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Nous perpétuons notre habitude de vous reporter intégralement les propos de Johann Zarco, de façon brute, donc sans aucune mise en forme ou déformation journalistique.

A côté de la communication parfois un peu formatée des traditionnels communiqués de presse, les échanges entre le pilote français et les journalistes dans l’hospitalité du team Monster Yamaha Tech3 sont d’une richesse et d’une simplicité que les vrais passionnés apprécieront (vous pouvez retrouver tous ses débriefings passés dans notre rubrique “Interviews“).

Il y a toujours le petit détail qui nous fait plonger chaque jour davantage en immersion dans le monde de la MotoGP…


Johann, vous avez fait début de course fantastique mais vous sembliez un peu juste en rythme de course, ce qui vous a fait attaquer à outrance…

Johann Zarco : « concernant le rythme, je pense que j’aurais pu l’avoir. Je ne sais pas pour la victoire, mais pour la 2e place ou le podium, c’était possible. Normalement, avec la moto qui s’allège avec moins de carburant, j’aurais pu avoir un avantage ou un meilleur feeling après la mi-course. Mais le problème que j’ai connu durant tous ces tours en début de course, c’est qu’essayer de dépasser Lorenzo était trop difficile. J’ai essayé de le faire mais je perdais énormément en accélération. Quand vous devez ensuite le rattraper puis penser à comment vous pourriez le doubler, je pense que cela a pompé toute mon énergie. J’étais à plus de 100 % pour essayer de le faire et c’est pourquoi j’ai commis cette erreur dans le virage. Je ne m’attendais pas à chuter. J’aurais peut-être dû patienter pour avoir moins d’essence et être plus à l’aise, patienter car peut-être que Jorge aurait été un peu plus lent pour que je puisse le doubler, mais la façon dont j’attaquais à ce moment ne me laissait pas la possibilité d’agir dans ce sens. Peut-être que si j’avais essayé d’attendre davantage, j’aurais perdu plus de positions. J’étais presque face à un mur, sans savoir quoi faire, et je devais donner mon meilleur ».

Pensez-vous que la pression de votre Grand Prix à domicile a joué un rôle ?

« Je pense que maintenant, avec l’expérience, je peux assurément ressentir de la pression avec tous ces gens qui crient mon nom. Je suis heureux de cette situation, et comme je l’ai dit, j’essaie de prendre cela de façon positive. Donc hier, j’ai apprécié cela et c’était une grande émotion d’être sur la grille de départ devant tous ces gens. Même aujourd’hui, juste avant le départ, entendre la marseillaise m’a réjoui et j’ai essayé de me relaxer. J’étais donc prêt mentalement. Quand nous avons commencé la course aujourd’hui, il était nécessaire d’accepter que j’avais une machine capable de se battre pour la victoire et que les autres avaient des motos différentes. Chacune d’elles a des points forts et des points faibles, mais aujourd’hui je devais être à plus de 100 %. Je pense c’est cela qui…
Ou peut-être que j’aurais dû accepter de terminer 5e, mais ce n’était pas l’objectif du week-end et du jour. Je ne pense donc pas que la chute est due à une pression supplémentaire mais à la réalité d’avoir fait du mieux possible pour viser la victoire. C’est tout. Je garderai cet état d’esprit car cela me fait progresser. Nous avons pu voir Marc et je pense que maintenant, il contrôle davantage la course à chaque week-end. Mais même quand il contrôle, il peut chuter. Il a joliment sauvé une chute aujourd’hui. Cela veut dire qu’en tant que pilote, cela peut encore être mieux de ma part. Être à cette limite, je le comprendrais bientôt ».

Donc tu n’aurais pas pris une 5e place ?

« Après réflexion, on se dit que c’est toujours plus de points, mais il faut savoir prendre la responsabilité d’attaquer autant à la limite. Quand on part en pole position, on a envie de penser à la victoire. Quand on est devant, c’est la stratégie pour l’obtenir. Mais la, j’ai eu beaucoup de difficultés et c’est cela qui m’a fait atteindre la limite aujourd’hui. J’étais sans doute à cette limite, déjà depuis vendredi et samedi, mais là, quand on est directement confronté aux adversaires en pleine course, on s’en rend compte encore plus. Comme je l’ai dit, si j’avais patienté derrière Lorenzo, puis quand Marc m’a passé, si j’avais patienté derrière lui, j’aurais encore perdu des places. Je le sais maintenant par métier, parce que vu ma conduite et la moto, si je patiente je perds des places. Donc l’option de patienter n’est pas interdite, mais je n’ai pas envie de la prendre parce que sinon je n’apprendrais jamais. Je rentrerais dans une marge et je n’évoluerais jamais ».

On t’a vu excessivement énervé à l’arrivée. Était-ce contre ta moto ou contre ton erreur de pilotage ?

« C’est un mixte des deux. On est déjà tellement dans un état de transe pour rouler et se battre à plus de 300 km/h, qu’il faut plus de quelques minutes pour redescendre de cet état. C’est sûr que j’avais de l’énervement et de la déception. Tout était mélangé, donc ça peut se comprendre. On va dire qu’il a fallu peut-être une bonne heure pour analyser tout cela et l’accepter ».

Ça reste quand même un week-end spécial, avec la relation avec les fans et la pole position hier ?

« Je pense que c’est un week-end fantastique, dans tous les cas. On attend beaucoup de moi et je réponds presque bien à tout cela. Et toute les bonnes performances, surtout ce samedi, font attendre encore plus. Là, pour cette course, j’ai soufflé et je me suis calmé. Avant le départ, je sentais mon cœur battre, mais calmement. Donc j’étais prêt. On avait fait le bon choix de pneus. Avec des « si » on peut refaire le monde mais il aurait sans doute fallu patienter et attendre que la moto soit plus facile à conduire, et que les autres sans doute aient un peu plus de mal au niveau du rythme. Simplement, j’ai pu y penser pendant la course mais je n’ai pas pu l’appliquer parce que c’était trop dur. Donc en gardant le sourire, je pense que l’on va continuer à régaler les fans. Ils vont comprendre qu’en course de motos tout n’arrive pas au Grand Prix de France, et que simplement, foncer pour la victoire est la meilleure des choses ».

Il n’y avait pas trop de pression ?

« Non ! C’est vous qui mettez la pression. Mais moi, j’ai appris à profiter de ces moments-là. Il est peut-être encore trop tôt pour dire s’il y a eu de la pression, je crois que de la façon dont s’est déroulé tout le week-end, on a bien géré la pression, et même au moment de la course, cela pouvait aller. Après, et là seuls les motards et ceux qui ont couru en moto pourront comprendre cela, perdre 40 mètres à l’accélération ne rend pas la tâche facile ».

As-tu chuté parce que tu as freiné un poil trop tard ?

« Techniquement, je suis arrivé un poil vite dans le virage et j’ai été un tout petit peu plus large que d’habitude. Il aurait fallu que je redresse la moto et que je sorte du virage. J’aurais alors perdu 3 ou 4 places et j’ai donc quand même voulu prendre le virage. Je ne m’attendais pas à tomber comme ça. Mais finalement, on voit que le fait d’avoir insisté pour prendre le virage m’a fait remettre de l’angle et j’ai chuté. Donc oui, c’est une erreur de pilotage, et l’analyse, c’est de se demander pourquoi j’ai fait cette erreur. Je ne sais plus combien on avait fait de tours, mais c’est simplement parce que j’étais en « sur-régime » et je n’avais pas cette marge de manœuvre qu’il faut de temps en temps pour pouvoir gérer une course de 40 minutes ».

La principale différence entre ta moto et celles des meilleures usines est un déficit de puissance ?

« Là, oui. Aujourd’hui, c’était sûrement ça. On peut se plaindre du grip, etc., mais je trouve que ça, on l’avait bien géré. Sur cette piste, la Yamaha fonctionne très bien. Simplement, là, avec les 20 kg de plus du plein d’essence, on a un peu l’impression d’avoir…
La moto va vite, mais je pense que cela m’aurait aidé ».

Ta chute au Warm up t’a-t-elle déconcentré ?

« Après la chute, c’était bien de repartir avec la moto numéro 2 et de terminer le Warm up avec un chrono correct. C’est vrai que l’on pourrait dire « mince, il a subi la pression et il a chuté 2 fois aujourd’hui », en plus dans le même virage. Donc, est-ce que c’est le destin ? Je ne sais pas. Ce qui est arrivé au Warm up, c’est que j’étais très à l’aise en sachant Lüthi plus lent dans les virages. En plus, à ce moment-là, il s’est écarté et je me suis dit « je passe à l’intérieur » puisque c’est ma force. Malheureusement, il ne m’a pas vu, et même en discutant avec lui, il m’a dit « c’est vrai que je me suis élargi mais j’ai été surpris quand je t’ai vu et on n’a pas pu s’éviter ». Donc j’ai chuté. Ce n’est pas marrant de chuter mais quand on sait pourquoi, et on sait que ça arrive, je ne pense pas que cela m’ait perturbé. Mais c’est vrai que c’est assez curieux que le même jour on tombe 2 fois dans le même virage. Va savoir… ».

Marc Márquez est plus que jamais le favori ?

« Je pense que oui. Je pense que oui. En plus, l’opération au championnat est rêvée pour lui. Et on sent que, même sur un tour si on peut lui chiper une pole position ou des places sur la grille de départ, on sent qu’au niveau du rythme il est finalement au-dessus. Mais par-dessus tout, je crois qu’il arrive à ne pas être tout le temps à 100 % en course. Et ça, franchement, je crois que ça lui permet de garder beaucoup de lucidité et de contrôle ».

HJC Grand Prix de France MotoGP J.3 Classement

1 93 Marc MARQUEZ Honda 41’49.773
2 9 Danilo PETRUCCI Ducati +2.310
3 46 Valentino ROSSI Yamaha +5.350
4 43 Jack MILLER Ducati +6.314
5 26 Dani PEDROSA Honda +7.419
6 99 Jorge LORENZO Ducati +10.355
7 25 Maverick VIÑALES Yamaha +23.758
8 35 Cal CRUTCHLOW Honda +25.795
9 41 Aleix ESPARGARO Aprilia +26.206
10 42 Alex RINS Suzuki +27.937
11 44 Pol ESPARGARO KTM +32.304
12 55 Hafizh SYAHRIN Yamaha +34.962
13 21 Franco MORBIDELLI Honda +37.881
14 38 Bradley SMITH KTM +38.299
15 30 Takaaki NAKAGAMI Honda +41.986
16 12 Thomas LUTHI Honda +45.260
17 17 Karel ABRAHAM Ducati +56.872
18 10 Xavier SIMEON Ducati +1’12.117
Not Classified
45 Scott REDDING Aprilia 17 Laps
53 Tito RABAT Ducati 17 Laps
5 Johann ZARCO Yamaha 19 Laps
4 Andrea DOVIZIOSO Ducati 23 Laps
19 Alvaro BAUTISTA Ducati 26 Laps
Not Finished 1st Lap
29 Andrea IANNONE Suzuki 0 Lap

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