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KTM pilotes

Une marque, cinq contrats. KTM fait face à un véritable problème de riche en ce moment, avec trop de pilotes talentueux à faire rouler. Les autrichiens doivent trouver le moyen de caser tout le monde, mais de toute évidence, un des cinq prétendants sera lésé. Alors bien sûr, nous n’avons pas la prétention de donner des conseils à une marque si prestigieuse, mais cet article a pour but de se pencher sur la question en utilisant principalement la logique. Qui doit faire le saut ? Qui doit rouler en MotoGP ?

 

Résumons

 

Avant de débuter, précisons simplement que nous n’évoquerons pas les conditions financières, ni les clauses de chacun. Ici, nous parlons simplement de sportif même si ces détails peuvent peser lourd dans une telle décision. Reprenons. Pour résoudre ce casse-tête, rien de mieux que d’établir des priorités. Que veut KTM ? Quel est l’objectif ? Gagner en MotoGP, ou au moins, rivaliser avec Ducati dès 2024. Pour cela, il faut se munir des meilleurs éléments.

Selon nous, il faut faire monter Pedro Acosta en MotoGP. Il faut qu’il roule dès 2024, à plein temps. Talent générationnel affirmé depuis sa première saison en mondial (où il fut titré en Moto3, d’ailleurs), il a fait le break au général en Moto2 et devrait prendre ce sacre sans trop de problèmes. Il serait criminel de nous priver d’un tel talent en le « mettant au placard », une stratégie que l’on voit souvent en Formule 1 et qui parfois, se retourne contre ceux qui prennent cette décision (le cas Oscar Piastri avec Alpine est assez parlant). Nous parlons d’un pilote « calibre » Pedrosa, Lorenzo, Marc Márquez.

 

KTM pilotes

« Pollycio », la victime ? Photo: Michelin Motorsport

 

Vous l’aurez deviné ; il faut donc lourder l’un des quatre pilotes actuels.

 

Officiel ou satellite, loin d’être un détail

 

Maintenant que nous avons posé le décor, penchons-nous sur les quatre larrons, indépendamment. Brad Binder est sûr de rester pilote d’usine à plein temps, ça n’est même pas un débat. Il a prolongé il y a peu, et incarne KTM au plus haut niveau. Malgré une baisse de forme récente – excepté les très bonnes percées dont il a le secret, il reste un pilote « élite » qui peut disputer la victoire aux meilleurs de la catégorie reine. La firme de Mattighofen aurait tout intérêt à en faire son pilote phare car il est bon communiquant, sympathique, colle avec l’image un peu folle véhiculée par Red Bull et surtout, a fait toute sa carrière chez eux. Il est, en quelque sorte, l’employé parfait.

Reste donc trois hommes. Jack Miller au sein de l’équipe officielle, Pol Espargaró et Augusto Fernández chez GasGas Tech3. Un temps, on pensait Augusto à l’abri mais force est de constater que le bon retour de « Pollycio » dut lui mettre un petit coup de pression. La moto semble marcher plus que ce que l’on imaginait, et Pol a rapidement été en mesure de se battre avec lui comme en Autriche. De plus, le champion du monde Moto2 2022 a connu deux week-ends difficiles à Misano puis en Inde (enregistrant son premier abandon de la saison pendant un Grand Prix), même s’il est très bien revenu à Motegi.

 

KTM pilotes

Nous avions vu juste sur Augusto. Photo : Michelin Motorsport

 

Alors, oui, on entend partout que la solution est toute trouvée ; pourquoi ne pas se séparer de Pol Espargaró, 32 ans, assurément plus proche de sa fin de carrière que du début. C’est presque trop facile. Mais n’est-ce pas prendre le problème par le mauvais bout. Un temps, nous pensions également ceci, et ne comprenions même pas pourquoi cela faisait débat.

Mais faut-il vraiment lier Pedro Acosta à GasGas plutôt qu’à KTM ? Sa place est-elle au sein d’une équipe satellite qui ne joue rien, ou presque, depuis 2020 ? Pas selon nous. D’ailleurs, plus tôt, nous avons cité les Dani Pedrosa, les Jorge Lorenzo et les Marc Márquez. Nous aurions même pu y ajouter Maverick Viñales pour avoir la liste complète des talents les plus prometteurs avant d’arriver en MotoGP au XXIe siècle. Quel est leur point commun ? Ils ont tous débuté dans une écurie officielle.

 

Jack Miller doit céder sa place

 

Une marque doit oser. Oser donner les clés du camion à un tel talent, ou au moins, lui prêter le meilleur matériel, la meilleure équipe. Oser lui conférer une responsabilité qui fait de lui un grand. Oser suivre le sens de l’histoire. La place de Pedro Acosta est au sein de l’équipe d’usine, pas chez GasGas.

Imaginez-vous un seul instant que KTM et Red Bull manquent cette opportunité, même si le prodige arrive dans le box d’à-côté ? Pour l’image, pour le prestige, pour la puissance de frappe, il ne faut pas avoir peur de prendre telle décision. Vous l’aurez compris ; selon nous, il faut se séparer de Jack Miller. Nous n’avons rien contre l’Australien, et il ne démérite pas plus que Pol Espargaró par exemple, mais il faut bien comprendre que les deux rôles n’ont rien à voir. Miller n’est pas moins fort que Pol, mais la doublette Binder/Acosta – Espargaró/Fernández dans l’équipe B serait largement plus intéressante que les deux paires Binder/Miller – Acosta/Fernández. La nuance est fine, mais ô combien importante.

Et puis, en toute honnêteté, Jack Miller n’a pas été transcendant non plus. Il est difficile de quantifier son aide liée à son expérience chez Ducati, mais sur la piste, les résultats sont loin d’être exceptionnels. Ils sont corrects, certes, surtout pour une première saison au guidon de la KTM. Mais c’est surtout le manque de progression qui interroge. Il était presque plus fort, plus proactif, plus régulier dans la performance en début de saison quand il ne connaissait pas la machine.

Désormais, il est capable de très bonnes performances mais aussi de week-ends réellement étranges. Son rythme de course est toujours en dessous ; il peine à se maintenir devant malgré des bonnes entames, et ce, presque systématiquement. C’est difficile d’essayer de lui trouver des défauts comme c’est difficile d’essayer d’en trouver pour les autres.

Mais c’est aussi ce pourquoi nous choisissons Jack Miller, et ce sera notre dernier argument. Si KTM arrive à le garder sous contrat tout en le prêtant à une autre équipe – une manœuvre très « Formule 1 » dans l’esprit, il sera facile de lui trouver un guidon. Il ne fait aucun doute que Honda, pour remplacer Marc Márquez, lorgnera sur le nouveau papa. Pol Espargaró, qui est loin de démériter et qui apporte ce supplément d’âme à l’équipe, en plus de son expérience au guidon de la RC16, peinerait davantage.

 

Binder, le seul intouchable. Photo : Michelin Motorsport

 

Conclusion

 

Se séparer de Jack Miller – un pilote dont on connaît le plafond – au profit de Pedro Acosta dans l’équipe d’usine, c’est à la fois conférer un statut important à un pilote important, et peut-être garder cinq pilotes sous contrat sur la grille au lieu de quatre. C’est aussi laisser la chance à Brad Binder de performer tout en le mettant en concurrence avec un jeune loup, ainsi qu’inciter Augusto Fernández à progresser, tout en évitant la tempête médiatique qui pourrait nuire à l’image de marque (inutile de rappeler le cas Remy Gardner). C’est aussi garder une base solide avec Pol Espargaró dans l’équipe satellite, celle qui n’est pas faite pour gagner, on le rappelle.

Que pensez-vous de notre solution ? Dites-le nous en commentaires !

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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