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Afin de remplir la grille MotoGP pour 2012, la Dorna introduisit une toute nouvelle « catégorie dans la catégorie ». Les CRT, devenues « Open » à partir de 2013, sont des machines composées de châssis spéciaux, adaptés à des 1000cc quatre temps proche du Superbike. Cette époque, désormais révolue, marqua l’histoire moderne des Grands Prix motos.

Cette épisode fait suite à la deuxième partie, parue hier.

Auteur d’un début de saison digne des cadors, Aleix Espargaró ne cesse d’impressionner. Au guidon d’une Open (anciennement CRT), il joue souvent le top 5 tandis que le reste de la sous-catégorie patauge.

En effet, chez Go & Fun Honda Gresini, Scott Redding peine à entrer dans le top 10 à chaque course. Colin Edwards et Alex de Angelis, successivement coéquipiers du n°41, ne peuvent tenir la cadence : à eux deux, ils ne comptent qu’une neuvième place en guise de meilleure position.

Vient la manche d’Aragón. Le circuit, situé en plein milieu du « désert » – mais surtout de nulle part – ne propose habituellement pas les courses les plus excitantes. Cette fois, Mère Nature en décide autrement. Le dimanche, le temps gris recouvre le paddock.

Marc Márquez, comme à son habitude, est l’un des grands favoris. Alors que la pluie fait son apparition, le génie espagnol décide de ne pas rentrer changer ses pneumatiques. Jorge Lorenzo préfère jouer la sécurité en réalisant un arrêt. Dans des conditions extrêmes avec des slicks, Márquez chute et abandonne tout espoir de victoire.

Cette course marque la renaissance de « Por Fuera », qui n’avait toujours pas remporté la moindre course cette année-là. Derrière, la bataille fait rage. Cal Crutchlow, pilote Ducati officiel, est aux prises avec Aleix Espargaró. Dans un dernier tour de folie, les deux ne peuvent se départager. Le pilote NGM Forward – Yamaha sort à peine plus fort du dernier virage, mais la puissance de la Desmosedici le rattrape à vive allure.

Aleix Espargaró est obligé de jouer des coudes à plus de 200 km/h afin de conserver sa deuxième place au franchissement de la ligne. Pour 17 millièmes de secondes, il se place second pour la première (et seule) fois de sa carrière. Géant.

En 2014, Aleix Espargaró joue des coudes avec les tout meilleurs de la catégorie.

Ceci est d’autant plus étrange que le prochain pilote Open pointe à la 8e place, en la personne de Hiroshi Aoyama. Finalement, le grand frère Espargaró terminera l’exercice 2014 en 7e place, largement premier Open, bien entendu. Pour la troisième année consécutive, il est le « best of the rest » de la grille MotoGP.

Malheureusement pour l’animation de la sous-catégorie, l’espagnol est recruté par Suzuki pour développer et courir la nouvelle GSX-RR. En passant du côté des officiels, il laisse derrière lui une catégorie qu’il a plus qu’écrasé. Stefan Bradl fait le chemin inverse, prenant la place vacante chez Yamaha Forward aux côtés du rookie Loris Baz.

À la surprise générale, c’est lui qui aura la meilleure performance sur l’année en Open ! Il pointe à la 4e place à Misano après une course absolument folle, remportée une fois de plus par Marc Márquez. Bradley Smith le suit, tandis que Loris est passé par Scott Redding (tombé une fois tôt dans la course) peu avant l’arrivée.

Mike DiMeglio sur l’Avintia GP14, dérivée de la Ducati satellite, au Mans. Photo : Mathieu Pelletier

Ce beau résultat n’éclipse cependant pas la pauvreté du plateau Open. À la fin de saison, le meilleur représentant, Héctor Barberá, ne figure qu’au 15e rang. Forward n’est plus que l’ombre d’elle-même. L’équipe suisse voit même son patron se faire arrêter avant la course d’Indianapolis. Une affaire rocambolesque au possible qui mériterait un papier.

CRT, Open mais surtout Aleix Espargaró nous auront tenu en haleine pendant quatre saisons. Danilo Petrucci, qui débuta très modestement chez IodaRacing, grimpa les échelons pour arriver au sommet à l’occasion du Grand Prix d’Italie 2019; une belle revanche sur le destin, qui ne prévoyait rien de rose pour le sympathique transalpin. L’apparition d’un système E.C.U standardisé à l’échelle de la grille pour 2016 tua la catégorie Open, déjà blessée à la suite d’une pauvre année 2015. Quoi qu’il en soit, voir évoluer le petit poucet, quelque soit le sport, est toujours agréable.

 

Photo de couverture : Mathieu Pelletier 

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