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A l’occasion de l’avant dernière manche du championnat du monde de Superbike qui s’est tenue ce week-end sur le circuit de Portimao, la rage non feinte de Toprak Razgatlioglu à l’arrivée des deux courses dominicales, totalement à l’opposé de son habituel flegme, est révélatrice de son impuissance. Tant lui que la concurrence ne peuvent contester l’hégémonie du pilote espagnol Alvaro Bautista, fer de lance du team officiel Ducati Aruba.

Car enfin, courses après courses, le spectacle en est réduit à une promenade de santé pour ce dernier, faute de combattants.

Tous ? Non, car seul le turc résiste encore et toujours à son adversaire.

Et le spectacle fut de grande qualité ce dimanche !

Toprak Razgatlioglu a jeté toutes ses forces dans la bataille, que d’aucuns considéraient comme perdue d’avance, et ce fut le cas d’ailleurs, mais de peu. Rarement une telle maitrise du pilotage n’a été aussi éblouissante. Le turc manie comme personne sa Yamaha, défiant littéralement les lois de la physique : passages en courbe insensés, freinages d’un autre monde, trajectoires tranchantes, Alvaro Bautista aura tout subi et peut s’estimer heureux d’avoir une Ducati !

Si l’on devait se borner à de simples comparaisons avec la catégorie MotoGP, il va sans dire que, dans les deux cas, l’hégémonie de la marque de Bologne est avérée. Mais, en WSBK, cette suprématie est critiquable. La faute en incombe à un règlement pour le moins inadapté aux réalités et à l’équité de cette compétition.

L’enjeu du championnat est d’ouvrir les portes à tous les constructeurs, donc autoriser l’homologation de machines aux pédigrés bien différents. Résultat ? Nous retrouvons des modèles de série situés à des fourchettes de prix de 15 000/20 000€ comparativement aux bolides italiens dont le ticket d’entrée dépasse les 40 000€.

L’écart de prix, à lui seul, est révélateur du gouffre en matière d’avancées technologiques et de solutions employées. A moins bien sûr que la fabrication soit artisanale, ce qui est rare étant nécessairement cher. Mais Ducati, sous le giron du Groupe Volkswagen, a dépassé ce stade et produit en série avec des coûts maitrisés. La rentabilité de la marque n’a d’ailleurs jamais été aussi élevée !

Difficile donc d’ignorer, sur le papier, l’évidente supériorité technique de la Panigale : un V4 rageur, fruit du développement conjoint à celui du sport prototype, une cylindrée avantageuse, un régime moteur supérieur aux « 4 en ligne » nippons et bavarois, une aérodynamique optimisée, bref dès le départ les dés sont pipés : elle suinte la course quand ses homologues à moindre coût satisfont les motards pistards du quotidien. Certes, toutes sont optimisées pour la compétition mais les bases ne sont pas les mêmes. Et la seule variable d’ajustement des régimes moteur n’y change rien, ou plutôt pas grand-chose…

Rajoutez à cela un pilote poids-plume particulièrement talentueux et vous obtiendrez le parfait combo !

Maintes fois évoquée, une solution consistant à la fixation d’un poids minimum pilote/moto fut un temps envisagée avant d’être finalement rejetée. Elle aurait pourtant permis de réduire les écarts.

Au final, si Toprak Razgatlioglu et Jonathan Rea ne tentaient pas vaille que vaille de contester cette hégémonie, cela ferait longtemps que le championnat ne serait plus digne d’intérêt.

A continuer ainsi, tout le monde sera perdant : Alvaro Bautista tout d’abord dont le titre de Champion du monde 2022, et très probablement celui à venir d’ici peu, sont entachés par les avantages que lui confère sa machine. « C’est normal, il avait une Ducati » ne manqueront pas de rappeler ses détracteurs.

Le constructeur de Bologne ensuite, dans un championnat définitivement acquis à sa cause et qui le favorise. Comme le rappelle la fameuse citation : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».

Le spectacle enfin, souvent insipide, sauf bien sûr dimanche dernier, où la course 2 fut l’une des plus belles que l’on ait vue depuis bien longtemps.

Il serait regrettable que les instances dirigeantes de cette compétition, déjà sous considérée, ne prennent pas dès à présent toutes les mesures nécessaires pour rebattre un peu les cartes, au risque de faire fuir les derniers aficionados de la discipline.

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