pub

Né le 12 octobre 1996 à Barcelone, Gabriel Rodrigo a commencé à intriguer les commentateurs par sa nationalité argentine affichée. Aujourd’hui, il explique plus en détail et sans fausse pudeur sa surprenante décision d’arrêter sa carrière de pilote à 26 ans pour ouvrir un restaurant de hamburgers…

Pour un Espagnol, le garçon débute tardivement, à l’âge de 13 ans, dans la catégorie 80 du Championnat Méditerranéen de Vitesse, mais il progresse vite, rejoignant le célèbre CEV en 2013 et concluant cette première saison de très haut niveau seulement dix places derrière le titré Fabio Quartararo.

L’année suivante, alors que El Diablo double sa couronne avant d’accéder aux Grands Prix, le numéro 19 termine 4e, laissant monter Jorge Navarro et Hiroki Ono compléter le podium, mais effectuant en même temps 6 wildcards et un remplacement en GP. Cette progression fulgurante est en partie due à son talent, en partie due à son équipe RBA, aidée et cofinancée par Aleix Espargaró et un père argentin au parcours romanesque : Combattant à Cuba, persécuté en Argentine puis exilé en Espagne où il fonde avec succès sa propre maison d’édition RBA, aujourd’hui présente dans 50 pays et 12 langues.

De 2015 à 2018, en utilisant pour l’occasion sa double nationalité argentine, Gabriel Rodrigo a côtoyé successivement  Ana Carrasco, Juan Francisco Guevara et Kazuki Masaki en restant sur sa KTM au sein du team RBA (puis RBA BOE Racing Team et RBA BOE Skull Rider) avant d’intégrer le Kömmerling Gresini Moto3 sur une Honda aux côtés de l’Italien Riccardo Rossi.

L’Hispano – Argentin effectuera trois années au guidon de la NSF250R du team Gresini mais au final sa meilleure saison restera bien 2018, avec une pole, un podium obtenu à Barcelone, 116 points marqués et la 7e place au classement général.

 

 

Passé en Moto2 en prenant le numéro 2 chez Pertamina Mandalika SAG Team en 2022, Gabriel Rodrigo est marqué par ses nombreuses chutes et les drames survenus ces dernières années. Il commence même à connaître la peur. Toujours convalescent d’une blessure à l’épaule, il surprend tout le monde en annonçant en septembre sur les réseaux sociaux sa retraite à effet immédiat : « J’ai décidé de mettre fin à ma carrière sportive. En fait, j’avais cette idée en tête depuis longtemps et je voudrais vous expliquer toutes les raisons pour lesquelles j’ai pris cette décision. La vérité est que tout a commencé plus fort l’année dernière, quand peu de temps après avoir signé mon contrat pour monter en Moto2, j’ai eu un très mauvais entraînement avec un accident et j’ai vu ma vie en danger. Et cela, ajouté à toutes les tragédies que nous avons vécues récemment avec nos collègues, m’a fait beaucoup réfléchir à la situation, à savoir si cela valait la peine pour moi de continuer à prendre autant de risques lorsque je montais sur la moto. Au final, j’ai beaucoup de projets en tête, j’ai beaucoup d’ambitions, j’aime ma vie, j’aime ma famille, les gens que j’ai à mes côtés, et la vérité est que je ne suis pas prêt à continuer à me mettre en danger et à faire de la compétition sur une moto. La vérité est que c’est la chose la plus importante qui m’a poussé à prendre cette décision. »

« Je me sens très heureux d’avoir pu prendre cette décision. J’en ai beaucoup parlé avec ma psychologue et elle m’a beaucoup aidé à atteindre ce niveau de maturité. Au début de l’année, j’en ai parlé à Elia (sa petite amie) et je lui ai dit que je ne voulais pas continuer à courir beaucoup plus longtemps. Je voulais essayer le Moto2 et j’avais envie de continuer à me donner à 100%, mais je n’allais pas y rester longtemps. Grâce au fait que je me suis arrêté [fin mai, suite à une chute au Mugello], j’ai pu prendre du temps pour moi-même, écouter mon corps, mon cœur, et voir ce qu’ils me demandaient. Cela n’avait aucun sens de continuer à courir ; si je le faisais, c’était par rapport au chagrin et à la mélancolie dus à ce qui a été mon identité pendant toutes ces années. Mais ce que je veux vraiment, c’est arrêter et consacrer mon temps à d’autres choses. »

 

 

Aujourd’hui, dans un entretien accordé à El Mundo, l’ex-pilote précise : « Mon état d’esprit a vraiment commencé à changer sur la fin. Jusqu’à ce moment-là, depuis que j’étais enfant, j’étais au guidon : m’entraîner, courir, m’entraîner, courir, je ne m’intéressais à rien d’autre, je ne pensais pas au danger. Mais durant la pandémie j’ai vu qu’il y avait plus de choses dans la vie, j’ai ouvert les yeux, j’ai pris conscience. Je n’avais pas envie de me traîner, de courir sans envie, mais ça me pesait  de l’expliquer à mon entourage, à mon coach, mon manager, mon équipe. Je ne savais pas comment ils allaient le prendre. Heureusement que tout le monde m’a beaucoup soutenu. Avant, s’il arrivait quelque chose, je ne voulais pas savoir dans quel virage ça avait été, les détails de la blessure… ça ne peut pas venir à l’esprit quand on est sur la moto. Maintenant, je vais continuer à regarder les courses sans problème. J’ai réussi à maintenir l’amour de la moto, sans gâcher cette passion que j’avais depuis que je suis enfant. Je me souviendrai de mon passage en tant que pilote avec beaucoup de tendresse. »

Et pour le futur, Gabriel Rodrigo se prépare à ouvrir très prochainement dans le le quartier de Sarrià-Sant Gervasi  de Barcelone un fast-food, avec au menu un unique hamburger : « Nous sommes clairs sur le pain et la viande, mais nous continuons à tester le reste. On a envie de peaufiner beaucoup. »

On espère simplement qu’il s’appellera « Le 19 » mais, quoi qu’il en soit, on ne peut que respecter une telle décision qui nous rappelle que tous ces champions sont avant tout de jeunes hommes soumis à un rythme et un stress intense. Et, de ce point de vue, les 42 courses prévues en 2023 ne vont pas rendre les choses plus faciles…

 

Tous les articles sur les Pilotes : Gabriel Rodrigo

Tous les articles sur les Teams : Stop and Go Racing Team