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La conférence de presse accordée par Loris Capirossi était très attendue car elle devait expliquer les raisons qui ont abouti à une annulation totale des séances en cette troisième journée du Grand Prix du Qatar.

C’est pourquoi nous vous en proposons une traduction intégrale, sans mise en forme pour ne pas trahir les propos du responsable de la sécurité de Dorna.


Une soirée difficile mais une vraiment bonne décision…

« Oui, cela n’a pas été une journée vraiment facile également pour nous. Nous avons essayé de faire les séances d’essais ce soir, nous avons essayé de repousser sans cesse pour comprendre quel était l’état de la piste. Nous pensions que nous pouvions résoudre cela mais, au final, nous avons compris que le problème était plus grand que ce que nous pensions, et nous avons décidé de tout annuler.

Je pense que le plus grand problème de ce circuit et qu’il n’y a pas de drainage, il n’y a pas le moindre drainage de la piste. Normalement, nous ne nous attendons pas à la pluie au Qatar, mais nous avons découvert, en particulier lors des tests Moto2 et Moto3, et encore plus aujourd’hui avec ses conditions. Bien sûr, nous sommes en train de penser à faire faire certains travaux pour la saison prochaine, mais jusqu’à présent la situation est comme cela. En ce qui concerne demain, nous avons décidé d’augmenter un peu la durée des warm ups de chaque catégorie, à 30 minutes par catégorie, et nous espérons vraiment que nous aurons météo favorable. Cette nuit, nous voulons toujours travailler et essayer de résoudre le problème aussi longtemps que nous le pouvons, et nous avons décidé de ne pas faire les qualifications demain matin car nous aurons besoin de toute la journée pour travailler à avoir les meilleures conditions de piste en vue de la fin d’après-midi et de la soirée. »

Apparemment les deux gros problèmes étaient la piste inondée mais aussi les échappatoires qui ressemblaient à des lacs…

« Oui, dans l’échappatoire du virage numéro huit, nous avions presque un lac. Le problème, c’est que sans drainage, l’eau remonte depuis le bas. Quand il y a beaucoup de pluie, il n’y a aucun drainage. Nous avons essayé d’enlever l’eau avec des pompes, mais quand nous pensions que c’était bon, après 10 minutes on avait la même situation. Elle ressortait à nouveau. C’est pourquoi nous avons essayé d’avoir du temps, mais nous n’avons jamais résolu le problème. Et c’est pourquoi nous travaillons encore, et maintenant la situation est un peu meilleure, mais même maintenant, la piste n’est pas prête. »

Quelles sont les prévisions météo pour demain ?

« Nous avons pu surveiller cela est malheureusement elles ne sont pas excellentes pour le matin. Il semblerait que l’on est aussi de la pluie demain matin, et à partir de 11 heures, ce sont les données que nous avons, il semble que la pluie cessera et que ce sera bon pour l’après-midi entière. Nous l’espérons et nous croisons les doigts pour cela mais nous ne contrôlons pas la météo. »

Vous avez bien dit que les pilotes  » pouvaient  » rouler de nuit sur le mouillé, et non pas  » devait  » rouler de nuit sur le mouillé…

« Nous avons décidé de venir ici en février pour essayer de comprendre la situation de nuit car personne n’avait jamais essayé de nuit avec la pluie. Mais comme j’aimerais l’expliquer, je n’ai pas essayé avec la pluie mais avec une piste complètement mouillée. Ce sont des conditions différentes. Et quand j’ai testé, je n’ai pas été impressionné. Je me suis dit  » OK, la visibilité est bonne, pas trop mauvaise  » et je pense que nous devions donner l’opportunité à tous les pilotes d’essayer. Mais avant tout, je ne veux pas prendre la décision. La décision doit toujours venir des pilotes. Les pilotes décident si c’est sûr ou pas. Je ne décide pas de cela. C’est pourquoi nous voulons donner l’opportunité aux pilotes de tester et de vérifier les conditions. Deuxièmement, après l’expérience que nous avons vécue aujourd’hui, je pense que, le jour ou la nuit, il est impossible de courir sous la pluie. Car sans drainage, il n’y a pas de différence entre le jour et la nuit. Courir de jour, quand il y a beaucoup d’eau, comme nous n’avons pas de drainage la piste est difficilement roulable.

Mais ce n’est pas parce que nous sommes au Qatar : nous avons le même problème en Malaisie, à Jerez et à Misano. Quelque soit la piste, c’est la même chose : quand vous avez beaucoup d’eau, nous devons annuler. À Misano, il y a quelques années, nous avons annulé une journée. Cela est arrivé à de nombreuses reprises. Heureusement, c’était la première fois nous pouvions savoir si l’on pouvait rouler de nuit (sous la pluie), et mon opinion est que nous devons essayer, mais malheureusement nous n’avons pas eu l’occasion de le faire. Comme l’on dit les pilotes, il est évident que nous voulons faire certains travaux de drainage pour l’année prochaine, et nous voulons organiser, en particulier lors de la dernière journée de test, pendant 30 ou 40 minutes et après avoir complètement mouillé la piste, la possibilité pour tout le monde d’essayer. »

Loris, si nous avons le même problème demain et que les pilotes prennent la piste et reviennent en disant qu’ils ne peuvent pas rouler sur le mouillé…

« Non, comme je l’ai dit il y a quelques secondes, OK, bien sûr demain si nous avons de la pluie dans la soirée, et qu’il n’y ait pas beaucoup d’eau, nous pouvons faire sortir les pilotes pour qu’ils se rendent compte de la situation. Vous pouvez imaginer que nous ayons une très légère pluie et que cela s’arrête. Alors les pilotes sortiront et diront que les conditions sont acceptables et que l’on peut courir et que tout se passe comme normalement.
Si nous avons beaucoup de pluie, c’est selon moi impossible. C’est demain soir nous avons un désastre comme celui d’aujourd’hui, nous pourrons trouver des solutions différentes. »

Annuleriez-vous ou repousseriez-vous d’une journée ?

« Normalement, nous ne voulons pas annuler, mais peut-être que nous annulerons demain et roulerons lundi, comme en 2009. »

En tant que pilote, selon vous, les travaux sur le circuit doivent être importants ?

« Nous avons déjà parlé avec le circuit pour essayer d’améliorer beaucoup de choses car les pilotes commencent également à se plaindre de la surface qui a été mise en service en 2004 à la création de la piste. Et nous avons évidemment déjà quelques plans pour l’année prochaine, et il nous reste à planifier quelque chose, mais à coup sûr il y aura certains travaux pour l’année prochaine. »

Loris, la piste est complètement entourée par de l’Astroturf. N’êtes-vous pas préoccupé par ce problème alors que l’Astroturf ? peut poser un poème de sécurité si les pilotes roulent dessus puisqu’il est glissant ?

« Normalement, sur cette piste nous avons heureusement des échappatoires assez grands puisque, par le passé, beaucoup de pilotes ont demandé d’avoir de l’Astroturf pour la sécurité, alors que maintenant nous voulons à nouveau changer. À l’heure actuelle, je pense que la piste n’est pas trop mauvaise. Tout d’abord nous avons enlevé toute l’herbe artificielle, partout, et cette première étape est terminée, et nous travaillerons également sur l’Astroturf à l’avenir au cas où nous ayons à le diminuer ou pas. »

Loris, il y a deux problèmes. Le premier problème est de savoir si l’on peut courir la nuit sous la pluie à cause de la réflexion des projecteurs. Le deuxième problème est de savoir si l’on peut rouler sous la pluie à cause du manque de drainage. Pourquoi votre organisation n’a-t-elle pas organisé des essais ce matin ? Elle savait qu’il allait pleuvoir et il était facile…

« Et bien, pour vous, c’est facile de tout organiser en claquant des doigts, mais ce n’est pas vraiment facile d’organiser car les personnes ne sont pas la et que nous ne savions pas s’il allait pleuvoir ou pas. »

Non, vous auriez dû le savoir depuis hier soir. Hier soir il pleuvait beaucoup et il était donc facile de décider…

« Non, évidemment, nous avons vu la nuit dernière qu’il pleuvait vers une heure du matin. Mais normalement, vous pouvez arriver le matin et avec le vent fort, c’est sec. Et vous avez pu déplacer 200 personnes pour rien. Ce n’est pas facile comme vous le dites, vous savez. »

Hier soir, il pleuvait fort, c’était donc facile. Et ça a commencé à neuf heures.

« Paolo, bien sûrs nous découvrons de nouvelles choses tous les jours. Nous avons vu aujourd’hui des conditions exceptionnelles de pluie et il y avait beaucoup d’eau sur la piste. Et je pense que si nous avions été là aujourd’hui, avec la pluie que nous avons eue aujourd’hui, il n’était pas possible de prendre la piste. Cela n’a rien à voir avec le jour ou la nuit. Quand nous avons beaucoup d’eau sur la piste, cela n’a pas de sens de rouler, c’est trop dangereux. C’est pourquoi nous avons décidé, au cas où demain soir nous aurions beaucoup de pluie, de ne pas faire sortir les pilotes. Pour la sécurité, nous pouvons faire beaucoup de tours avec la voiture et vérifier les conditions, mais nous ne voulons pas faire sortir les pilotes. Pourquoi faire ? Pour nous, la sécurité est le premier point. Quand tout est sûr, on peut travailler dessus. Quand ce n’est pas sûr, on arrête ! »

Quels sont les pires endroits du circuit et quels travaux allez-vous faire jusqu’à demain ?

« Les pires endroits sont à coup sûr le freinage du virage numéro 1, un peu le virage 3, le freinage du virage 4, le virage 10, et ce que nous voulons faire cette nuit, c’est de mettre des pompes pour essayer de retirer toute l’eau. Si nous avons à nouveau la pluie demain, nous aurons fait la moitié du travail. Mais quoi qu’il en soit, nous pouvons continuer toute la nuit et demain matin. Nous ne pouvons rien faire de plus, nous essayons juste de retirer autant d’eau que ce que nous pouvons. »

Si les pilotes peuvent essayer la piste et conclure qu’il est impossible de rouler la nuit sous la pluie, que se passera-t-il dans le futur ? Allez-vous déplacer la course le jour ?

« Tout d’abord, nous voulons écouter ce que les pilotes pensent. S’ils disent qu’il est impossible de rouler la nuit sous la pluie, nous essaierons bien sûr de trouver une solution : peut-être que nous changerons pour le jour, mais nous ne connaissons pas encore la réponse. »

Dani Pedrosa a dit que rien qu’en regardant les images de la pluie, il était selon lui quasiment impossible de rouler. Pensez-vous la même chose, en considérant qu’il y aurait 22 motos ensemble ?

« C’est pourquoi j’ai tout d’abord donné mon opinion mais mais nous voulons écouter l’opinion des pilotes. Et nous voulons voir 25 motos sur la piste sous la pluie, car quand j’ai essayé, il ne pleuvait pas même si la piste était complètement mouillée. C’est pourquoi nous voulons vraiment comprendre l’opinion des pilotes. S’ils disent que c’est impossible, nous serons d’accord et ce sera impossible. Nous ne voulons pas convaincre qui que ce soit. »

Le circuit aura-t-il un nouvel asphalte pour améliorer le drainage ?

« Oui. À 100 %. Nous travaillons déjà avec le circuit à propos de cela, nous discutons encore et nous n’avons pas encore de réponse, mais c’est à coup sûr le plan numéro un que nous avons. »

Vous dites que vous attendez la réponse des pilotes. Pourquoi attendre et ne pas avoir déjà un plan A, un plan B, un plan C, etc. ?

« Car pendant un week-end de course, Il est difficile de préparer 10 plans différents. Nous ne connaissons pas la météo, nous ne savons pas ce qui va se passer, nous essayons juste de suivre ce que les prévisions disent. Les prévisions météo disent beaucoup de choses et ce n’est jamais ce qui se passe. Bien sûr, nous essayons de comprendre, jour après jour, les prévisions. Vous savez, il y a encore trois jours, il n’y avait aucune prévision de pluie la nuit. Nous avons essayé de comprendre si cela était possible ou pas, et nous avons demandé à Michelin et Dunlop d’apporter des pneus pour pouvoir réaliser des essais. Avant tout, nous avions besoin d’un test, nous ne voulions pas commencer directement par la course. Comme je l’ai dit, si demain soir nous avons une toute petite pluie, nous pourrons faire sortir les pilotes. Si les pilotes disent  » pour nous, c’est bon « , on pourra donner une autre séance supplémentaire de 20 minutes, et après cela, nous pourrons faire la course. »

Le lundi est-il une possibilité ?

« Si demain est un nouveau désastre, c’est une possibilité. Mais pour le moment, c’est seulement une possibilité. »

Ne peut-on pas enlever le problème de l’éblouissement sous la pluie en mettant la course de jour ?

« Non, comme je l’ai dit, au cas où il pleuve, même à trois heures, nous ne pouvons pas savoir si nous allons courir ou pas car cela dépendra de l’intensité de la pluie. Et changer tous les plans alors que nous ne savons pas exactement ce qui se passe… imaginez que nous ayons de la pluie jusqu’à 11 heures du matin, alors bien sûr la piste ne sera pas prête à trois heures. C’est mieux d’attendre. Pour le moment, la situation était étrange : nous sommes au Qatar et le temps est incroyable. Le plan est de continuer comme d’habitude, en donnant 10 minutes supplémentaires lors des warm ups des trois catégories, et nous verrons ce qui se passera demain soir. »

Il y a déjà eu de fortes pluies ici et les personnes du circuit savaient que le drainage pouvait poser problème. Pourquoi personne n’a-t-il pris cela en considération jusqu’à aujourd’hui ?

« Car nous n’avons jamais vu une telle pluie. Même en 2009, quand nous avons eu une très forte pluie, cela a peut-être duré une heure puis s’est arrêté. Nous n’avons jamais eu le moindre problème d’eau envahissant les échappatoires et s’écoulant sur la piste. C’est pourquoi nous n’avons jamais découvert le problème. Aujourd’hui, nous avons vraiment découvert ce réel problème, et c’est pourquoi nous travaillons pour le résoudre. »

Vous dites que les pilotes vont essayer la piste de nuit sous la pluie l’année prochaine lors des tests. Pourquoi ne l’avez-vous pas envisagé cette année ?

« Nous avons besoin de vraies conditions pour tester. Car cette nuit, la piste est à 80 % sèche avec beaucoup de rivières. Nous avons besoin de bonnes conditions pour essayer, avec de la pluie, mais quand la piste est mitigée, sèche et mouillée, cela pas n’a pas de signification. Nous travaillons dans beaucoup de domaines, le drainage, une nouvelle surface, quand tout sera fait, nous pourrons organiser le test. Parce que peut-être que quand le drainage sera bon, même avec une forte pluie, nous pourrons rouler… si les pilotes sont d’accord. »

Quand vous avez essayé la piste, aviez-vous une visière teintée pour diminuer les problèmes de fléchissement ?

« Non, j’ai toujours utilisé au Qatar, même quand j’ai couru ici, une visière transparente. Toujours. Et c’est pourquoi j’avais aussi une visière transparente quand j’ai fait le test. »

Crédit photo : MotoGP.com