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Il n’a pas fallu grand-chose, quelques photos et un article paru sur le site Bennets.co.uk il y a 3 jours, pour que la rumeur enflamme le web et qu’une confusion se porpage: Les Ducati utiliseraient un échappement à géométrie variable à Sepang, pour compenser l’appui perdu avec les ailerons ! C’est faux.

Le principe avancé dans le brevet est de détecter le décollage de la roue avant et, à cet instant, de réduire le diamètre de l’échappement par des palettes mobiles pour créer une poussée similaire à celle d’un avion à réaction, qui, du coup, et suivant son inclinaison, appuierait sur le train avant, compensant ainsi la perte des ailerons.

Le propos (un effet anti-wheeling) est explicitement développé avec force texte et dessins d’un brevet déposé par Ducati ce mois-ci, et que nous avons retrouvé…

“Une moto (1) comprenant un cadre (2) auquel un moteur à combustion interne (3) est associé, à partir dudit moteur à combustion interne au moins un pot d’échappement (6) de gaz brûlés part, le pot d’échappement ayant une partie terminale ouverte, ledit cadre (2) étant monté sur une roue avant (4) et une roue arrière (5), un tableau de contrôle ou une unité de commande (10) étant inclus, pour contrôler le couple produit par le moteur (3) et d’autres paramètres comme la vitesse du véhicule et la position dans l’espace par rapport à la surface de route, la moto (1) comprenant un système capable de vérifier quand la roue avant (4) de la moto se détache de la surface de la route lors d’une accélération. Le système comprend des moyens de rétrécissement (36) pour diminuer la section de la zone de sortie des gaz d’échappement du pot d’échappement (6), pendant ladite diminution, la diminution étant obtenue en fonction du couple produit par le moteur (3) et de la position de la roue avant (4) par rapport à la surface de la route.”

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A ce moment, il n’est pas inutile de se raccrocher à quelques faits quantifiés.

La force produite par un échappement de moto (la poussée, sur un avion) est relativement faible même si elle parvient à nous lever les cheveux quand on passe derrière. Or seule une infime composante de cette force serait appliquée sur le train avant.

Rappelons que les calculs que nous avons publiés dans un article de GP Racing estimaient l’appui des ailerons Ducati à près de 40 kilos (unité de mesure inadaptée mais plus parlante que les daN).

Un échappement, fut-il de diamètre variable et réduit, est bien loin de pouvoir sustenter 40 kilos. L’avantage procuré ne serait sans doute pas de 10, ni même 5, ni même peut-être d’ailleurs un seul kilo, soit l’appui engendré par un moteur contrarotatif en accélération. Le tout au prix d’un système géré par un appareillage complexe, et pouvant à tout instant tomber sous le couperet du règlement.

Nous aimerions donc vraiment bien croire à l’efficacité de cette solution, d’autant que les échappement soufflés ont fait leur chemin en F1 ; ce serait fantastique et digne de l’inventivité des ingénieurs italiens ! Mais nous avouons être un peu sceptiques quant à la réelle efficacité du système, au regard de sa complexité par rapport à l’effet produit. Cela ne veut pas dire que cela ne fonctionnera pas, et le brevet, très explicite, en atteste !
On se rappelle également que tout le monde s’était moqué de Ducati quand ces derniers avaient remis les ailerons au goût du jour. Et on connaît la suite !
Un kilo d’appui par ci, un kilo par là, et ça peut faire la petite différence qui permet de gagner une course au finish…

Il est donc urgent d’attendre, ne serait-ce que de voir si toutes ces hypothèses se confirment, sont essayées (car ce n’était visiblement pas le cas à Sepang aujourd’hui), et éventuellement adoptées en course.

Interrogé par Peter Mc Laren du site Crash.net sur ce que contient la boîte située à côté de l’échappement, Michele Pirro a répondu sur le mode humoristique: “un hot-dog, au cas où j’ai faim”.

 

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