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C’est une pomme de discorde, un nœud gordien à trancher, une zone grise à éclairer que les rouges de Ducati ont placé sous une lumière blanche. Jusque-là, l’aérodynamique sur une moto n’était pas un sujet passionnant ni passionné. Mais tout a changé au point qu’en début de saison, quatre constructeurs se sont opposés jusqu’au tribunal à un de leur homologue au sujet d’un déflecteur sur le bras oscillant. Les officiels se sont donc penchés sur la question. Le responsable Cecchinelli a livré sa copie. En voici les détails…

Il avait été dit il y a quelques mois qu’un nouveau cadre concernant le sujet de l’aérodynamique en MotoGP avait été établi et adoubé par les constructeurs. Une nouvelle intéressante sur l’ambiance, mais incomplète sur le fond. Et pour cause, aucun détail n’avait été donné sur le fond. Les voici, venu du site crash.net qui a mis sur le grill l’homme de la technique en Grand Prix, Corrado Cecchinelli.

Voici ce qu’il nous dit, à commencer par le fameux déflecteur qui a fait souffler le vent de la discorde : « il sera toujours légal, mais il deviendra désormais une pièce homologuée » a expliqué Cecchinelli. « Comme vous le savez, nous avons divisé l’extérieur de la moto en plusieurs zones que nous appelons Aero Body. Vous n’êtes autorisé à effectuer qu’une mise à jour de la conception de chaque zone Aero Body pendant la saison. À l’heure actuelle, il existe deux zones Aero Body : le carénage et le garde-boue. À partir de l’année prochaine, une autre zone Aero Body recouvrira le bras oscillant. »

La conséquence de cette extension est la suivante : « si vous modifiez la conception du déflecteur, y compris si vous le supprimez simplement complètement, cela comptera comme votre mise à jour pour la saison dans cette région. » Pour éviter une répétition de la saga des bras oscillants, les mêmes restrictions concernant les corps aérodynamiques s’appliqueront également à toute autre partie de la moto considérée comme ayant un « effet aérodynamique ». »

Une notion sensible. Les rivaux de Ducati ont protesté contre le « déflecteur » au motif qu’il s’agissait « principalement d’un dispositif aérodynamique« . L’usine italienne a riposté en présentant des éléments de preuve indiquant que l’objectif principal de l’appareil était de refroidir le pneu arrière, la force d’appui étant décrite comme un effet « secondaire ». De fait, en 2020, une définition convenue sera désormais incluse dans le règlement. « Il y aura une formulation très compliquée et, à certains égards, toujours subjective pour définir  » l’effet aérodynamique ». Mais ce sera beaucoup plus clair que maintenant » a déclaré Cecchinelli.

« En gros, chaque composant ou partie de composant dont la conception n’est pas nécessaire à sa fonction de base sera automatiquement considéré comme faisant partie du corps aérodynamique. Cela signifie que si vous avez une forme normale de bras oscillant, cela ne sera pas considéré comme faisant partie de l’Aero Body, car cette forme est uniquement destinée à une fonction mécanique. Mais si vous sculptiez la surface du bras oscillant en utilisant une conception monocoque pour inclure le « déflecteur » en une seule pièce, l’ensemble du bras oscillant deviendrait alors une partie intégrante de l’Aero Body. Dans ce cas, vous ne pourrez alors changer le design du bras oscillant qu’une seule fois pendant la saison. »

Cecchinelli est aussi entré dans les détails des dimensions, angles et rayons. Pour ce qui est de la conception principale du carénage et des fixations d’aile associées, Cecchinelli a déclaré « qu’en 2020, « d’autres contraintes dimensionnelles » seraient ajoutées, notamment « les rayons, les angles et les mesures » pour constituer un  socle pour l’avenir. »

Cependant, il avertit : « il y aura une zone grise beaucoup plus petite, mais il y aura toujours une zone grise . » Tous les carénages actuellement vus sur la piste seraient toujours légaux la saison prochaine, pour éviter de pénaliser injustement quiconque. Personne n’a à changer ses conceptions actuelles. À tous égards, nous avons vérifié les conceptions de carénage existantes et défini de nouvelles limites plus précises en utilisant ce qui existe actuellement, afin que personne ne doive revenir en arrière. »

Cecchinelli décrit les étapes franchies pour les règles de 2020 comme un bon travail, mais il sait que de nouveaux problèmes aérodynamiques vont éventuellement se poser. « Honnêtement, il n’a pas été difficile de trouver une bonne solution car les fabricants étaient tous très collaboratifs. Mais les constructeurs ont beaucoup plus de monde que nous et leur travail consiste à aller aux extrêmes. Rappelez-vous, la Formule 1 a une expérience de plusieurs décennies plus que nous en matière de règles aérodynamiques et elle a toujours des problèmes. Quelqu’un est plus intelligent et l’organisateur doit rattraper son retard. Cela fait partie du jeu

« Il faut toujours mettre des correctifs, comme pour ajouter une mise à jour logicielle pour votre téléphone mobile afin de faire face à une situation en pleine mutation. Les règles devront donc être changées un jour, mais j’espère le plus tard possible. » Cecchinelli a en effet confirmé qu’aucune nouvelle règle technique significative n’était en préparation pour le prochain contrat de cinq ans entre les constructeurs et Dorna, qui débutera en 2022.

« Il existe un accord pour viser une stabilité des règles techniques pendant la durée du contrat actuel, qui expire en 2021 » a-t-il déclaré. « Mais nous avons également l’intention de ne rien changer d’important au début du prochain mandat, à partir de 2022. Nous n’attendons pas seulement que le contrat actuel expire avant d’introduire quelque chose d’important pour 2022. Le plan est toujours cohérent. » Un plan qui s’applique aussi dans les catégories Moto2 et Moto3 dont la stabilité technique est tout autant une priorité. A ce sujet, Cecchinelli termine : « nous n’avons pas l’intention, dans aucune des catégories, de faire d’importantes évolutions logicielles. Nous changeons constamment de petits morceaux, mais rien d’important. Cela signifie également que le calculateur Moto2 sera identique l’année prochaine, donc pas de contrôle de traction. »

 

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