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Valence 2008. Qualifié en 15e position au guidon de sa KTM 125 FRR, Tomoyoshi Koyama effectue un départ foudroyant en remontant 8 positions avant de manquer de chuter au virage #3 et de redescendre en 16e position. Il finira néanmoins la course 7e devant Scott Redding, et cette facilité à doubler en ligne droite intrigue immédiatement la concurrence…

 

 

Le pilote japonais a en fait utilisé la première (et la seule) moto de Grand Prix dotée du KERS (Kinetic Energy Recovery System), le système de récupération d’énergie cinétique alors déjà en vogue en Formule 1.

Le principe est simple : On récupère une partie de l’énergie dissipée au freinage pour la réinjecter à l’accélération. C’était alors tout à fait légal et c’est pourquoi KTM, sous l’impulsion de l’ancien pilote Harald Bartol, s’était lancé dans cette voie et avait fait procédé à des essais secrets durant la saison 2008. Extérieurement, seul un gros boîtier en aluminium fixé sur le longeron gauche du cadre distingue la moto de Tomoyoshi Koyama et celles de ses coéquipiers, Randy Krummenacher et Jonas Folger (à l’époque, les teams pouvaient aligner 3 pilotes, quelle que soit la catégorie).

 

 

Devant la curiosité suscitée par les performances de la moto autrichienne, celui qui était maintenant directeur technique de Mattighofen avait confié : « Il s’agit d’un système hybride. Au freinage, le système charge des condensateurs (nous ne les appelons pas des batteries, car une batterie ne peut pas se charger assez rapidement pendant la décélération), et décharge l’énergie le long de la prochaine ligne droite. Cela nous donne environ 2 kW (environ 2,7 chevaux) supplémentaires, bien que nous ne les utilisions que lorsque la moto est en troisième, quatrième, cinquième ou sixième vitesse. »

A l’époque où les 125cc 2-temps étaient particulièrement abouties et où il n’y avait plus grand-chose à gagner côté puissance moteur, l’idée semblait particulièrement prometteuse et Marc Márquez, en tant que pilote KTM 2009, allait logiquement tester le système sur le même tracé de Valence lors des essais de pré-saison, ainsi qu’à Barcelone.

Hélas,  cette nouvelle technologie n’a pas reçu un bon accueil auprès de l’IRTA qui a fait savoir un peu hâtivement que le principe était illégal.

Comme cela était parfaitement conforme au règlement de l’époque, la FIM s’est donc secrètement excusée auprès de KTM de la déclaration de l’IRTA, mais Harald Bartol, en homme prudent, a contacté tout de même cette dernière avant le début de la saison suivante. Il a reçu une réponse lors de la première course 2009 à Jerez lui signifiant qu’il devrait demander la permission d’utiliser le KERS, lors de la Commission Grand Prix du vendredi soir avant la course…
Et cette dernière a déclaré le système non-conforme.

Devant de telles facilités, l’Autrichien a préféré ranger le système aux oubliettes et les 125 FRR gonflées au KERS ne sont plus jamais réapparues.

Harald Bartol en 2009 : « Je n’aurais jamais mis en œuvre quelque chose qui n’est pas dans les règles, alors je leur ai écrit et, il y a deux semaines, ils ont répondu en disant « oui, désolé, c’est dans les règles, tout va bien mais vous devez vous rendre à la Commission MotoGP pour demander la permission ». Ils essaient de donner à la course une nouvelle image verte, puis ils interdisent la technologie pour le faire. Ils ne posent jamais de questions sur le coût. Ils ne demandent jamais comment cela fonctionne. Ensuite, après la course à Jerez, ils sont venus nous inspecter pour voir si nous l’utilisions. Je leur ai dit qu’ils ne sauraient même pas où chercher. »

 

 

Le règlement technique définit une moto comme « un véhicule à deux roues propulsé uniquement par un moteur à combustion interne ». Le débat était donc ouvert pour savoir si le KERS devait être considéré comme un système de propulsion indépendant, et dans ce cas illégal, ou une simple application indirecte du moteur thermique, et dans ce cas légal.

Malgré toutes nos tentatives auprès de nos contacts chez KTM, nous n’avons jamais retrouvé la trace des 125 FRR dotées du KERS. Personne ne sait où elles sont, si elles existent encore. KTM, comme la plupart des constructeurs, détruit beaucoup de matériel en fin de saison ! Dommage…

 

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