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Dès la création du Championnat du Monde Superbike, Honda crut immédiatement en cette formule et engagea dès la première année cinq pilotes officiels. Cet énorme effort fut immédiatement récompensé par les deux titres de Fred Merkel en 1988 et 1989, suivis de ceux de John Kocinski en 1997, Colin Edwards en 2000 et 2002, et James Toseland en 2007. Entretemps, Honda s’était retiré officiellement et avait confié ses intérêts au concessionnaire néerlandais Ten Kate, qui s’empara du titre avec Toseland.

Jusqu’à l’époque de Colin Edwards, il s’agissait d’une présence de l’usine, avec comme team manager Neil Tuxworth, un financement japonais et des motos fabriquées (depuis la toute première RC30) par la HRC (Honda Racing Corporation). Après la période Edwards, Ten Kate se débrouilla seul pour préparer des motos sur une base de machine de série, avec les moyens du bord comme par exemple l’injection Cosworth, et un financement émanant de Honda Europe, donc inférieur à ce qu’il était avant. Le titre de Toseland fut une belle récompense, venant en apothéose glorifier les couronnes mondiales obtenues par Ten Kate en Supersport avec Fabien Foret, Chris Vermeulen, Carl Muggeridge, Sébastien Charpentier, Andrew Pitt, Kenan Sofuoglu et Michael van der Mark.

Tout alla donc pour le mieux pour Honda en WSBK jusqu’en 2007, mais il fallut ensuite constater que malgré ses valeureux efforts, Ten Kate ne pouvait rivaliser avec les usines qui lui ravirent les titres suivants. Ducati (Troy Bayliss et Carlos Checa), Yamaha (Ben Spies), Aprilia (Max Biaggi et Sylvain Guintoli) et Kawasaki (Jonathan Rea et Tom Sykes) firent main basse sur la Superbike où Honda ne résista que difficilement.

Heureusement les cousins Gerrit et Ronald Ten Kate mirent la main sur un pilote de grand talent en engageant dès la course du Portugal en 2008 Jonathan Rea, qui resta au sein de l’équipe batave jusqu’à la fin de la saison 2014 au Qatar. Johnny cacha la misère avec brio, gagnant au moins une course chaque année, et terminant même troisième du Championnat du Monde en 2014 avec 4 victoires, ce qui lui valut d’être embauché par Kawasaki pour remplacer Loris Baz parti en MotoGP chez Forward Racing sur Yamaha (4e à Misano en 2015).

Michael van der Mark et Sylvain Guintoli succédèrent à Rea chez Honda en 2015, puis Nicky Hayden à la place du Français en 2016, puis Stefan Bradl en 2017, puis Jake Gagne et Leon Camier en 2018, sans le moindre succès depuis la dernière victoire de Jonathan Rea à Portimao le 6 juillet 2014.

Honda dominant magnifiquement les Grands Prix avec Marc Marquez, détenteur de 5 titres en MotoGP de 2013 à 2018, on eut alors l’impression que le premier constructeur mondial décidait de renforcer sa présence dans les autres catégories. Le premier exemple significatif fut l’endurance, où la valeureuse équipe Honda Endurance Racing aux résultats plutôt modestes, reçut le très solide renfort du team FCC TSR Honda France qui arriva sur la scène comme un bulldozer et remporta le dernier Championnat du Monde, tout en prenant ensuite la tête de l’actuel lors du dernier Bol d’Or qu’elle termina en vainqueur.

En Superbike, le vent semble souffler dans la même direction, avec l’annonce lors du dernier Salon de Milan de l’équipe Moriwaki Althea Honda Racing. Leon Camier et Ryuichi Kiyonari en sont les pilotes, alors qu’a été présentée en parallèle l’équipe Althea Mie Racing Team avec l’ancien pilote de Superstock 1000 Alessandro Delbianco, la semaine dernière en présence de Midori Moriwaki (la patronne) et du grand chef de la HRC Tesuhiro Kuwata. Genesio Bevilacqua (Président d’Althea) était là, tandis que l’ancien chef d’équipe de Jonathan Rea chez Ten Kate, Chris Pike, épaulait les deux pilotes officiels à Buriram pour des essais privés et discrets. Tellement discrets d’ailleurs que les motos restèrent plusieurs jours bloqués par la douane thaïlandaise avant de pouvoir enfin rejoindre le Chang International Circuit de Buriram. Pour Honda, le choix pouvait sembler initialement logique : le matériel est beaucoup moins cher et plus rapide à expédier du Japon en Thaïlande qu’en Europe.

Le directeur de la compétition chez Pirelli, Giorgio Barbier, peut comprendre la pensée de Honda : « S’ils effectuent des essais en Thaïlande, ils ont des conditions très proches de celles de la course de mars. En outre, ils peuvent utiliser toute la journée. Pourquoi auraient-ils fait autant de voyage pour passer quelques heures dans le froid en Europe ? »

Honda est-il en train de revenir en force en WSBK ? On dirait que tout n’est pas encore au point. Mais la volonté à l’air là, le matériel (CBR1000RR Fireblade SP2 préparées par la HRC) aussi, ainsi que l’équipe sérieuse et reconnue qu’est Moriwaki, un financement plus important, et les personnes compétentes également, dont Ryuichi Kiyonari qui fait certainement partie de l’effectif pour superviser et apporter son expérience.

Face au superbe travail de Kawasaki, aux efforts renouvelés de Ducati et de Yamaha, à la montée en puissance de BMW, on ne peut que souhaiter une présence de Honda digne de ce qu’elle fut à l’époque de Fred Merkel et de Colin Edwards.

Photos prises lors des All Japan Road Racing Championship Series avec Ryuichi Kiyonari n°88 et Yuki Takahashi n°72.

Ci-dessous la Honda du team Althea MIE Racing et d’Alessandro Delbianco

Photos © Moriwaki, Althea Racing

Sources : MCN, Moriwaki Althea Honda Racing, worldsbk.com