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Lors des essais hivernaux au Qatar, mais aussi lors des séances libres et en course le WE dernier, nous avons aperçu un levier situé à proximité du levier d’embrayage, sur de nombreuses Moto2. C’est tout simplement un levier de frein, permettant de gérer le frein arrière avec la main plutôt qu’avec le pied. Les évolutions techniques vues en 2020 sur les prototypes MotoGP arrivent en Moto2 !

L’an dernier, Cal Crutchlow était un des premiers pilotes à utiliser en course le frein arrière avec un levier situé à la main gauche, en plus de son levier d’embrayage. Marc Marquez l’avait aussi longuement testé lors des essais hivernaux, mais sa saison 2020 ayant été avortée, il n’a pas eu l’opportunité de l’utiliser en course. Depuis, quasiment la globalité des pilotes du plateau MotoGP utilisent cet artifice. Pourquoi ? Cela permet de modérer la pression de freinage avec plus de précision, et c’est également plus naturel (cela ressemble aux freins de vélo).

En MotoGP, cela a mis un peu de temps à se généraliser sur la grille. L’utilisation d’un frein arrière au niveau de la main gauche n’est cependant pas sans soulever de problèmes. Pour Brembo, fournisseur unique du système de freinage en MotoGP, qu’il soit au pouce ou avec un levier, cela ne change rien. Le problème, c’est la position, car il y a la poignée d’embrayage à proximité. Grâce à l’utilisation de la boite seamless, celui-ci n’est utilisé que lors des départs, mais il prend de la place, et il faut intégrer la seconde poignée sans risquer d’attraper par mégarde la mauvaise.

 

 

En Moto2, cela n’était jusqu’alors pas possible : l’ECU ne permettait pas l’utilisation du quickshift pour rétrograder, il fallait donc utiliser le levier d’embrayage. Mais depuis que l’ECU a évolué et autorise le downshift, le frein arrière avec un levier à la main gauche semble avoir été adopté par la majorité des pilotes du plateau Moto2, de Sam Lowes à Toni Arbolino en passant par Joe Roberts, Lorenzo Baldassari ou encore Jorge Navarro, pour ne citer qu’eux.

 

 

Sur cette photo, on voit un système développé par la société néerlandaise Qnium, qui propose une gamme de solutions adaptées au freinage avec un levier à la main gauche. La Moto2 de Tony Arbolino, rookie dans le team IntactGP, est également équipée d’un système de capteurs pour mesurer les efforts dans la direction.

Pourquoi tout le monde a mis du temps avant de passer à l’utilisation d’un frein à levier, s’il est déjà monté sur d’autres prototypes ? En fait, il ne s’agit pas seulement de monter le système et de laisser le pilote s’en occuper. Ce n’est pas facile de changer d’un jour à l’autre, car gérer l’effort de freinage avec le pied n’est pas le même avec le doigt ni avec la main.

 

 

Ces leviers de freins peuvent donner plus de ressenti que sur la pédale de frein, ce qui leur confère des avantages par rapport aux systèmes plus habituels au pouce et au pied. Mais ils ont aussi des inconvénients. Le premier est qu’ils ne donnent pas autant de pression de freinage que les systèmes à commande au pied et le second qu’il peut être difficile de s’y habituer car pendant de longues périodes, il faut avoir le doigt tendu loin du guidon. Certains pilotes estiment que cela n’aide pas quand ils doivent changer d’angle (lors d’une chicane, par exemple).

De plus, il y a le facteur mental à prendre en compte. La conduite doit être aussi naturelle que possible, les pilotes ont donc besoin de temps pour s’adapter à un changement aussi important que le passage du freinage avec le pied au freinage avec les doigts, c’est un nouveau ressenti qu’il faut appréhender. Et c’est très difficile en cours de saison, car si un pilote a des soucis sur un circuit juste après le changement de position du frein arrière, et c’est peut-être que le pilote utilise le frein arrière d’une manière différente.