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« Mission control ». Retenez bien ce concept. Il pourrait en effet être la suite du débat ouvert par Lin Jarvis, le plus haut représentant de Yamaha dans les stands du MotoGP, au sujet d’une saison 2020 essentiellement européenne. Par ce fait, les ingénieurs japonais devraient connaître les pires difficultés pour rejoindre leur équipe sur des sites au protocole sanitaire stricte pour ce qui est du passage des frontières. Sans parler d’en repartir pour s’en retourner chez eux… Jarvis craint donc un championnat favorisant les marques européennes, qui auront leurs effectifs au grand complet. Cependant, il y a le palliatif du « mission control », une méthode de travail bien connue de la Formule 1. De quoi s’agit-il ? Voici la réponse…    

Un paddock aux effectifs triés sur le volet et sous l’impératif de la fonctionnalité de l’équipe, des tribunes vides, un protocole sanitaire digne du plus élaboré des règlements intérieurs, ce n’est rien de dire que l’ambiance de cette saison 2020 sera bien différente des précédentes. Cependant, ces nouvelles contraintes enfantent de nouveaux process, et il en est un qui pourrait faire florès : le « mission control ».

Il est déjà dans les mœurs en Formule 1, où les effectifs d’un team sont dignes d’un régiment. Tout le monde ne peut donc voyager vers le circuit. D’où ces cellules stratégiques à l’usine même, où des ingénieurs d’astreinte décortiquent à distance toutes les données. Cette armée d’ingénieurs est en dialogue constant avec l’équipe sur le circuit, en transmettant des données depuis la piste et en effectuant des simulations informatiques pour suggérer des changements de réglages et le choix des pneus pour la séance suivante.

En MotoGP, le « Mission control » n’est pas apparu jusque-là comme une nécessité. Mais cette année, en raison de la crise sanitaire, il sera autorisé un maximum de 45 personnes par équipe d’usine lors des courses à huis clos, avec 25 personnes pour chaque équipe satellite. Une équipe d’usine MotoGP de haut niveau amène normalement entre 50 et 60 personnes à chaque épreuve. Mais en l’absence de sponsors, d’invités, de médias écrits ou de fans pour les courses sans public, la plupart de ceux qui resteront chez eux en raison de la limite inférieure seront du côté non technique.

Certes, mais Lin Jarvis a signalé que voyager vers les circuits européens sera une mission délicate pour les ingénieurs japonais… Dont la plupart pourrait ainsi rester dans leur pays, à l’usine Yamaha, Suzuki ou Honda, en suivant la procédure du « Mission control ». Comme du télétravail, mais à l’échelle planétaire…

La méthode est donc étudiée et si elle fonctionne, elle pourrait même être généralisée à l’avenir, pandémie ou non. Une révolution culturelle qui rapprocherait le MotoGP de la Formule 1, et c’est que craint Pit Beirer au nom de KTM : « pour que le sport reste sain à l’avenir, nous ne devrions pas aller dans la direction de la Formule 1 et avoir 60, 70, 80 ou plus d’ingénieurs assis à l’usine pour fournir des données à la piste de course » a déclaré Beirer sur crash.net.

Une nécessité ou une dérive ?

« Bien sûr, ce serait utile, mais je pense qu’il n’est absolument pas nécessaire de le faire. Nous voulons faire courir une moto sur la piste, nous voulons que le public soit satisfait de ce spectacle. Pourquoi le public regarde-t-il le MotoGP ? Pour voir nos incroyables pilotes sur ces fusées. Et ils veulent savoir qui est le meilleur pilote sur cette machine. Je pense que les gens ne viendront jamais sur le circuit ou n’allumeront pas la télévision pour savoir qui sont les 100 ingénieurs les plus intelligents du week-end de course, assis dans le bureau de l’usine ».

« Je pleurerais vraiment pour chaque euro que je devrais dépenser pour aller dans ce genre de direction. Je veux vraiment garder l’esprit de la course exactement comme il est et quand je dis que la course nous manque, nous la manquons sur la piste et non dans un bureau. Nous voulons être tous ensemble à nouveau sur la piste de course et si on n’a pas le droit d’amener tout le monde sur la piste, ceux qui ne sont pas autorisés à y aller pleureront, mais les autres feront un spectacle ! ».

Certes, mais si la saison avait dû se dérouler essentiellement en Asie, avec des ingénieurs européens bloqués aux frontières, comment Ducati, KTM et Aprilia auraient réagi ? Par le « Mission control », à n’en point douter. Reste à savoir si les constructeurs y prendront goût ou non, en évaluant le coût d’un déplacement et l’investissement d’un travail à distance par des personnels déjà à l’usine…

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