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À l’heure où le paddock bruisse par téléphone interposé du retour de Jorge Lorenzo en tant que pilote d’essai d’un constructeur alignant en MotoGP des 4 cylindres en ligne (…), nous choisissons pour le moment de revenir sur le très émouvant discours du pilote de Majorque prononcé lors du dernier Grand Prix à Valencia.

La sincérité de Jorge Lorenzo ne faisait aucun doute et l’émotion était très présente dans la salle de presse bondée, tout comme à certains moments dans les yeux embués du pilote lui-même et de bon nombre de personnes lui faisant face…


Introduction

Bonjour à tous, et merci beaucoup à toutes les personnes qui ont accepté mon invitation et sont présentes à cette conférence de presse. Cela signifie vraiment beaucoup pour moi et me rend heureux. J’ai toujours pensé qu’il y avait quatre jours significatives dans la carrière d’un pilote : votre première course, votre première victoire, votre premier championnat, puis le jour où vous vous retirez. Et bien, comme vous pouvez l’imaginer, je suis ici pour vous dire que ce jour est arrivé pour moi. Je veux annoncer que ce sera ma dernière course en MotoGP. Je me retire de la compétition professionnelle.

J’avais trois ans…

J’avais trois ans quand tout a commencé. Presque 30 années complètement dédiées à mon sport. Ceux qui ont travaillé avec moi savent à quel point je suis perfectionniste, quel dur travail et quelle intensité j’ai mis dans mon sport. Être tellement perfectionniste requièrt une grande dose de motivation, et c’est pourquoi après neuf années inoubliables avec Yamaha (sans aucun doute les plus glorieuses de ma carrière) j’ai ressenti le besoin de changer si je voulais conserver cette grande implication dans mon sport. Passer chez Ducati m’a donné cet allant dont j’avais besoin, et même si les résultats ont été mauvais, je me suis servi de cette motivation supplémentaire comme carburant pour ne pas renoncer, et finalement gagner cette course particulière au Mugello, devant tous les fans de Ducati. Puis, quand j’ai signé chez Honda, j’ai connu un allant similaire, réalisant l’un des rêves de chaque pilote : devenir pilote officiel HRC.

Blessures…

Malheureusement, les blessures sont arrivées tôt pour jouer un rôle important durant ma saison, me rendant incapable de piloter avec des conditions physiques normales. Ceci, plus une moto que je n’ai jamais sentie naturelle, ont rendu mes courses très difficiles. Quoi qu’il en soit, je n’ai jamais perdu patience et j’ai continué à me battre, en pensant qu’il s’agissait seulement d’une question de temps pour que les choses se mettent en place. Mais, alors que je commençais à apercevoir un peu de lumière, j’ai subi cette vilaine chute lors du test à Montmeló puis, quelques semaines plus tard, une autre, horrible, à Assen. Cette fois, je dois admettre que, quand je me suis arrêté de rouler dans le gravier, la première pensée qui m’a traversé l’esprit a été : « mais que diable fait-je ici ? Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? J’en ai terminé avec ça ! » Quelques jours plus tard, après avoir beaucoup réfléchi sur ma vie et ma carrière, j’ai décidé de retenter le coup. Je voulais être sûr que je ne prenais pas une décision hâtive.

La vérité est…

La vérité est venue de cette chute. La montagne était devenue trop haute pour moi, et même si j’ai essayé, je ne pouvais pas trouver la motivation et la patience pour être en mesure de continuer à l’escalader. Vous savez, j’adore ce sport, j’adore piloter, mais par-dessus tout, j’adore gagner. J’ai compris que si je n’étais pas capable de me battre pour quelque chose de grand, de me battre pour le titre ou au minimum de me battre pour des victoires, je ne pouvais pas trouver la motivation pour continuer en particulier à ce moment de ma carrière. J’ai réalisé qu’atteindre mon objectif avec Honda, au moins à court terme, n’était pas réaliste. Je dois dire que je suis vraiment désolé pour Honda, en particulier pour Alberto, qui a vraiment été celui qui m’a fait confiance et m’a procuré cette opportunité. Je me souviens de ce jour où nous nous sommes rencontrés à Montmeló et où je lui ai dit : « ne fait pas une erreur en signant le mauvais pilote, Alberto, fais-moi confiance et tu ne le regretteras pas. » Très tristement, je dois dire que je l’ai déçu, tout comme je l’ai fait avec Takeo, Kuwata, Nomura San et toute mon équipe, dont je dois dire qu’ils m’ont toujours traité d’une façon exceptionnelle. Néanmoins, je sens vraiment qu’il s’agit de la meilleure décision pour moi et pour le team : Jorge Lorenzo et Honda ne peuvent pas être ici simplement pour marquer quelques points !

Retour sur ma très belle carrière

Pour revenir sur ma splendide et victorieuse carrière, j’ai toujours dit que j’étais un garçon très chanceux. Parfois, je ressens un peu comme dans le film « One in a Billion », le documentaire qui explique la vie du seul Indien qui n’ait jamais joué en NBA. Durant ma carrière, j’ai concouru contre des dizaines et des dizaines de pilotes exceptionnels de ma génération, certains d’entre eux étant même parfois plus talentueux que moi. Personne d’entre eux n’a eu autant de succès que moi, et en particulier la plupart d’entre eux ne sont même pas arrivés en championnat du monde, devant se rabattre sur des métiers normaux. C’est pourquoi je me sens tellement chanceux d’avoir pu réaliser bien plus que ce que je n’aurai jamais pu imaginer pouvoir réaliser quand j’ai débuté. Et oui, c’est vrai, j’ai toujours travaillé très dur, mais si je n’avais pas été à la bonne place au bon moment, et en particulier sans l’aide des nombreuses personnes qui ont travaillé avec moi durant ma carrière, il aurait été impossible pour moi de réaliser ce que j’ai réalisé.

Je voudrais remercier…

C’est pourquoi je voudrais sincèrement remercier toutes ces personnes. En particulier Carmelo et Dorna, pour leur traitement et pour avoir rendu le MotoGP si exceptionnel. Derbi, Aprilia, Yamaha, Ducati, Honda, en particulier Giampiero Sacchi, Gigi Dall’Igna, Lin Jarvis et Alberto Puig. Évidemment, ma mère pour m’avoir mis au monde, et mon père pour tous ses sacrifices et m’avoir transmit la passion de ce sport. Mes fans et mon fan-club pour leur amour inconditionnel durant toutes ces années. Merci à toutes les personnes qui ont travaillé avec moi comme une équipe personnelle, avec une mention spéciale à Albert Valera pour avoir toujours été honnête et loyal.
Voilà. De tout mon cœur, je vous souhaite vraiment le meilleur, professionnellement et personnellement.
Merci pour tout.

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