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Enea Bastianini a fait plus que marquer le coup sur ses terres de Rimini en accédant au podium du Grand Prix de Saint Marin à Misano. Ceci en tant que rookie et au guidon d’une GP19, et avec brio. De la 12e à la 3e place, il a tout donné, dépassant les pilotes plus expérimentés, parmi lesquels des Marc Marquez, et des vainqueurs de course et réalisant même le tour le plus rapide de la course.

Cela faisait un moment qu’Enea Bastianini tournait autour d’un bon résultat pour sa première année en MotoGP. Ce grand jour est arrivé à Misano, au terme d’une course menée avec panache qu’il a terminée carrément sur le podium avec une antique GP19. Cette machine qui lui permet de courir cette année en Championnat du Monde était réputée pour ses fortes accélérations et sa vitesse de pointe, mais elle était également critiquée pour sa tendance au sous-virage, ce qui en faisait souvent une moto difficile à maîtriser sur certaines pistes.

Le GP19 d’Enea Bastianini a deux ans de plus que ses homologues d’usine et au cours de ces deux années, nous avons vu évoluer sans cesse les belles rouges de Bologne et la GP21 a fait un énorme pas en avant par rapport à la GP19.

 

 

Le rookie Enea Bastianini a fait de gros progrès en 2021 : après avoir découvert la catégorie MotoGP en testant pour la première fois sa Ducati GP19 lors des tests de pré-saison au début de cette année, il a été très impressionnant dès le départ et n’a cessé de progresser au cours de l’année.

La Ducati Desmosedici GP19 que pilote Enea Bastianini est la même moto qu’Andrea Dovizioso a utilisée lors de la saison 2019, et qui lui avait permis de terminer vice-champion du monde. Mais maintenant, cette moto a deux ans et comme pour tout en MotoGP, les prototypes se développent et s’améliorent. Aussi, la machine du pilote Italien n’a pas les mêmes spécifications que ses homologues d’usine des autres équipes Ducati, ce qui signifie qu’il part avec un désavantage. La GP19 était un prototype qui luttait contre le sous-virage, ce qui en faisait une moto difficile à utiliser dans les virages rapides car elle est plus difficile à mettre sur l’angle que les machines concurrentes.

Bien que la GP19 ne soit pas radicalement différente de la GP21, dernière du nom, celle-ci dispose d’un ensemble aérodynamique plus ancien, un moteur plus ancien, une spécification de châssis plus ancienne et bien plus encore.

 

 

La GP21 partage assez clairement une grande partie de son ADN avec la GP19, que l’on observe lorsqu’on la compare avec les deux versions, d’Enea Bastianini pour la plus ancienne, ou de Jack Miller pour la version la plus évoluées. Mais il y a des choses cruciales qui ont changé pour faire un grand pas en avant par rapport à son prédécesseur.

L’une des plus grandes évolutions de la Ducati de cette année est qu’elle est beaucoup plus cohérente du côté du pneu, elle tourne mieux que toutes les autres Ducati qui avaient été développées jusqu’à présent. Les améliorations du châssis, du moteur et de l’aérodynamique se sont toutes additionnées pour améliorer ses performances. Jack Miller et Pecco Bagnaia, les deux pilotes officiels, étaient tous deux très élogieux concernant la Ducati dans le dernier virage rapide d’Aragon, affirmant qu’ils pouvaient maintenir les gaz ouverts de manière constante alors qu’auparavant, ils devaient jouer avec l’accélérateur, jouant constamment avec le niveau d’adhérence et de stabilité qu’ils avaient à forte inclinaison.

 

 

Sur cette photo, il s’agit d’une Ducati GP19 vue lors des essais de fin de saison 2019 à Jerez. C’est en fait le prototype que Tito Rabat a utilisé en 2020, et c’est la même version qu’Enea Bastianini utilise cette année.

Le châssis de la Ducati a connu une évolution constante depuis 2016, lorsque les ingénieurs de Borgo Panigale ont compris la direction qu’ils devaient prendre pour que leur machine soit efficace. Le châssis 2019 était assez rigide, il y avait cette grosse soudure qui s’étendait le long de la poutre principale du cadre et c’est cette soudure qu’ils ont changée pour 2020 qui semblait être un facteur important concernant la maniabilité de la Desmosedici.

Aussi, Enea Bastianini se retrouve à utiliser ce châssis. Connu pour son sous-virage, c’est un exploit que sur les deux derniers circuits, il ait réussi à décrocher ses deux meilleurs résultats de la saison. Deux circuits où avoir un prototype qui sous-vire est massivement contre-productif.

L’autre chose à voir ici est la fameuse Salad Box, qui abrite plusieurs petits amortisseurs de masse. Ils accordent les fréquences sur la machine, aidant à éliminer les petites vibrations permettant une relation légèrement améliorée entre le pneu arrière et le tarmac. La durée de vie des pneus à l’ère Michelin est si cruciale que tout petit avantage peut être d’une grande aide.

 

 

Une autre évolution importante de l’année 2021 chez Ducati concerne le package aérodynamique : les deux premiers ensembles d’ailerons de la GP21 ne sont pas très différents de ceux de la GP19. Seules de légères évolutions concernant leur taille et de leur profil sur la GP21.

Mais l’essentiel des évolutions concerne la partie située au bas du carénage latéral. Ce sont ces conduits qui semblent avoir injecté une certaine stabilité à la Ducati. Ils fonctionnent en fait à l’opposé des deux ensembles d’ailerons supérieurs car ils ne produisent pas d’appui, mais produisent en fait une petite quantité de portance. On pense qu’ils rendent la moto plus stable à grande vitesse, puis sur l’angle, ils peuvent également produire un certain niveau d’appui, car la partie extérieure du conduit est parallèle à la surface du tarmac

 

 

Le caractère du moteur de la Ducati a également été travaillé. Avec la pandémie qui a provoqué un gel du développement technique du moteur, Ducati l’a fait en faisant évoluer son échappement.

Cette photo montre l’échappement 2019 sur une Ducati d’usine de 2019. Il est le même que celui qu’Enea Bastianini utilise. La version 2021 est différente : sa sortie est beaucoup plus droite. Le travail du concepteur de tuyaux d’échappement est de créer une zone de couple moteur suffisamment large pour que le pilote, en utilisant la boîte de vitesses, puisse maintenir le moteur dans cette zone la plupart du temps.

Avec cette évolution d’échappement, au cours des deux dernières saisons, les pilotes Ducati insistent sur le fait que le caractère du moteur de la Desmosedici est devenu beaucoup plus doux sur un filet de gaz et il est très probable que cet échappement n’y soit pas pour rien.

 

 

Enea Bastianini ne dispose pas non plus du Holeshot Device à l’avant de sa machine, contrairement aux pilotes d’usine. Ici, l’avant de sa GP19 est en extension complète lors du départ, ce qui est très différent des machines d’usine qui ont le dispositif à l’avant et à l’arrière.

C’est sans doute un détail, mais vous ne pouvez pas gagner une course sur le premier tour mais vous pouvez certainement la perdre et quand tous vos concurrents ont à la fois des Holsehot Device à l’avant et à l’arrière.

 

 

Ici, la GP21 d’usine est beaucoup plus basse à l’avant. Cela aide les pilotes à prendre un meilleur départ en changeant la géométrie de la machine. L’abaissement du centre de gravité limite le potentiel wheeling et garder la roue avant sur ou aussi près du sol que possible est la clé pour prendre un bon départ.

 

 

On vérifie bien qu’Enea Bastianini n’a que le dispositif à l’arrière : sur le dessus du té de fourche, il n’a qu’un seul levier pour l’actionner.

 

 

Sur la machine de Pecco Bagnaia, il y a deux leviers : un pour l’avant, et un pour l’arrière.

 

 

Enfin, et ce n’est pas négligeable, Enea Bastianini a fait un travail incroyable cette saison. Certes, Brad Binder a remporté une course l’année dernière au cours en étant rookie, ou encore Fabio Quartararo est monté sur le podium à de nombreuses reprises en étant également rookie, mais ce sont tous des scénarios très différents.

Enea Bastianini a à sa disposition sur la plus vieille moto de la grille, dans l’équipe avec le moins de soutien d’usine sur la grille et il fait tout cela à un moment où le niveau en MotoGP est tellement plus élevé qu’il y a quelques saisons.

Pour mettre les choses en perspective, lors de la course d’ouverture de la saison 2021 au Qatar, Enea Bastianini, lors de ses débuts en catégorie reine, a réalisé un temps de course total une seconde plus lente qu’Andrea Dovizioso sur la même machine en 2019 lorsqu’il a remporté la course.

Si on revient à Misano, la dernière course disputée jusqu’à présent en 2021, le temps réalisé en course par Enea Bastianini était 46s plus rapide que celui de la Ducati la mieux classée en 2019. De toute évidence, les pneus ont changé depuis et cela ne peut jamais être pris comme une comparaison directe. Les pneus permettent désormais finalement aux pilotes d’aller plus vite et sont beaucoup plus réguliers qu’en 2019, mais il n’en demeure pas moins qu’il faut quand même faire le temps au tour, et une bonne machine sans un bon pilote n’est rien.

Il n’en reste pas moins qu’Enea Bastianini fait des vagues dans l’équipe de troisième catégorie de Ducati, et il y a fort à parier qu’il intéressera plusieurs équipes lorsque son contrat sera terminé.

Photos : Dorna Sports

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