le passage de la puissance au sol est sans doute la qualité n°1 de cette Desmosedici millésime 2023. C’était particulièrement flagrant à la sortie de l’épingle d’Assen, le virage n°5, où Brad Binder avait l’impression d’être arrêté comparé à Pecco Bagnaia.

La stabilité au freinage fait également partie des atouts de la GP23 ; en plus de permettre à ses pilotes de manger tout ce qui bouge aux freins, on voit très peu d’erreurs sur des phases très appuyées, et les chutes interviennent plutôt en virage rapide ou après le point de corde.

 

Qui peut battre Ducati ?

 

Personne. La réponse est bien plus évidente qu’hier, c’est certain. Par élimination, Honda est nulle part et ses pilotes se coltinent sans doute la pire moto de course créée par la firme, tandis que la performance de Yamaha est assez incompréhensible, ou au minimum, dure à lire. Quoi qu’il en soit, les deux historiques japonais sont à des années lumières en termes de performance, d’une part, mais aussi d’envie, de culot, d’innovation et de tout ce qui fait une bonne équipe MotoGP.

Reste Aprilia, qui a clairement régressé en 2023. La moto est moins bonne, sans doute en raison de l’abolition des concessions, mais les pilotes aussi sont moins à même de faire des coups d’éclats ; nous y reviendrons plus en détail pendant l’été.

De toute évidence, KTM peut rivaliser sur certains points (vitesse de pointe, points forts départs et freinages), mais nous avons l’impression que sa performance dépend davantage des percées des pilotes que de la qualité intrinsèque du package. Oui, la RC16 est rapide, mais ne peut tenir la dragée haute à la Ducati sur une demi-saison. En face, c’est juste trop fort.

Qu’en pensez-vous ? Imaginez-vous que Ducati remporte toutes les courses jusqu’à la fin de saison ? Dites-le nous en commentaires !

 

Dans l’ère Bagnaia. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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