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Nous perpétuons à l’occasion de ce Grand Prix d’Espagne notre habitude de vous reporter intégralement les propos de Johann Zarco, de façon brute, donc sans aucune mise en forme ou déformation journalistique.

A côté de la communication parfois un peu formatée des traditionnels communiqués de presse, les échanges entre le pilote français et les journalistes dans l’hospitalité du team Monster Yamaha Tech3 sont d’une richesse et d’une simplicité que les vrais passionnés apprécieront (vous pouvez retrouver tous ses débriefings passés dans notre rubrique “Interviews“).

Il y a toujours le petit détail qui nous fait plonger chaque jour davantage en immersion dans le monde de la MotoGP…


Comment ton équipe et toi avez amélioré la moto par rapport à la FP4 de samedi qui a été compliquée ?

Johann Zarco : « déjà, d’une part, par le pneu. On savait que ce pneu soft, en FP4, ne pouvait pas aider avec la chaleur. Donc repasser sur le médium, ça a donné quelque chose en plus. Et ensuite, à force d’essayer et d’avoir des commentaires sur la moto, Guy a pu trouver encore une étape de plus pour la course qui m’a au moins permis de tenir le rythme, quand j’espérais rattraper le groupe pour le podium. Peut-être que j’aurais pu le rattraper, je ne sais pas, mais au moins j’ai pu être compétitif et avoir ce niveau pour le podium. Techniquement, je ne sais pas ce qu’on a fait, mais je sais qu’à force de foncer, de répéter les mêmes choses sur la moto et de donner mes commentaires, à la fin on avance bien ».

Tu étais moins régulier dans tes chronos, sur le début de course. Il y avait quelque chose qui t’ennuyait ?

« Je ne suis pas allé vite sur le début de course, mais franchement, doubler Dani c’était trop dur. Pas par peur de répéter une action comme l’Argentine, pour cela les conditions étaient complètement différentes, mais simplement, le fait de perdre à chaque fois quelques mètres à l’accélération m’empêchait de me placer au freinage. Et comme ils ne sont tous pas mauvais freineurs à ce niveau-là…
Le compromis n’était pas le meilleur pour doubler, et c’est pour ça que j’ai perdu des positions, et ça m’a même poussé à l’erreur, et j’ai accroché ma combinaison. Même sans vouloir freiner tard, pour l’instant l’équilibre de la moto que j’avais et que j’aime bien, ne me permet pas de bien bien me ralentir. C’est un compromis avec lequel je roule très bien seul, et j’ai essayé de l’utiliser quand j’étais 5e. Et là où je perds un peu à l’accélération, c’est là-dessus qu’on travaille pour être vraiment sous contrôle, du début à la fin ».

Quand tu vois les 3 de devant tomber, que se passe-t-il dans ta tête ?

« Déjà, je compte parce que je me dis ce n’est pas possible que 3 pilotes tombent en même temps. Donc je vois du rouge, je vois du orange, et je me doute qu’il y a une Honda. Mais pour le rouge, je me demande s’il y a deux motos ou une moto et son pilote. Non, non, c’était tous les 3 ! Et donc, ça y est : un certain sourire en me disant ” je suis 2e, le podium est là”. 4 secondes d’avance, ce n’est pas mal quand même. J’ai pu continuer à prendre un peu d’avance, et après j’ai géré. C’était comme un soulagement mais par expérience on sait qu’il faut rester concentré jusqu’au bout ».

Tu t’es fait une très grosse chaleur de l’avant en début de course. Ça t’a un peu calmé pour la suite ?

« Non, non, non, ça ne m’a pas calmé, mais simplement ça m’a répété “tu peux aller vite mais il faut faire attention”. Ce qui m’embêtait, voilà : je peux aller vite en début de course mais là, le fait de ne pas pouvoir doubler, ça m’a fait vraiment perdre. C’était juste 2 ou 3 secondes, mais c’était ce rythme que se jouait pour le podium, donc ce n’était pas facile ».

Par rapport à l’année dernière, où as-tu progressé sur ce circuit ?

« J’ai progressé sur le contrôle de la motricité, parce que, même si je trouve que cela reste un point faible, je n’ai pas senti le pneu se dégrader d’un seul coup, alors que l’an dernier, on faisait du surplace dans les 5 derniers tours lorsqu’on accélérait. Maintenant, on gère beaucoup mieux cette situation là, et pour toute la saison, c’est important de bien gérer ces moments d’accélération ».

2e au championnat, c’est un peu inespéré après 4 courses ?

« C’est extra ! Oui, mieux que ce que je pouvais attendre, mais finalement c’est là où je veux être. Il faut donc profiter de ces moments-là, continuer de foncer, et progresser. Parce qu’à force de progresser, on va dire qu’on a là un pilote (Marc Marquez) qui est actuellement plus fort que nous, mais c’est signe qu’il y a une marge de progression ».

Tu vas arriver en France pas du tout caché, au contraire. Il va falloir gérer…

« Savoir gérer, faire les bonnes choses et se concentrer sur le moment présent. C’est la meilleure des techniques. Au lieu de subir une pression, il faut prendre ça comme une énergie positive. Tous ces gens qui peuvent me solliciter, il faut aussi se mettre à leur place : ils sont heureux de me voir et de me rencontrer, de prendre des photos, d’avoir des signatures. Ce n’est pas donné à tout le monde et je vais vivre ça d’une belle manière ».

Meilleure Yamaha, comment on explique ça aux gens ?

« Y croire ! Y croire, ne pas se poser de questions. « Ils ne savaient pas que c’était impossible, donc ils l’ont fait ». Voilà ».

Sens-tu un changement dans le comportement de tes adversaires, dans le sens où ils te craignent davantage ?

« Pas depuis le début de la saison. Là, on est en cours de saison, on a tous nos positions, et il n’y a pas eu de changement depuis le podium de l’Argentine. Depuis les essais hivernaux, et même un peu la fin de la saison dernière, on sait que je peux être là. Je pense qu’ils s’en doutent ».

Participeras-tu au Test IRTA, demain ?

« Oui, je roule demain, donc il faut se relaxer. Manger un bon bout de viande et des légumes pour toujours rester fit et compétitif. A priori, il n’y a pas vraiment de programme d’essais de pièces, mais je vais voir avec Guy. Mon objectif est simplement de jouer encore plus avec la moto pour faire ce que je veux, quand je veux. C’est à mon avis la clé pour pouvoir gagner des courses dans cette saison ».

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