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Parlons MotoGP Augusto Fernández

Ils n’ont pas chômé durant cette saison 2023. Pendant l’hiver, « Parlons MotoGP » va se pencher sur chacun des engagés de cet exercice, et dresser le bilan ; aujourd’hui, au tour d’Augusto Fernández. A-t-il réussi ? A-t-il échoué ? Pouvait-on en attendre davantage ? L’heure est à l’analyse. Bien sûr, vous êtes invités à donner votre avis en commentaires, car celui-ci compte énormément. Hier, nous sommes revenus sur Takaaki Nakagami, dans un article que vous pouvez retrouver en cliquant ici.

 

Deux actes

 

Entrons dans le vif du sujet. La saison d’Augusto se divise en deux parties assez distinctes.

D’abord, la première, du Grand Prix d’ouverture au Portugal jusqu’en Catalogne. Ici, le seul rookie (une première depuis Tito Rabat en 2017) faisait forte impression, et l’on n’a cessé de le féliciter. Régulier, rapide, fort en qualification, et surtout, le dimanche.

Pour une année d’adaptation au sein d’un team qui avait, de fait, échoué avec deux grands talents en 2022 – Remy Gardner et Raul Fernandez, c’est fort. Aussi parce qu’il n’avait personne à ses côtés ; Pol Espargaro, absent pour blessure dès l’entame, ne pouvait pas lui apporter cette expérience supplémentaire pour faire la différence. Et puis, même s’il n’a jamais explosé en Sprint sur cette période, il a tout de même eu ce moment de génie, cette performance qui fait d’une saison moyenne une saison convaincante : Le Mans.

 

Parlons MotoGP Augusto Fernández

Le n°37 n’a pas été exceptionnel, mais dans son rôle. Photo : Michelin Motorsport

 

En Sarthe, l’Espagnol s’est surpassé. Dès les qualifications, il n’a pas flanché pour passer en Q2, devant Fabio Quartararo à la maison. Puis, pendant la course, il termina quatrième en croisant le fer avec Aleix Espargaro, qui bénéficie d’une bien meilleure machine en plus d’être un immense pilote.

C’est comme s’il lisait le manuel du « parfait rookie », celui qui peut apprendre à aller vite sans trop chuter.

 

Une fin de saison si compliquée que ça ?

 

Puis, le ciel s’assombrit. Il est difficile de tenir un an comme ceci, c’est certain. Plusieurs facteurs viennent ternir le tableau, mais là encore, il bénéficie de circonstances atténuantes.

Premièrement, la KTM officielle s’est dotée d’un châssis en carbone qui a amélioré le feeling des pilotes, d’une part, et les performances, de l’autre. La GasGas Tech3, elle, non. Ainsi, ce team plus satellite qu’usine a quelque peu stagné. Mais ça, il n’y est pour rien. Rivaliser avec les Aprilia RS-GP23 qui progressaient et les huit Ducati devenait difficile.

Deuxièmement, les premières erreurs ont commencé à se manifester. Alors qu’il ne comptait aucun résultat blanc sur les onze premières manches, il termine l’année avec six, accumulés, donc, sur les neuf dernières courses. Ce phénomène, même s’il coûte très cher sur le plan comptable – comme nous le verrons par la suite, n’est pas grave, car il faut oser pousser pour progresser. Telle est la loi du MotoGP moderne. D’ailleurs, il n’abandonna jamais la bataille dans les moments difficiles, en saisissant, par exemple, l’opportunité pluvieuse au Japon pour se classer septième du Grand Prix.

 

Parlons MotoGP Augusto Fernández

Perf’ XXL. Photo : Michelin Motorsport

 

Troisièmement, le retour de Pol Espargaro était très bon en Grande-Bretagne, à la 12e place sur le format long et sixième dès le Sprint suivant en Autriche. On pouvait logiquement se demander si ce n’était pas juste la moto qui faisait bonne figure. Ne pas parvenir à battre franchement un « Pollycio » vieillissant, qui ne connaissait pas la machine, pouvait s’avérer gênant. Mais là encore, les résultats sont là. Jamais, le dimanche, il ne se fit battre par son coéquipier lorsque les deux franchissaient la ligne, même si ça ne se jouait qu’à une place d’écart. Plus largement, Pol n’a jamais été en mesure de se hisser à la quatrième place lors d’une course dominicale comme Augusto l’avait fait au Mans.

 

Alors, une campagne réussie ?

 

Une question aussi limpide n’est pas si facile à traiter. J’aurais tendance à dire oui, pour une bonne et simple raison. Il a fait mieux que Raul Fernandez et Remy Gardner, alors que les deux étaient annoncés comme des cracks. Je pense qu’il s’agit là d’un très bon pilote qui a montré qu’il pouvait, à moyen-terme, débloquer beaucoup de performance et surtout, faire preuve d’une grande régularité. Son Grand Prix au Mans en témoigne. Il pilote avec la tête, est calme, réfléchi, et pourrait s’avérer dangereux dès l’an prochain si le matériel proposé par la firme autrichienne est la hauteur de son talent, car je persiste à dire que la philosophie de la marque de Mattighofen est la pire pour un rookie en MotoGP. La progression linéaire n’existe pas, pas plus chez Brad Binder que chez Augusto Fernandez.

Pour en revenir à l’interrogation initiale, il a réussi à maintenir son guidon face à son coéquipier Pol Espargaro, qu’il vient d’envoyer à la retraite, plus ou moins. Survivre à un épisode de la sorte, ça aide. Et pour ces deux paramètres liés à la KTM plus qu’à sa propre performance, je dirais qu’il a réussi.

Maintenant, il ne faut pas se tromper. Sa fin de saison biaisée et marquée par des abandons lui plombe son bilan, et il est impossible de dire d’un pilote classé 17e avec 71 points (soit 3,5 points par course sur une base de 37 unités disponibles par week-end) qu’il fut transcendant, et hormis son coup de chaud au Mans, plus jamais il ne prit feu.

 

Il faudra juste progresser sur les Sprints. Photo : Michelin Motorsport

 

Aussi, j’aurais bien aimé que ses deux parties de saison soient inversées, la première ressemble davantage à celle de quelqu’un qui a compris, et la deuxième, quelqu’un qui se cherche et apprend. L’évolution de la dynamique est à surveiller dès le Grand Prix du Qatar 2024.

Pour conclure, je dirais qu’arriver dans cet environnement psychologiquement difficile, avec les Sprints en plus dès sa première campagne, sans coéquipier au début, sur la GasGas, ça n’est pas si mal. Surtout avec cette attitude ; c’est pourquoi je lui tire mon chapeau.

Et vous, qu’en avez-vous pensé ? Dites-le moi en commentaires, et joyeux Noël à vous ! 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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