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Certains respectent les règles et les contrats, d’autres moins. Maverick Vinales depuis le début de sa carrière fait partie de la deuxième catégorie, plus enclin à faire sa propre loi qu’à subir celle des autres.

Alors qu’il vient de fêter son vingt-deuxième anniversaire le 12 janvier, Maverick a derrière lui presque vingt ans de course moto, ayant débuté à trois ans avant de se lancer dans le motocross, puis dans la vitesse en 2002 en Championnat de Catalogne 50 cm3. Les choses sérieuses commencèrent au niveau mondial avec l’arrivée en GP 125 sur une Aprilia au sein de l’équipe Blusens-BQR parrainée par Paris Hilton en 2011. Le niveau de son talent s’étala au grand jour dès le quatrième Grand Prix, quand il gagna au Mans, avant de renouveler cet exploit à Assen, Sepang et Valence. Troisième du mondial, il était largement favori pour la saison 2012 dans la nouvelle catégorie Moto3 et il remporta cinq des neuf premiers Grands Prix (Qatar, Catalogne, Royaume-Uni, Pays-Bas et Italie) sur une FTR-Honda de l’équipe Blusens Avintia. Il était quasiment assuré du titre… quand soudain Vinales devint Maverick. Le prénom Maverick est d’origine américaine et signifie franc-tireur, indépendant, électron libre. Mais pourquoi un jeune Espagnol a-t-il été prénommé ainsi par ses parents ? « Mon père était un grand fan d’Humphrey Bogart, explique Vinales junior. Dans un de ses films, le maverick avait le rôle principal et la vitesse d’un top gun. C’est sympa de m’avoir transmis ça ».

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Sympa ? Ça dépend pour qui, et ce n’est peut-être pas le qualificatif qu’aurait choisi Antonio Martin Jimenez, patron du Groupe Avintia (613,42 millions de chiffre d’affaires en 2016) et du team Blusens Avintia, mais surtout grand ami de Carmelo Ezpeleta, boss de Dorna. Pour un jeune pilote de Grand Prix, se fâcher avec lui revenait à sauter du haut d’une falaise sans parachute. Maverick rangea son parachute au fond de son armoire. Et sauta.

Alors qu’il pouvait encore être Champion du Monde, il ne participa tout simplement pas au Grand Prix de Malaisie, à trois courses de la fin, alors qu’il venait juste de terminer deuxième au Japon. La raison en était que Vinales voulait choisir avec il roulerait en 2013, alors qu’Avintia voulait le contraindre à signer une prolongation de contrat. Pour ne pas se mettre dans l’illégalité, Vinales participa aux deux derniers Grands Prix avec Avintia (imaginez l’ambiance). Il partit ensuite rejoindre l’équipe Calvo avec laquelle il devint Champion du Monde Moto3 en 2013. Son image et son prestige étaient saufs sur le plan sportif, et heureusement pour lui car son incartade n’aurait pas incité beaucoup de patrons d’équipes à engager ce rebelle si ses résultats avaient été médiocres.

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Maverick passa en 2014 chez Sito Pons sur une Kalex, et réussit l’incroyable exploit de remporter son deuxième Grand Prix dans cette catégorie, à Austin. Il ne dominait pas le GP, il l’écrasait. La grande star de la catégorie à l’époque Tito Rabat terminait à 4 secondes de son jeune et inattendu compatriote. Tom Lüthi finissait à 16.9, Takaaki Nakagami à 28 et Sam Lowes à 51. Ces mêmes managers du MotoGP, qui avaient jugé sa conduite un peu légère en Moto3 lors de l’affaire Avintia, écarquillèrent soudain leurs pupilles et épluchèrent de plus près les feuilles de temps. « Caractère peu facile à supporter mais main droite très efficace » fut l’impression générale, et les portes du MotoGP s’ouvrirent à Maverick. Pour s’approprier les services du jeune Espagnol, il fallait passer par l’intermédiaire de son manager Aki Ajo, le rusé Finlandais qui vient de remporter en 2016 les titres de Champions du Monde Moto2 et Moto3 avec Johann Zarco et Brad Binder. Suzuki et Ajo firent affaire, et en 2015 Vinales aligna pour sa première course la GSX-RR sur la treizième place de la grille de départ au Qatar, avec douze pilotes devant lui et douze derrière. Cette année-là, il terminait sixième chez lui en Catalogne, tout comme parmi les pingouins à Phillip Island. On se congratula entre Japonais, Espagnol et Finlandais, et on sortit une bouteille pétillante pour arroser le nouveau contrat qui prévoyait que Vinales roulerait pour Suzuki en 2016, avec une option stipulant que ce serait de nouveau le cas en 2017 si le constructeur le souhaitait. Suzuki venait de pénétrer dans un champ de mines et s’apprêtait à y sauter à pieds joints.

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Demain la suite, avec les renoncements d’Ajo et de Suzuki, au bord du désespoir, et le sourire de Kiara, la fiancée la plus titrée en motocross.

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