C’est l’été, alors, pourquoi ne pas en profiter pour s’essayer à un nouveau format. Cette chronique existe depuis maintenant six ans, ce qui est relativement long à l’époque d’internet, et force est de constater qu’elle vous plaît. Ce concentré de subjectivité argumenté est très souvent ponctué de prédictions, car cela m’amuse beaucoup. Aujourd’hui, je voulais donc revenir sur les pires (et meilleurs) pronostics partagés dans Parlons MotoGP, car, après tout, l’erreur est humaine. C’est parti !
Un champion qui n’a pas confirmé
Commençons tout de suite avec ce que je considère comme mon plus grand échec. En effet, dès 2019, je me suis beaucoup attaché à Augusto Fernandez, qui était capable de véritables prouesses en Moto2. Je vous en avais parlé dès cette époque, il y a de ça six ans. Après sa période un peu plus délicate en catégorie intermédiaire, il a réalisé une somptueuse saison 2022, récompensée du titre mondial. Toutes ces années, j’avais défendu son style de pilotage, son sens du dépassement et sa science de la course. Il avait réalisé, en 2022, quelques-unes des meilleures performances de l’année toutes catégories confondues, notamment à Assen et à Silverstone.
Forcément, quand il a été annoncé chez KTM Tech3 en MotoGP, j’étais sûr de moi, porté par le fait qu’il m’avait donné raison quatre ans après mes premières prédictions le concernant. Et pendant cette année rookie, en 2023, j’essayais de me rassurer, en disant qu’il avait tout bien fait, car il était régulier. J’y ai cru après Le Mans, où il a terminé quatrième. Mais finalement, son exercice n’était pas si réussi que ça. En 2024, il fut totalement éclipsé par Pedro Acosta, et quitta ainsi KTM.

Peut-être aurait-il connu une trajectoire différente en débutant chez Ducati ? Photo : Michelin Motorsport
Bon, il a quand même réussi à rebondir chez Yamaha en tant que pilote d’essai. Là encore, je ne voulais pas lâcher le morceau : je vous avais dit de le surveiller s’il venait à effectuer des remplacements, car je savais qu’il allait avoir du temps de roulage entre les probables blessures d’Oliveira et de Rins. Et malgré ce statut, il déçoit, notamment avec ce dépassement non maîtrisé sur Nakagami à Brno. Maintenant, j’ai peu d’espoir.
Force est de constater que je me suis trompé sur son cas, et ça me rend amer, car je croyais avoir décelé un vrai potentiel. Même s’il est encore très jeune, je ne le vois pas rebondir en MotoGP, malheureusement.
Mais où est l’« ère Bagnaia » ?
Ma deuxième plus grosse erreur, d’après moi (je vous encourage à m’en rappeler d’autres en commentaires), concerne Pecco Bagnaia. Rien à voir avec son talent, car je maintiens ce que j’ai dit sur son cas lorsque je l’ai comparé à Casey Stoner, par exemple. En revanche, je me suis trompé sur son héritage. Au beau milieu de la saison 2024, j’ai intitulé un article : « Après l’ère Marquez vient l’ère Bagnaia », comme si l’octuple champion du monde avait laissé sa place à une nouvelle force, capable de plus ou moins remporter toutes les courses.
La réalité, c’est que l’ère Marquez est toujours en cours, et ce, depuis 2013. Il aurait été capable de remporter tous les titres depuis son année rookie, y compris en 2021 face à Fabio, s’il n’avait pas été blessé, naturellement. L’ère Marquez ne prendra fin que lorsqu’il quittera la catégorie, et l’année 2025 prouve à quel point j’avais tort, même si j’avais tout de même pronostiqué Marc Marquez vainqueur du championnat. Je m’attendais à une lutte serrée, à ce que Bagnaia s’élève et me donne indirectement raison en honorant sa légende. Au lieu de ça, on a un Pecco qui réclame sa GP24 depuis six mois et qui pointe à 48 points d’un Marquez qui n’est même pas Marc au classement.
J’ai quelques autres prédictions moyennes en tête, qui concernent, notamment, le Championnat du monde 2024, où je voyais Bagnaia l’emporter, mais aussi des destinées de pilotes, comme pour Tony Arbolino et Celestino Vietti, que je voyais percer. Mais bon, on va arrêter de se flageller, et on va revenir sur quelques moments où j’avais vu juste.
Au moins un de bon !
J’ai commencé à écrire des articles en 2019, et mon troisième papier seulement parlait de Miguel Oliveira, un rookie assez discret à l’époque. Ceux qui suivent la chronique savent que c’est l’un de mes pilotes préférés. Il faut savoir que, depuis 2015 et sa bataille incroyable contre Danny Kent pour le titre Moto3, le Portugais était dans mes petits papiers. J’avais décelé en lui une capacité hors norme à s’illustrer quelques fois par saison, et c’est exactement ce qui est arrivé tout au long de sa carrière. Comme je l’avais prédit, il est bel et bien devenu un outsider régulier en MotoGP pendant un certain temps, et même s’il n’est jamais devenu champion du monde, je trouve qu’il a connu une formidable carrière, marquée par des succès que je ne suis pas prêt d’oublier.
Au final, je suis content d’avoir « misé » sur lui, car il m’a rendu la monnaie de la pièce à de nombreuses occasions, m’offrant ainsi des souvenirs impérissables.

Dommage qu’il ait été miné par les blessures. Photo : Michelin Motorsport
L’erreur de Honda
À l’époque, pour Oliveira, beaucoup étaient d’accord avec moi même si ce n’est pas un pilote sur qui la majorité s’attardait. En revanche, pour Joan Mir, je me suis fait arracher dans les commentaires. Lorsque j’ai appris sa signature avec Honda Repsol pour 2023, j’ai tout de suite signalé cette erreur de casting. Pour moi, ça me paraissait évident que son profil ne convenait pas, surtout au vu de sa saison 2022 plus que moyenne avec Suzuki. Tout le monde m’est tombé dessus au moment de la publication, en prétextant qu’il pouvait relever Honda. En plus, son contrat était particulièrement juteux, de mémoire, ce qui légitimait son choix, en un sens.
Résultat des courses : Joan Mir a le pire bilan de l’histoire moderne en tant que pilote d’usine depuis 2023, et Honda ne veut toujours pas lâcher l’affaire. Encore aujourd’hui, je pense que cette erreur coûte cher à la firme ailée, qui n’a pas fini de payer le tribut de cette décision hasardeuse.
Plusieurs de mes prédictions sont encore en cours, et j’attends beaucoup de celle concernant les constructeurs japonais, qui ne pourra se vérifier que dans quelques années. Il y a aussi le cas Quartararo, comme illustré en photo de couverture. En 2024, j’avais publiquement affirmé que rester chez Yamaha était une erreur de carrière, tout du moins sur le plan sportif. Pour l’instant, c’est à moitié confirmé au vu des résultats de Bezzecchi sur l’Aprilia, mais je ne peux pas tirer de conclusions dès maintenant.
Je suis curieux d’avoir votre avis sur ce papier. N’hésitez pas à me rappeler certaines de mes erreurs en commentaires, mais aussi, de confesser les moments où vous vous étiez trompés ! Après tout, si on pouvait tout deviner à l’avance, ce sport serait bien ennuyant !

Depuis début 2022, Mir n’y est plus. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport