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D’Abril Gómez Casares / Motosan

María Horrach est revenue sur la carrière et le caractère de son fils à l’occasion du quatrième anniversaire de sa disparition.

Le 3 juin après-midi, le journaliste Mela Chércoles et María Horrach ont organisé un live à l’initiative de cette dernière afin de rendre hommage à son fils, Luis Salom, disparu il y a pile quatre ans. Le 3 juin 2016, en effet, « el Mexicano » avait été victime d’un accident dans un des derniers virages du Circuit de Barcelone et avait perdu la vie. Pourtant, il est toujours très présent pour les fans du motocyclisme, et chaque mois, chaque année, nombreux sont ceux à lui rendre hommage. Un témoignage d’affection qui touche beaucoup la famille Salom-Horrach.

Ce mercredi 3 juin 2020 a marqué les quatre ans de la disparition du pilote Moto2. Une journée difficile pour sa famille, qui se voit un peu réconfortée par tous les messages de soutien reçus via les réseaux sociaux. « Nous allons bien. Nous avons reçu des marques d’affection tout au long de la journée », a raconté María Horrach. « C’est une journée durant laquelle on se bat continuellement pour ne pas revivre ce fameux jour. Les réseaux sociaux n’ont pas arrêté, lorsque les gens aiment ton fils, ils t’aiment toi. Les mots me manquent pour remercier les fans. Après quatre ans ils continuent de se souvenir, c’est merveilleux. Je souhaite les remercier du fond du cœur de la part de sa famille et de ses amis. C’est merveilleux de voir ça un jour si triste comme aujourd’hui. »

Quatre ans après, elle se montre toujours aussi émue en se remémorant toute l’affection qu’elle avait reçu le jour de l’enterrement de Luis, à Majorque. « La réponse des gens [à l’invitation] avait été impressionnante. Je n’ai pas de mots pour remercier ceux qui étaient présents pour lui rendre hommage. On ressentait beaucoup de respect. Le défilé des motos qui avaient entouré la marche silencieuse était spectaculaire. »

María n’est pas retournée dans le paddock MotoGP depuis l’accident. Y revenir sans son fils n’a pas de sens pour elle, comme elle l’a expliqué durant le live : « Pour moi c’est très compliqué de revenir dans le paddock sans mon fils. C’est pratiquement impossible. Y aller sans lui n’a pas de sens. Les gens qui ont voulu me voir m’ont vue, comme Cortese qui est venu à la maison avec un bouquet de fleurs. J’ai toujours eu beaucoup de respect pour tous les pilotes. Mon fils était l’un d’eux et je sais à quel point c’est dur, mais on a toujours plus d’affinités avec certains et ceux-là sont venus. Par exemple, le père d’Álex Rins est le premier à m’avoir envoyé un message ce matin. Beaucoup de pilotes sont venus chez moi, beaucoup de personnes du paddock. Mais retourner dans un paddock sans tenir la main de mon fils est très compliqué. »

Si revenir sur les circuits lui permettait de retrouver son fils, elle le ferait « égoïstement ». Pour se réconforter, il lui reste les beaux souvenirs avec Luis qu’elle peut se remémorer. « Égoïstement, je changerais tout pour que Luis soit là. Les gens me disent que, s’il n’avait pas dédié sa vie à ça, il n’aurait pas été heureux. Et pourquoi pas ? Qui peut me le prouver ? Pour autant, si j’avais pu le changer, qui me dit que le résultat n’aurait pas été le même, mais d’une autre façon ? Si en changeant les choses je pouvais le récupérer, je le ferais, mais je n’ai pas cette possibilité. La vie ne me la donne pas. Il me reste donc tous les moments que j’ai partagés avec mon fils et ce que j’ai appris de lui. Je suis convaincue qu’aujourd’hui il serait en MotoGP. Je pense qu’il serait monté dès 2017. »

La figure de Luis Salom en tant que sportif se caractérise par la persévérance, et selon sa mère il était pareil en-dehors de la piste. « Luis était le même en tant que pilote et en tant que personne. Il était très persévérant, très perfectionniste en tout. On se respectait beaucoup, on avait une bonne relation », a expliqué María. « Peu de mères accompagnent leurs enfants en Championnat du monde, c’est toujours la figure paternelle. J’attirais peut-être l’attention à cause de ça. Luis s’en vantait, il était très charismatique. Ça le rendait très proche [des gens] et humain. Je pense que je m’entendais bien avec tout le monde, mais grâce à lui. Peu importe où il allait, il avait un sourire pour tout le monde. »

L’une des caractéristiques de Luis Salom, physique cette fois, était ses nombreux tatouages. « Il s’était fait faire son premier tatouage à 14 ans, et il s’agissait de son nom, « Luis Salom » », se souvient sa mère. « C’était vraiment lourd. J’avais réfléchi et je m’étais dit « c’est son corps et on ne vit qu’une fois ». Pour plaisanter, comme c’était lourd, je lui disais qu’au moins si on le perdait on le retrouverait avec son nom tatoué sur le bras. C’était le premier, et ensuite il a continué, jusqu’à 15 tatouages avec beaucoup de symboles religieux. Je lui disais qu’il avait plus d’images qu’une église. »

María Horrach et sa famille ont tout donné pour le motocyclisme, un sport qui leur a pris celui qu’ils aimaient le plus. Elle ne se voit donc pas conseiller les familles qui débutent dans ce milieu : « Je n’apprécie pas trop donner des conseils. Je crois que chaque cas est particulier. Une famille qui est prête à s’endetter, c’est respectable. Il y a des parents qui payent très cher des études et finalement ça ne marche pas. Ce sont des paris. Dans notre cas, les conséquences ont été tragiques, je me vois donc incapable de conseiller qui que ce soit. Nos résultats ont toujours été bons, nous avons connu des années merveilleuses avec des triomphes, des victoires, c’était une énergie folle qui s’est terminée en tragédie. Je ne peux pas conseiller une mère, mais je ne peux pas non plus provoquer de la désillusion parce qu’une tragédie m’est arrivée à moi, ça ne serait pas juste. »

Dans les bons moments partagés par la mère et son fils, Indianapolis 2012 reste peut-être l’un des plus spéciaux, un moment qui illustre encore plus que les autres le visage souriant que Luis Salom affichait toujours : « Nous remémorer la carrière de Luis nous emplit d’émotion. Je me souviens de ce jour-là avec une grande affection. Il était tellement heureux. Son manager, Marco, pleurait comme une Madeleine. C’est une émotion tellement intense de voir l’émotion de ton fils, de voir à quel point il se sent fort. Qu’il fasse un podium ne me changeait pas la vie, mais ça m’apportait une émotion immense. Nous n’en vivions pas mais nous en profitions. C’est vraiment sa victoire la plus marquante. »

Son sourire était présent, même dans les moments moins joyeux, comme lorsqu’il a rejoint l’équipe de Sito Pons en Moto2. « Il y a des gens merveilleux dans l’équipe de Sito, mais il y avait une ambiance très bizarre », a déclaré sa mère. C’est pourquoi en 2016 Luis avait décidé de changer pour le team Stop and Go d’Edu Perales. « Quand il a quitté Pons pour l’équipe d’Edu Perales, ça s’est vu que les gens fonctionnent mieux avec de l’affection. Il a décroché une seconde place. C’est le dernier câlin qu’on s’est donné avant un podium, au milieu de la pitlane. J’ai la photo. »

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