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Cet épisode fait suite à la troisième partie du récit, trouvable ici même.


Après une explication inédite entre Nieto et de Vries pour le titre 1972, les choses se poursuivent. Pour Kreidler, c’est un moindre mal. L’écurie est au firmament et Nieto ne se concentrera que sur la 125cc en 1973 et 1974. Jan de Vries remporte donc son deuxième titre mondial devant le suisse Bruno Kneubühler. Neuf des dix premiers pilotes évoluent sur Kreidler, qui ne peut être touchée.

Au vu de la popularité de Kreidler aux Pays-Bas, l’importateur Van Veen décide de monter une équipe. Ça fait mouche. Le pilote Henk van Kessel écrase l’année 1974 et succède à son compatriote de Vries.

Même le grand Nieto, quand il revient en 1975, choisit Kreidler pour récupérer un quatrième titre en 50cc. L’émergence de Bultaco complique la chose, puisque la firme espagnole convainc Ángel de piloter pour eux. Pendant trois ans, la lutte est intenable. Ángel quitte la catégorie fin 1977 pour cette fois, ne plus jamais y revenir. Il est détenteur de tous les records avec 27 victoires et six titres.

 

Un Kreidler Van Veen, reconnaissable à l’association de couleur vert/orange. Ce modèle fut utilisé pour le championnat du monde 1971 et pilotée par Jan de Vries.


Kreidler, en quelque sorte, tua la catégorie. Les motos étaient accessibles et terriblement performantes. Les saisons perdaient en saveur car en général, un pilote écrasait tout avant de s’en aller. Ce fut le cas de l’italien Eugenio Lazzarini, champion 1979 et 1980 ou du suisse Stefan Dörflinger, champion 1983 sur Kreidler privé.

Après une énième saison sans grand suspens, la FIM décida de stopper la 50cc ainsi que la 350cc. Les envies des spectateurs avaient changé entre les années 1960 et les années 1980, et ce n’était tout simplement plus viable. Les dirigeants de Kreidler, sur les genoux financièrement, n’eurent pas d’autre choix que de fermer boutique en 1982. La firme fut vendue à Garelli, puis dissoute en 1988. À l’image de Lancia, elle existe encore et produit des deux roues de petites cylindrées pour l’Europe, sans grande prétention.

Il ne faut pas oublier les 72 succès et les huit titres mondiaux, acquis par des pilotes tous plus exceptionnels les uns que les autres. Une Kreidler était présente lors de la première et dernière course. La 50cc avait un charme, quelque chose de particulier. L’art de se battre à vitesse réduite, la science des réglages et des trajectoires. Une catégorie disparue qu’il est nécessaire de ne pas omettre, car fondée sur le principe de l’accessibilité. Une discipline d’un autre temps, tout simplement.

 

Photo de couverture : Bruno Kneubühler (à gauche). Nationaal Archief