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Johann Zarco

Samedi 11 décembre 2021, 13 heures. Dans sa combinaison aux couleurs Pramac Racing, Johann Zarco enlève son casque Shark Race R-Pro GP, retire ses bouchons d’oreille et s’empare d’une bouteille d’eau pour en boire de longues gorgées avant même de dire un mot. Le pilote français, la mèche rebelle et en sueur, a visiblement tout donné…

Nous ne sommes ni à Jerez, ni à Valence, ni même au Mans ou à Alès, mais dans la structure indoor du Circuit Jura Sud, au milieu de la neige de Moirans en Montagne.

Depuis la veille à huit heures du matin, le double champion du monde Moto2 assure son rôle de parrain des Collectifs espoirs, encadrés par Alexis Masbou pour le collectif OGP et Jean-Dominique Brechon pour le collectif Mini OGP, en présence de la Directrice Technique Nationale de la FFM Caroline Castillo.

Mais pour le pilote MotoGP, le rôle de parrain ne se cantonne pas à faire une apparition furtive pour regarder les espoirs avant de signer quelques autographes et de faire des selfies. Non, pour Johann Zarco, cela signifie faire le maximum dans l’intervalle de temps imparti pour faire progresser les jeunes pilotes, en corrigeant leurs principaux défauts et en montrant l’exemple à suivre. C’est à dire, se donner à 100%. De 8 heures à 19 heures !

Nous côtoyons épisodiquement Johann Zarco sur les circuits depuis ses débuts en 125cc mais, honnêtement, nous ne l’avions jamais vu comme ça.

Bien sûr, il se donne aussi à 100% sur les circuits du Mondial, mais les deux séances y durent 45 minutes. Là, du fait que les enfants étaient divisés en deux groupes, il s’est astreint à rouler dans chaque séance de chaque groupe, aussi bien derrière pour observer chaque espoir, que devant pour montrer l’exemple, tout en prenant à chaque fois quelques minutes pour faire un débriefing personnalisé avec les pilotes de l’autre groupe. Et les deux jours se sont déroulés de la même façon, en enchaînant roulages et débriefings sans une minute d’interruption, profitant même de la pause déjeuner des pilotes pour tout simplement essayer une à une la totalité des motos pour s’assurer qu’elles fonctionnaient bien et de façon semblable. Vraiment très, très impressionnant ! Chapeau Monsieur Zarco !

Un tel engagement trouve sa source dans une première expérience avec son école ZF Grand Prix, mais aussi dans une conviction profondément ancrée en lui qu’il explique ainsi:

« Ça me fait mal au cœur de voir qu’on peut manquer de jeunes pour l’avenir ! Parce que d’une part on peut manquer de moyens, mais aussi on n’arrive pas à trouver une vraie méthode de travail pour faire évoluer les gamins. Et je suis là pour ça, pour mettre ce petit coup de boost, pour montrer l’exemple aux gamins ainsi que pour soutenir les préparateurs qui sont en charge des gamins et les épauler. A un moment, si un gamin stagne, le préparateur pourra toujours lui rappeler « souviens-toi ce qu’a fait et ce qu’a dit Johann ! ». C’est un peu aller dans cette direction là, puis tenir sur quelques années cette sorte de méthode qui, je pense, permettra de créer un vivier de bons pilotes. Les bons pilotes, on les aura par le nombre, donc il faut trouver des solutions techniques simples pour que ce soit accessible à plus de personnes. Là, on a l’exemple parfait : des motos qui ne coûtent pas cher et une piste abordable, et on voit qu’il y a beaucoup de choses à bosser. Et pour voir qu’il y a beaucoup de choses à bosser, il fallait que je vienne, sinon les pilotes se seraient donnés une référence, mais une fausse référence. »

Et quand on souligne son engagement total sur l’opération, Johann Zarco répond simplement  : « oui, car ça c’est moi ! A y être, si je peux le faire et si je vois des choses, je ne peux pas les garder pour moi, donc j’essaie de bien faire et de le faire à fond. C’est surtout parce que j’ai la sensation de voir des choses, et je pense ne pas être dans le faux, grâce à mon expérience. »

Immédiatement plus fluide et plus rapide malgré son handicap de poids, JZ5 s’est donc retroussé les manches sur sa 90cc et a partagé son temps et sa pédagogie en trois axes différents : suivis individuels des pilotes sur la piste pour remplir de notes son cahier, indications individuelles des gestes à faire et des bonnes trajectoires afin de progresser, puis débriefings collectifs avec conseils personnalisés. Un vrai « service VIP » qui valait réellement de l’or, et dont les enfants ont essayé de bénéficier avec la plus grande attention.

Clairement, le message global était que même en ce qui concerne ces jeunes pilotes, tous dotés d’une certaine expérience, il y a vraiment matière à progresser en utilisant de telles structures très abordables.

« La piste indoor, quelles que soient les conditions, ça permet de pouvoir rouler. Il n’y a pas besoin d’une vingtaine de virages : quelques virages très techniques, ça suffit. Je pense qu’il faudrait davantage de pistes indoors en France pour donner l’opportunité aux jeunes de rouler. Il y a parfois des adultes qui roulent et qui vont très vite, et sans qu’il y ait de pilotes de Grand Prix, ça peut tirer les gamins vers le haut, simplement parce qu’ils copient. »

Comme pour tout professeur qui s’investit dans son travail, les satisfactions ont également été au rendez-vous…

« Ce qui est agréable, c’est que comme ils ont quand même tous une certaine expérience et un certain niveau, ont voit qu’ils arrivent à écouter, à appliquer plus facilement et à changer certaines choses. Après, à cause de mon enthousiasme, je vais dire tellement de choses que c’est trop ! Mais je me permets de dire beaucoup de choses, et qu’ils prennent ce qu’ils peuvent prendre. Clairement, j’en dis beaucoup trop pour le niveau auquel ils sont, mais j’ai besoin de dire, dire, dire, également pour que les formateurs de la fédération le gardent en tête et aient la possibilité de s’en servir pour le réutiliser à un moment donné. Sur deux jours, c’est un stage très intensif au niveau du débit de paroles, mais il faudrait répéter ça quasi toutes les semaines. »

L’exemple a été donné, les conseils aussi. Il ne reste plus qu’à…

« J’insiste là-dessus, parce que pour moi les étrangers sont bons car sans s’en rendre vraiment compte, ils copient ce qu’ils voient, et ils ont la chance de ne voir que des bons. Que ce soit en Italie avec la VR46 qui est toutes les semaines pas seulement sur des motos tout-terrains mais aussi sur des petits circuits avec des petites motos. Donc un gamin qui ne fait pas partie de la VR46 et qui voit ça, il copie ! Et en Espagne, c’est pareil : il y a des gamins qui ne font pas partie d’un groupe et qui ont peu de moyens, mais quand ils sont une piste et que d’un seul coup il y a trois pilotes qui viennent d’Andorre, trois pilotes de Grand Prix, qui s’entraînent, ils ont tout de suite un exemple extrême, un peu comme moi j’ai montré l’exemple aujourd’hui. Mais ça, ils l’ont quasi chaque semaine ! Je me suis rendu compte de ça, et c’est pour ça que j’insiste : si j’étais juste là pour rouler et ne pas dire de commentaires, les gamins se diraient presque « il le fait parce que c’est Zarco ». Il y en a un qui me l’a dit aujourd’hui. Oui et non, si vous voulez être bon à un moment donné, il faudra faire du Zarco, il faudra faire ce que je fais. Donc j’étais là pour dire « ce n’est pas parce que je m’appelle Zarco que je fais ça, c’est parce que j’ai envie. »

Et toujours question plaisir, le pilote français s’est également accordé quelques minutes, seul en piste pendant le déjeuner, pour aller taquiner la limite…

Johann Zarco a déclaré qu’il reviendrait s’il le pouvait et qu’il aurait également un œil lors des week-ends de Grand Prix sur Amaury Mizera, présent à ce stage et qui participera l’année prochaine à la Red Bull MotoGP Rookies Cup, sans d’ailleurs lui faire spécialement de cadeaux, vu le niveau auquel il s’attaque.

Au final, une bien belle et très enrichissante expérience qui vient parfaitement compléter le précieux travail effectué régulièrement par les formateurs de la FFM.

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