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A l’occasion d’un weekend commencé dans la difficulté physique, puis rendu compliqué par une piste délicate, Jules a réussi à San Juan avec le GMT94 Yamaha et son précieux coéquipier Corentin Perolari a remporter une magnifique victoire. Déjà vainqueur à Buriram en Thaïlande puis à Donington, il garde encore une chance pour le titre, et tout se jouera la semaine prochaine à Losail.

Jules, lors de ton arrivée en Argentine, tu as eu de petits problèmes de santé ?

« Le jeudi soir, j’ai été très malade. Je n’ai pas du tout dormi. J’ai passé ma nuit aux toilettes, et le lendemain en plus j’étais déshydraté. Or le vendredi était la journée la plus importante, car c’est celle où on roule le plus et où on prépare le weekend de course. Mais globalement ça s’est bien passé. »

Ce vendredi la piste était en mauvais état. Comment as-tu réussi à t’en sortir ?

« C’était pour tout le monde pareil. Il fallait y aller progressivement et essayer de comprendre la piste. Dans ces conditions, on ne s’en est pas mal sortis. En fait, la piste a évolué. Le matin elle était sale, puis elle s’est améliorée, et ensuite l’après-midi il y a eu un autre souci, car avec la chaleur elle était moins vite. Même si elle était plus propre, elle était moins vite et très glissante. Ces paramètres-là étaient identiques pour tout le monde, donc il ne fallait pas faire d’erreurs, et essayer de comprendre des choses pour progresser quand même le lendemain, et c’est ce qu’on a réussi à faire. »

Le samedi le résultat était bon, mais vous avez dû travailler beaucoup sur les réglages de la moto, et toi sur l’adaptation de ton pilotage à la piste puisque l’adhérence n’était plus la même ?

« Ça n’avait effectivement plus rien à voir. Le samedi matin, l’adhérence était exceptionnelle. C’était quasiment un circuit normal. Donc on a pris beaucoup de plaisir. J’ai roulé très vite, et en pneus usés. Ça a été un truc de fou parce qu’en fait j’ai mis les pneus de la veille qui normalement ne fonctionnent plus. Quand on use les pneus et qu’on les remet plus tard, ça ne marche plus pareil. C’est en gros deux secondes moins vite. »

« En fait on l’a fait en se disant qu’on allait progresser sur les réglages de la moto, même si je n’étais pas vite. Et finalement je me suis retrouvé devant parmi les meilleurs chronos. On avait prévu de changer les pneus en fin de séance, mais j’ai décidé de ne pas le faire. J’ai fait plus qu’une simulation de course, avec 24 tours au lieu de 19. J’ai fait le deuxième temps, avec mon meilleur chrono lors de mon dernier tour. J’ai ainsi validé que j’étais en forme et que la moto était bonne. On a pu comprendre des choses, et ça c’était super important. »

« L’après-midi lors des qualifications la piste était vraiment très piégeuse. Ça n’avait plus rien à voir. En fait il faisait très chaud, et c’était comme si l’huile du tarmac ressortait avec la chaleur. C’était vraiment bizarre et difficile à appréhender. Certains s’en sont sortis mieux que d’autres, dont mon coéquipier Corentin (Perolari), Badovini et Smith. »

« Moi j’étais très vite aussi, mais on a eu un petit souci avec la boîte de vitesses. Je n’arrivais pas à rentrer ma première et je n’ai pas pu faire un vrai tour. J’ai été un peu déçu de ne pas avoir pu jouer pour la pole, mais j’étais quand même content d’être sur la première ligne et que Corentin ait réalisé la pole position. J’étais heureux pour lui. »

Quelles étaient les conditions pour la course ?

« C’étaient les meilleures du weekend. Les conditions du warmup étaient super bonnes. J’ai réalisé le meilleur temps. »

« Pour la course, c’étaient à peu près les mêmes conditions. C’était une piste normale. J’ai pris beaucoup de plaisir lors du warmup comme de la course. En fait, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je savais qu’il y aurait beaucoup de pilotes rapides, dont Corentin. »

« Je ne m’attendais donc pas spécialement à m’échapper. Je savais que ne pas faire d’erreurs serait la clé, et en fait je me suis senti très à l’aise au départ. J’ai doublé Corentin, puis j’ai tracé ma route. Je me suis aperçu que je m’échappais assez rapidement. J’ai forcé pendant quelques tours, et à partir de deux secondes d’avance j’ai commencé à me calmer parce que je ne voulais pas faire d’erreurs.

« J’ai eu un passage où j’ai essayé de comprendre le rythme de mes adversaires. Quand j’ai compris que je pouvais en remettre une petite couche, j’ai augmenté jusqu’à trois secondes. Avec cette avance, à 6 tours de la fin j’ai commencé un peu à me relâcher pour rallier l’arrivée. »

« En fait c’était un peu une course en trois temps : le premier temps où j’ai pris beaucoup de plaisir à m’échapper, le deuxième où j’ai essayé de jauger, c’était le moment un peu stressant, et le troisième temps où j’avais hâte que ça se finisse, sans faire d’erreur. »

Lors d’un weekend comme ça où les conditions changent fréquemment, comment réussissez-vous à adapter ta moto et celle de Corentin à l’état de la piste ?

« Ce qui n’était pas mal lors de ce weekend, malgré les conditions de piste, c’est qu’il a fait tout le temps chaud. Donc on a roulé chaque jour à 11h30 et l’après-midi vers 16h, ce qui fait qu’on a eu toujours à peu près les mêmes conditions de piste. »

« On avait des choses à essayer ce weekend. En fait on a super bien bossé avec l’équipe. Ça a été un travail hyper positif et ça a vraiment fait du bien à tout le monde. »

« Ça a été la première fois depuis très longtemps, y compris l’année dernière, que j’ai pris autant de plaisir à rouler en course. J’avais la banane ! Quand je forçais un peu sur les freins, je progressais. Quand je forçais un peu sur la vitesse de passage, je progressais. Ce que je voulais faire était payant. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir. »

La finale du Championnat du Monde va avoir lieu au Qatar le 27 octobre. Tu as 22 points de retard sur Randy Krummenacher et 14 sur Federico Caricasulo. Le point négatif, c’est que ce retard est important, le point positif, c’est que les deux ont chuté à Magny-Cours. Le titre est encore jouable. Comment vois-tu les choses ?

« Pour être honnête, mon objectif est d’être Champion du Monde un jour, certes, mais mon objectif actuel est de gagner des courses et d’essayer de rallier l’arrivée. Mon but pour le Qatar, c’est de gagner la course parce que ma troisième place au Championnat est assurée. »

« Mieux, je peux le faire, mais il faut dans tous les cas que je gagne la course. Je pars pour faire de mon mieux, pour me faire plaisir comme en Argentine. Je n’ai aucun doute qu’on va y arriver. Je veux rouler là-bas avec la banane, prendre du plaisir et n’avoir aucun regret à l’arrivée de la course. C’est ce que j’ai fait pendant toute ma carrière depuis le début. Quand je suis sur la moto je vais à fond, et s’il y a la possibilité de gagner, j’irai gagner. »

« Après, ce qui se passera avec les deux autres, c’est leurs vies. Et en ce moment ils ont l’air bien tracassés avec ça, donc je les laisse faire. Moi je fais ma course en restant concentré sur l’objectif. »

« Ce qui est cool, c’est que j’ai Corentin qui est très vite en ce moment. Corentin m’a bien aidé en Argentine en ne leur rendant pas la vie facile. Il était devant eux, et c’est ce qui me permet d’être à 22 points. Je le remercie énormément par rapport à ça. Je sais qu’il fera aussi le travail d’équipe et qu’il sera là au Qatar parce que c’est un circuit où il a été rapide l’année dernière aussi. »

« En ce moment on est vite. C’est cool, il y une super ambiance dans l’équipe. Avec Corentin on s’entend super bien. Ce qu’on aime tous les deux c’est mettre du gaz et s’amuser. C’est ce qu’on fait, et on va être bien pour le Qatar ! »

Résultats de la course :

Classement provisoire du Championnat du Monde :

Le gag est que Jules Cluzel fêtait ses 31 ans ! (véridique). Ici le samedi Corentin Perolari, pole position, et Jules troisième temps des qualifications.

Illustrations © GMT94 Yamaha (Credit : Vaclav Duska Jr.) et Yamaha Racing

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