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De 2015 à 2018, Jonathan Rea et le Kawasaki Racing Team ont totalement dominé le Championnat du Monde Superbike en remportant quatre titres pilotes et quatre titres constructeurs. Tous ses adversaires reconnaissent que Johnny est un champion hors-pair, mais il n’en serait pas là sans le soutien technique impeccable du KRT fourni par les frères Biel et Guim Roda.

Le service compétition de KHI (Kawasaki Heavy Industries, la maison mère qui fabrique aussi des bateaux, des avions et des trains) basé à Akashi au Japon confie ses intérêts en Superbike à la structure espagnole Provec des frères Roda située Carrer Can Cabanyes, 71 à Granollers près de Barcelone.

Biel est plus particulièrement en charge du Marketing et de la Communication, tandis que Guim est le Team Manager, qui fut pilote autrefois et remporta même en 2002 les « 24 hores Motociclistes de Catalunya » avec Álex Hervás et David Tomás.

Biel, ton équipe catalane a réussi à mener au sommet et à l’y maintenir le pilote nord-irlandais Johnny Rea et sa Ninja ZX-10RR, en dominant ainsi le Championnat lors des 4 dernières années. Que penses-tu de la nouvelle Kawasaki homologuée pour cette année ?

« La base de la moto est la même, KHI a augmenté d’un step supplémentaire du côté du moteur. Les spécifications du moteur devraient rendre la moto encore plus compétitive en améliorant l’équilibre par rapport aux années précédentes. Nous allons voir si la théorie devient réalité. »

Que va apporter Leon Haslam à l’équipe KRT ? Doit-il terminer en course derrière Johnny Rea, ou a-t-il le droit de gagner à la régulière ?

« Il n’a pas le droit de gagner, il a l’obligation de gagner des courses ! Leon arrive en tant que vainqueur du dernier BSB. C’est un excellent pilote, très concentré et expérimenté. Et comme il dispose d’une très bonne moto et de techniciens au top, il est sûr qu’il obtiendra de grands résultats. »

La nouvelle Ducati 1000 V4 est le grand évènement de ce début de saison. Ses premiers tests ont été assez bons. Penses-tu qu’elle puisse gagner avant le milieu de la saison ?

« Crois-moi, les gens de chez Ducati ne fabriquent pas des motos pour qu’elles soient seulement compétitives, ils font des motos pour gagner. C’est de loin le constructeur qui a remporté le plus de victoires en Superbike jusqu’à présent.

« Ils ont un important transfert de technologie depuis la MotoGP, des top pilotes et de grands ingénieurs, et ils investissent beaucoup de ressources. Il est certain que Davies et Bautista seront devant rapidement. »

Il y a des efforts accrus pour BMW et Honda. C’est bon pour le Championnat, mais ces constructeurs sont-ils des adversaires potentiels pour Kawasaki cette année ?

« On a un proverbe en catalan qui dit « plus on est nombreux, et plus on rit », donc c’est absolument bon pour le Championnat. Quand on regarde le niveau de BMW, leur moto de base est incroyable d’un point de vue technique. Ils ont Mr. Sykes qui est un pilote super rapide et bon pour le développement de la moto. Mais l’équipe, la moto et les pilotes sont nouveaux les uns pour les autres, et on va voir s’ils sont capables d’aller chercher cette demi-seconde au tour.

« Au sujet de Honda, il n’y a aucun doute que si Honda fait l’effort nécessaire, ils seront devant. Pour être honnête, je ne suis pas très au courant de leur organisation pour les prochaines années. »

Alvaro Bautista a terminé 5e en MotoGP en Allemagne et au Japon, et 4e à Phillip Island en 2018. T’inquiète-t-il sur sa Ducati ?

« C’est fantastique qu’un pilote aussi rapide qu’Alvaro rejoigne le WSBK. C’est un ancien Champion du Monde et il a le « bon esprit Superbike » en tant que personne. Comme je l’ai dit Ducati fait beaucoup d’efforts, c’est pourquoi ils l’amènent. Ayant dit ça, nous ne sommes pas inquiets, nous continuons simplement à travailler pour améliorer le package KRT.

« Ce qui est vrai, c’est que gagner 4 ans de suite n’est pas normal. Tôt ou tard, ils vont nous battre, nous essayons juste de faire en sorte que ce soit le plus tard possible ».

La troisième course sprint Superbike du dimanche matin est-elle une bonne chose ?

« Je suis un homme du Marketing et je ne suis pas certain de ce que mes techniciens, ingénieurs et pilotes pensent, mais je fais pleinement confiance à Dorna qui est le meilleur organisateur de sports mécaniques dans le Monde.

« S’ils pensent que ça va améliorer le spectacle, une fois que c’est décidé, faisons-le. Les courses le samedi soulevaient également beaucoup d’interrogation, mais ça s’est avéré très bon une fois qu’on y a été habitués. »

Ana Carrasco, Championne du Monde l’an dernier en Supersport 300, remet son titre en jeu au sein de votre équipe Provec Racing. Vous avez déjà beaucoup de travail avec le WSBK, pourquoi augmenter encore avec une présence de Provec Racing en Supersport 300 ?

« C’est une bonne question, et j’en connais la réponse parce que ma femme me l’a déjà demandé quand elle a su que cela impliquerait plus de travail ! Nous étions déjà un peu impliqués l’année dernière avec le DS Team. Ce qu’ils ont fait a été fantastique.

« Le plus facile serait de dire : « Bon, elle est devenue Championne du Monde, travail bien fait, alors adieu ! » Mais nous aimons ce sport et tous les membres de l’équipe Provec sont amoureux d’Ana. Même Mr. Rea est son plus grand fan !

« Ana voulait que nous le fassions. Alvar, notre Directeur technique, s’amuse comme un gamin à préparer la moto. En tant qu’équipe privée et non officielle, Guim peut « jouer » avec plus de liberté, comme lors des débuts de Provec.

« En dehors de ça, nous mettons en place une structure entièrement différente de celle du KRT, donc il n’y aura pas de distraction pour le personnel du KRT. Donc même si nous avons des ressources très limitées pour développer ce projet privé, je ne sais pas…

« J’ai deux jumelles âgées de 3 ans, c’est sûr qu’elles seront fières de leur père dans les années à venir quand elles sauront que j’ai participé au succès d’Ana. Nous pensons que nous devons essayer de continuer à créer l’histoire avec Ana… et c’est parti ! »

Biel (à gauche) et Guim Roda

Ana Carrasco, Johnny Rea, Valentino Rossi et Leon Haslam

Photos © Kawasaki, Provec Racing