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La première saison du monde d’après est à mi-parcours et bien malin celui qui saura désigner le pilote qui sera sacré Champion du Monde à la fin de l’année. Chaque course semble une aventure différente, le spectacle, les rebondissements et l’indécision sont de mise, repoussant sans cesse à l’épisode suivant les éléments de compréhension du dénouement final. Dit comme ça, c’est enthousiasmant. Mais c’est aussi déstabilisant et donc aussi inquiétant. Car il manque une pièce maîtresse dans le peton autour de qui on se rend compte que tout tournait. A tort ou à raison.

La question sulfureuse a été posée dès le deuxième Grand Prix de ce millésime 2020 par un Alberto Puig qui se résignait à devoir se passer de son phénomène Marc Marquez : le titre acquis sans lui par un autre aura-t-il autant de valeur que ceux empilés depuis 2013 dans le box Repsol Honda frappé du 93 ? A l’époque, la majorité avait critiqué l’Espagnol pour cette approche partisane. Depuis, les couses se sont succédé à vitesse grand V. Et il faut bien constater qu’il n’y a plus de taulier.

Ce championnat est imprévisible et le peloton du MotoGP est un précipité instable. Nous avons six vainqueurs différents en sept courses, dont plusieurs pour la première fois de leur carrière, certains avec des motos satellites, alors qu’aucune Honda n’est encore montée sur un podium. Quartararo (deux triomphes à Jerez), Binder (vainqueur à Brno), Dovizioso (Autriche 1), Oliveira (Autriche 2), Morbidelli (Misano 1) et Maverick Vinales (Misano 2) composent la liste des six vainqueurs connus jusqu’à présent.

A ce rythme, on peut penser que le record de 2016 peut être atteint, et il est de 9 gagnants. Lors de cette saison, nous avions vu Márquez (Argentine, Texas, Allemagne, Aragon et Japon) gagner des courses, Lorenzo (Qatar, France, Italie et Valence), Rossi (Jerez et Catalogne), Miller (Hollande), Iannone (Autriche), Crutchlow (République Tchèque), Vinales (Angleterre), Pedrosa (Saint-Marin) et Dovizioso (Malaisie) concrétiser.

Dans les sept premières épreuves de 2016, seuls trois pilotes avaient remporté des courses (Márquez, Lorenzo et Rossi), puis le changement de vainqueurs a commencé, incité par l’apparition de la pluie, comme dans les cas de Miller et Cruthlow. En 2020, pour atteindre ce chiffre de neuf vainqueurs différents, il ne reste que sept courses, mais on peut parfaitement penser qu’il y a encore des pilotes qui peuvent gagner cette année : Bagnaia, Mir, Pol, Rossi, Rins… Ou Márquez lui-même, s’il revient avant la fin du championnat parfaitement remis de sa fracture de l’humérus ?

Du jamais vu depuis 1985, mais la victoire valait 15 points

Quoi qu’il en soit, cette valse des vainqueurs nous amène à découvrir le championnat le plus ouvert de l’histoire. Les quatre premiers ne sont séparés que par quatre points. Dovizioso mène avec un avantage d’une unité sur Quartararo et Vinales, qui sont à égalité, et quatre sur Mir. Et la liste des candidats pourrait être étendue à bien d’autres, car les dix premiers ne sont qu’en 27 points.

Tout est si étrange que cela ne pourrait s’expliquer que par l’absence inattendue du grand dominateur, Marc Márquez, dont le vide n’a été comblé ni mentalement ni sportivement par personne. Il semble même qu’ils l’attendent pour voir s’il peut réapparaître et revenir dans la seconde moitié du championnat, dans les 7 rendez-vous restants.

Et cela se reflète dans un classement bizarre, où Andrea Dovizioso, 7e et 8e des deux dernières nominations à Misano, mène le championnat avec 84 points après les sept premières courses, ce qui n’avait pas été vu depuis 1985 (Freddie Spencer 81 points), quand les victoires valaient encore 15 points. Alors qu’elles en valaient déjà 20, jusqu’en 1992, il n’y avait pas non plus eu d’avance aussi faible, et depuis 1993, avec 25 points par réalisation, c’est de l’inédit.

A ce stade de la campagne, un ou plusieurs pilotes dépassaient confortablement les 100 points.  Dovizioso avec 84 points n’aurait jamais été un leader avec ce score, depuis son arrivée au MotoGP en 2008. Pas même deuxième, et seulement troisième une fois, en 2018. La chose normale a été au cours de ces 12 dernières années d’être autour de la quatrième place avec ce capital que Dovi lui-même a amélioré quatre fois : 91 en 2010, 99 en 2011, 104 en 2017 et 103 en 2019.

Et pourtant, c’est avec l’un de ses bilans les plus médiocres et juste au moment où il a annoncé qu’il quittait Ducati à la fin de l’année, qu’il est en position pour remporter le titre. « C’est amusant d’être le leader en allant lentement », confie Andrea, qui ne profite ni de ses nouveaux pneus comme Bagnaia, ni du freinage ni du changement de comportement dans les virages. « Nous continuons à mener le championnat, mais c’est le seul aspect positif » précise-t-il. La suite au prochain numéro, et ce sera pour dès ce week-end en Catalogne…

MotoGP : classement championnat après Misano 2 (7/14)

 

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